Blue Heaven Vol.3 - Actualité manga
Blue Heaven Vol.3 - Manga

Blue Heaven Vol.3

Rédaction

Critique du volume manga

Publiée le Jeudi, 02 Février 2023

En proie à la panique, les passagers encore vivants du Blue Heaven cèdent petit à petit à leurs instincts primaires afin de s'échapper au plus vite du bateau en mettant la main sur les différents canots de sauvetage. Et pour cause: dans les tréfonds du gigantesque paquebot de luxe, le parfum de mort et de violence est omniprésent depuis que Li Chen Long et Garuf Junau se sont déclaré la guerre. Les dommages collatéraux seront forcément encore de la partie, jusqu'à ce le terroriste asiatique et le riche héritier allemand règlent définitivement leurs comptes. Blessée et impuissante, la douce Yoshiko a-t-elle la moindre de chance de s'en sortir, prise au milieu du duel entre les deux monstres ?

"Notre pauvre Terre ! Il suffit d'un forcené pour qu'elle s'écroule comme un château de cartes !"

Il ne faut qu'une moitié de ce dernier tome, à savoir même pas 100 pages, pour que Tsutomu Takahashi achève l'intrigue sombre, malsaine et violente de Blue Heaven, via un final qui se consacre quasiment entièrement au duel entre Li et Junau, avec une Yoshiko aux premières loges, sans certitude de s'en sortir vivante. Forcément, cette brièveté pour conclure l'histoire n'est pas sans amener quelques légères déceptions: tout va bien vite jusque dans le tout dernier chapitre lui-même assez abrupt dans son épilogue, et on aurait éventuellement aimé suivre un petit peu plus les conséquences de la psychose collective s'étant emparée des passagers dans leur lutte pour s'échapper du paquebot.

Et pourtant, même s'il manque certains approfondissements dans les à-côté de cette histoire, l'essentiel est bel et bien assuré jusqu'au bout par le mangaka. Tout d'abord parce que, même si elle est rapide, nus avons bel et bien une fin qui est, en soi, satisfaisante. Ensuite, parce que le mangaka livre des prouesses visuelles jusqu'au bout, son trait charbonneux et ses designs acérés ayant un don pour toujours accompagné le noirceur, surtout dans certaines doubles-pages et pour faire ressortir le cadre intérieur cloisonné du Blue Heaven ainsi que 'isolement du bateau au milieu de l'océan. Enfin, parce que les métaphores de la guerre, déjà observées précédemment, sont encore plus criantes en étant clairement déclamées par le mangaka à la fin: le Blue Heaven et ses passagers s'apparentent à notre planète où tout le monde doit vivre ensemble, Li et Junau représentent chacun un exemple de la violence/folie humaine (le terrorisme pour Li, et le nazisme pour Junau, d'autant plus quand ce dernier se met à parler d'être inférieurs et de race supérieure), et Yoshiko, prise entre ces deux fous, symbolise la bonne voie à prendre, en ayant conscience de la valeur de la vie. Takahashi n'est peut-être pas spécialement subtil en martelant un eu grossièrement ce schéma et en insistant à la fin sur une symbolique qui se comprenait pourtant facilement sans avoir besoin de trop en dire, néanmoins cela reste honnêtement mené.

"Ce bateau est à l'image de la Terre. Quoi qu'il advienne, nous sommes tous bloqués sur cette planète... Même si un malade décide de lancer dessus une bombe atomique."

La deuxième moitié du tome, elle, se consacre à deux histoires courtes liées: "69/Route 69", mettant en scène un duo à la Bonnie & Clyde. On devine que ces récits sont plutôt des oeuvres de jeunesse du mangaka au vu des visuels un peu moins puissants, et on suit le tout sans déplaisir même si le fond est anecdotique. Il est toutefois intéressant de voir à quel point le nombre 69 a une importance dans l'existence du mangaka puisque, en plus de ces deux histoires, son site et son compte twitter officiels se nomment tus deux "tao69", sans doute en référence au taijitu, symbole taoïste du yin et du yang qui exprime l’harmonie et l’équilibre rendus possibles par l’union des contraires.


Critique 1 : L'avis du chroniqueur
Koiwai
15 20
Note de la rédaction