Blue Flag Vol.8 - Manga

Blue Flag Vol.8 : Critiques

Ao no Flag

Critique du volume manga

Publiée le Jeudi, 06 Janvier 2022

Chronique 2 :

Les rumeurs sur Tôma étaient devenues si fortes que l'adolescent a préféré, de lui-même, mettre les points sur les i, en avouant son amour à son ami de toujours, Taichi. Dans la foulée, la rixe de Tôma avec son ami Kensuke, incapable de comprendre qu'un garçon puisse en aimer un autre, a provoqué l'expulsion temporaire des principaux concernés, le tout sous les yeux d'une Mami se sentant coupable. Sur ces bouleversements successifs, Taichi, déboussolé, a décidé de simuler une grippe pour s'absenter quelques jours du lycée, laissant alors une Futaba meurtrie. Mais les adolescent(e)s ne pourront pas fuit bien longtemps la situation: il faudra forcément se confronter bientôt à la réalité, et le plus tôt sera le mieux...

Tranche de vie et romance adolescente particulièrement pertinente, moderne et touchante depuis ses débuts, Blue Flag a assurément connu un coup de boost supplémentaire depuis l'outing connu par Tôma et sa déclaration à Taichi, si bien que tout semblait converger ensuite vers une dernière ligne droite intense pour la série, ce qui n'a pas manqué dès le tome précédent, où Kaitô s'est appliqué à exposer le ressenti des camarades de Tôma, au fil de discussions et de débats qui se révélaient passionnants et qui, surtout, avaient le mérite de ne juger personne, pas même Mami qui a profondément regretté son erreur, ou encore Kensuke qui, malgré ses aspects les plus obtus, dégageait également une vraie sincérité dans son amitié pour Tôma (qui n'en est donc pas brisée malgré les événements) et démontrait sa propre complexité psychologique. Tout ceci passé, c'est alors, fort logiquement, que ce 8e et dernier tome de l'oeuvre se recentre sur ses trois principaux personnages que sont Taichi, Tôma et Futaba, mais sans pour autant oublier une Masumi qui a, elle aussi, encore des choses à dire.

Ainsi, une nouvelle fois, nos jeunes héros tourmentés vont enchaîner quelques discussions, bien souvent en tête à tête cette fois-ci, mais pas que. Dès le début du volume, les retrouvailles entre Tôma et Futaba donnent lieu à une discussion vive entre ces êtres aimant tou(te)s deux Taichi, et étant en même temps lié(e)s par une réelle amitié et par une certaine admiration sincère. Et cette discussion est vraiment belle, tant les deux personnages déballent ce qu'ils ressentent au fond deux, tout en se respectant et en dégageant surtout tout le bien qu'ils pensent de l'autre. De quoi démarrer au mieux un volume qui aura ensuite bien d'autres moments de discussions forts et justes: les quelques aveux de Masumi à Taichi, les explications de Taichi avec Futaba, la façon dont notre héros finira également par mettre les points sur les i avec Tôma... Et tout ça traduit beaucoup de choses, ne serait-ce que la manière dont ces jeunes, même maladroitement, essaient de faire attention les un(e)s aux autres, entre Mami qui veut encore s'excuser, Kensuke ayant pu faire le point avec son ami, Masumi affirmant de très bonnes choses pour faire remonter la pente à Taichi, Futaba voulant s'éclipser pour laisser Taichi et Tôma se parler calmement...

Mais il y a surtout une idée essentielle qui se dégage encore et toujours, et qui est omniprésente depuis le début de l'oeuvre: l'importance d'oser se parler, d'avoir de vraies discussions pour ne pas ensuite avoir des regrets (comme Masumi en a en n'ayant pas parlé plus tôt à Futaba de certaines choses), pour s'expliquer, pour mieux comprendre l'autre... Dans son assez longue et passionnante postface, Kaito confirme lui-même que son principal leitmotiv fut vraiment de mettre en valeur des adolescents qui font face à leurs doutent et s'affirment à travers de vraies discussions, et que le côté romance n'est à la limité présent que pour porter ça. D'où, sans doute, l'écriture toujours admirable que l'auteur a accordé à ses dialogues.

Et ces discussions, elles affirment autre chose: l'importance d'oser faire face et de faire ses choix en son âme et conscience, sans ce conformer à la vision qu'ont les autres ni se comparer aux autres, pour être fidèle envers soi-même, car personne n'est mieux placer que soi pour avoir ce que l'on veut. Nombre d'éléments transpirent encore cette idée dans ce tome: les réprimandes de certaines filles envers Kensuke alors que lui-même s'est déjà expliqué avec son pote Tôma et que ça ne regarde pas directement ces filles, les rumeurs et les regards posés sur Taichi et Tôma, les comportements bourrés de préjugés que se mettent à avoir certains camarades de classe envers ce dernier... mais si l'on commence à faire attention à tout ça, difficile d'être pleinement soi-même et de vivre librement tel que l'on est, ce qui passe aussi par les orientations amoureuses ici.

Et à ce titre, pour cristalliser encore mieux ces idées, Kaito fait le choix d'une dernière ligne droite ambitieuse. Tout aurait pu s'arrêter un peu avant la fin de l'avant-dernier chapitre, sur quelque chose qui aurait pu être certes assez satisfaisant mais conforme, chose qui n'intéressait pas l'auteur. Le mangaka va plus loin dans le temps, en offrant quelques derniers bouleversements très, très bien sentis et riches de sens (vraiment, tout y fait sens par rapport aux idées de l'auteur), dans un mélange tout simplement très juste tant il fait appel à nombre d'émotions (il y a du bonheur, de la tristesse, de la mélancolie... et surtout aucun jugement sur les personnages, car leurs choix ne regardent qu'eux), le tout dans une mise en scène plus canon que jamais avec sa vue subjective loin d'être un simple effet de style et laissant deviner subtilement la teneur de cette dernière ligne droite. Une conclusion intelligente, ambitieuse, audacieuse, pour une série qui aura été impeccable d'un bout à l'autre.

A l'arrivée, cette chronique n'est sans doute pas assez forte pour retranscrire toute la richesse dont aura fait preuve Blue Flag, plus encore dans ce final. Simplement, Kaito, dans un travail visuel magnifique et au fil de dialogues toujours pertinents, aura su croquer une oeuvre bourrée de sens, où l'on aura suivi avec beaucoup d'attachement et d'émotion ces jeunes à la recherche d'eux-mêmes. Le résultat ? La tranche de vie/romance adolescente la plus aboutie qu'on ait pu lire en manga.


Chronique 1 :

Tôma fait son retour au lycée, et se confronte à Futaba dans un échange durant lequel chacun s'ouvre à l'autre. Dans ce qui s'apparente à une bataille de compliments, les deux adolescents font part de leurs craintes comme de leurs amours respectifs. De son côté, Taichi est en proie au doute. Prétextant une grippe, il reste cloitré chez lui, et ressasse sans cesse les derniers événements, et pensant toujours à Tôma et Futaba. Pourtant, il doit faire son retour au lycée et se confronter lui aussi à la réalité...

Depuis ses débuts, Blue Flag s'est affirmé comme un drame romantique lycéen captivant et saisissant pour les multiples atmosphères dépeintes, ses personnages humains, attachants et ambigus, mais aussi des réflexions toujours pleine de densité et qui n'ont jamais joué sur un absolu. Le septième tome en était la preuve parfaite, grâce à ses échanges riches entres les principales figures de l'intrigue. Ainsi, on pouvait bien se demander quelle forme aurait le tome final, et quelle conclusion il parviendrait à amener. Dès lors, ouvrir le dernier tome de la série de Kaito constituait une expérience particulière.

Après s'être éparpillé en ciblant l'entourage de Tôma, l’œuvre se recentre sur ses trois personnages clés pour sa partie décisive. L'heure pour chacun de mettre les points sur les "i", d'ouvrir son cœur et éventuellement de se rabibocher. Des enjeux totalement classiques et presque inévitables dans le genre, mais que l'auteur traite toujours avec brio. Car à ces confrontations verbales, les idées de l'auteur sur l'importance des choix, le fait de grandir, et la profondeur des sentiments sont retranscrite avec de multiples tonalités. Difficile parfois de savoir si les propos sont optimistes ou, au contraire, plein de mélancolie. Il y a donc une atmosphère particulière dans cette étape de réconciliation, avec une interrogation permanente sur la conclusion du récit. Si bien des choses paraissent simples, la question du "choix", omniprésente dans cet opus, indique qu'il suffirait d'un rien pour tout faire basculer. Toute la scène de la plage intervient dans ce sens : La séquence est belle et onirique, montrant un trio qui croque sa jeunesse et ses sentiments à pleine dents, et l'histoire aurait pu se terminer là dessus. Or, ce n'est pas le cas.

Ce sont surtout les deux derniers chapitres qui constituent un coup de poing décisif dans un manga qui se sera montré plein de surprise, en abordant la question de l'Amour de manière frontale et sans aucune limite. Il suffit alors d'une phrase pour que l'auteur renverse tout ce qu'on pensait acquis pour la conclusion, avant de développer cet ensemble dans une belle phase de mise en scène subjective et en jouant sur une incertitude jusqu'aux dernières cases. Pourtant, la finalité proposée est logique tant elle répond à l'une des interrogations de l’œuvre : L'importance de nos choix pour forger l'avenir. Si un aspect de ce point décisif est douloureux, son autre face apporte beaucoup de baume au cœur. Tout comme l'a été l'ensemble de l'intrigue, la fin de Blue Flag nous berce de bien des émotions en retranscrivant la pluralité des possibilités humaines qui s'illustrent dans la vie de chacun. La conclusion n'est pas banale, pour une série qui ne l'est pas non plus, bien qu'elle flirte avec un genre maintes fois exploré.

Jusqu'au bout, la série de Kaito se sera montré forte, subtile et humaine. Fermer ce dernier volume fait mal tant on s'est attaché aux personnages, mais on se rassure d'une fin belle et cohérente, même si elle ne plaira peut-être pas à tout le monde. Le mangaka nous aura offert une superbe histoire d'amour, d'amitié et des sentiments, avec une patte souvent personnelle, et on ne peut qu'espérer pouvoir lire ses autres œuvres dans nos contrées, ultérieurement.
   

Critique 2 : L'avis du chroniqueur
Koiwai

20 20
Critique 1 : L'avis du chroniqueur
Takato
17 20
Note de la rédaction
Note des lecteurs