Blue Flag Vol.6 - Actualité manga
Blue Flag Vol.6 - Manga

Blue Flag Vol.6 : Critiques

Ao no Flag

Critique du volume manga

Publiée le Vendredi, 04 Septembre 2020

Chronique 2 :

A l'approche des examens, Taichi et Futaba se serrent les coudes, misant même sur des portes-bonheur pour accroître leurs chances de réussite. Mais quelque chose de plus complexe taraude la jeune fille qui choisit de se confier à son petit-ami : Elle est indécise quant à ses vœux d'orientation, car ses premiers choix pourraient les séparer. Dans ce contexte, et tandis que le festival du lycée se profile, Taichi se questionne lui aussi sur son avenir...

Nous savons maintenant que Blue Flag s'est conclu avec son huitième tome, signifiant qu'il ne reste que trois opus avant la fin du récit, avant lecture de ce tome. Tout porte donc à croire que le rythme va s'accélérer dans la comédie lycéenne de l'auteur Kaito, une comédie développant de plus en plus de thèmes sociaux au fil des volumes, en peignant notamment un portrait vaste de l'adolescence.

C'est dans cette optique que s'ouvre ce sixième volet qui s'interroge légitimement sur l'avenir des personnages, à l'heure où la série a clairement abordé sa seconde moitié. Tout le long du tome, les personnages ne cessent de se questionner et remettre en perspective leurs potentielles décisions. Le tout évolue sur une trame classique du genre, celle du festival scolaire, ce qui créé un décalage intéressant entre la légèreté des événements et la mélancolie générale qui règne dans l’œuvre. Pages après pages, et chapitres après chapitres, on se plait à suivre les choix de personnage en aucun lisse, et tiraillé par cette délicate étape du passage à la période de jeune adulte. Difficile de prévoir l'issue de la série, qui reposera probablement sur ces choix, aussi on est convaincus que la conclusion future de Blue Flag ne sera pas celle de la facilité, mais celle de la justesse.

Et aux vœux d'avenir du casting s'oppose l'évolution de leurs sentiments, au sens purement amoureux du terme. Kaito jongle avec ces différents aspects tout le long du tome, en faisant des relations amoureuses entre les personnages un enjeu toujours plus important. Il est donc juste d'avoir décortiqué davantage le personnage de Mami dans l'opus précédent, puisqu'il est maintenant temps de diriger ce méli-mélo sentimental vers sa résolution. Et là aussi, rien n'est jamais tout blanc, puisque le manga assume totalement l'ambivalence des relations plantées. Des individus qui en aiment d'autres, ces autres qui ne peuvent répondre favorablement à leurs sentiments, quand certains estiment ne pas porter des amours légitimes car ils ne se situent pas dans la "norme". Les enjeux romantiques de Blue Flag sont aussi denses que les personnages, et ne sont jamais abordés dans une simple optique sucrée. Au contraire, de véritables messages sont délivrés sur la liberté d'aimer, et le respect à apporter dans toute circonstances. La trame amoureuse devient particulièrement importante dans ce tome, le tout garni d'une montée en puissance déstabilisante, concluant l'opus sur une sorte de coup de poignard. L'ultime bulle du tome correspond alors à la dualité entre deux de ses scènes clés : Si certains pronent l'acceptation, ce n'est pas ce qui rendra la complexité des relations douce en toute circonstances. C'est douloureux et bouleversant, mais Kaito tappe juste dans cet étape clé de sa série.

Un volume qui traite densément ses thématiques et qui amène ses personnages vers un point culminant, de non retour presque... Voilà comment synthétiser ce sixième volet de Blue Flag, qui soulève une nouvelle fois les qualités de la série. La suite se fera particulièrement attendre, ne serait-ce pour la séquence de fin proposée ici, inévitable mais ô combien déchirante sachant qu'on s'est largement attachés aux personnages. Plus que deux tomes, deux volumes qui ne nous épargneront probablement pas.


Chronique 1 :

"Parce que j'ai décidé de changer. De ne plus être celle qui abandonne, qui n'agit pas, qui se pense incapable de faire une chose avant même d'avoir essayé, et qui finit par le regretter."


Taichi et Futaba sortent désormais ensemble, sont sincèrement bien l'un avec l'autre, mais tâtonnent dans cette relation toute nouvelle pour eux. Au fil de ce volume, que ce soit en sortie, pour acheter des talismans porte-bonheur pour les examens, ou pendant la fête du lycée qui arrive, on les suit avec beaucoup d'attendrissement poursuivre cette relation amoureuse encore balbutiante, faite de maladresse et d'hésitations, mais aussi voire surtout de beaucoup de pensées l'un envers l'autre. Autant de moments que le mangaka Kaito sait encore et toujours dépeindre avec une certaine tendresse et une bienveillance certaine, encore plus quand tous deux affichent des expressions gênées qui tendent volontiers vers le chibi. Mais en dehors de tous ces moments du quotidien aussi classique que plaisants sous le trait de l'auteur, les interrogations perdurent toujours, surtout concernant l'avenir, et encore plus au plus profond de la jeune fille qui hésite encore sur son choix de fac et sur ce qu'elle désire le plus. Les études horticoles l'attirent, et à Hokkaidô elle ne serait pas seule puisque Masumi serait là et qu'elle se sont toujours dit qu'elles iraient à la même fac. Mais cela signifierait s'éloigner physiquement de Taichi, ce qu'elle ne veut pas non plus... Alors, Futaba saura-t-elle faire le point ? Osera-t-elle dire ce qu'elle souhaite le plus ? Et si oui, quelle sera la réaction de Taichi ? Les questions d'avenir prennent ici toujours plus de place, fort logiquement, et il en ressort beaucoup de choses. Comme l'importance d'oser faire ses propres choix et de les affirmer, quand bien même des erreurs, des échecs et des regrets pourraient en découler, car ces échecs pourraient aussi être des leçons pour avancer. Et sur un plan plus personnel, on retient largement le désir de Futaba de se prendre en mains pour ne plus se détester, les réponses de Taichi vis-à-vis d'elle... mais aussi, d'un autre côté, les choix d'avenir que fait Tôma, justement désireux de ne pas se laisser dicter ses choix par les autres.

"Je préfère échouer en faisant mes propres choix, que réussir en suivant les conseils des autres."

En somme, que ce soit dans l'avenir, dans les choix à faire ou dans les sentiments, rien n'est facile et il y a toujours des décisions à prendre, avec sans doute en point de mire le désir de ne rien regretter et de s'accepter. Et tout ceci, dans Blue Flag, passe encore par bien d'autres choses et d'autres personnages. Ainsi, difficile de ne pas souligner ici le cas d'une Mami que, depuis le tome précédent, on a appris à découvrir sous un tout autre jour, bien éloigné des apparences. Dès le début du volume, la demoiselle déclare à nouveau des choses très fortes concernant les avances de Kensuke, la façon dont il la voit, avec à la clé des choses pertinentes comme les raisons pour lesquelles il l'aime, sa façon de (ne pas) prendre en compte les sentiments des autres filles, et l'impact que ça a sur elle et sur ses relations avec les autres. Mais peut-être retiendra-t-on encore plus une discussion aussi inattendue que puissante entre deux autres filles: Masumi et Akiko, qui se dévoilent un peu plus l'une à l'autre autour de nombreuses choses: le sentiment d'être différente, de ne pas être dans la norme, ce que signifie être heureuse (faut-il vivre une vie "normale" pour l'être ?), l'impression de se cacher derrière un bonheur de façade... Ce passage en particulier est d'une justesse inouïe, tant il frappe juste simplement là où il faut en exposant les tourments de Masumi en profondeur, ce à quoi Akiko répond bien souvent de manière particulièrement franche, juste et bénéfique. Il s'agit de l'une de ces conversation typique de Blue Flag, où les personnages s'exposent et se répondent joliment pour avancer. Et à ce titre, l'écriture de Kaito est toujours aussi impeccable, une chose que la traduction française de Nesrine Mezouane retranscrit à merveille.

"Qu'est-ce que cela signifie d'avoir une vie facile ? Est-ce que c'est vivre comme tout le monde ?"

C'est donc en prenant toujours autant soin de ses personnages qu'arrive un dernier chapitre laissant bouche bée, de par les avancées qu'il précipite avec force et impact. Des "révélations" (pas pour le lecteur, mais pour un paquet de personnages à commencer par Taichi) découlant du choix de Tôma d'être sincère avec Mami pour ne plus rien regretter, avec derrière des réactions déjà déchirantes, via des messes-basses et rumeurs que le mangaka a l'excellente idée de nous faire vivre à travers Taichi.

"Tout ce qu'on peut faire, c'est choisir la voie qu'on croit être meilleure pour nous."

Le prochain volume de Blue Flag, qui sera déjà l'avant-dernier de la série, risque d'être particulièrement intense et fort... et en attendant de voir ça, Kaito livre ici une récit toujours aussi moderne et intelligent, en particulier dans son écriture d'une justesse incroyable.
  

Critique 2 : L'avis du chroniqueur
Takato

17 20
Critique 1 : L'avis du chroniqueur
Koiwai
16.5 20
Note de la rédaction
Note des lecteurs