Blood alone Vol.1 - Actualité manga

Blood alone Vol.1 : Critiques

Blood alone

Critique du volume manga

Publiée le Vendredi, 21 Août 2009

Avec son apparence fragile et son caractère renfermé, comment se douter que la petite Misaki est en réalité un vampire ? Ayant été recueillie par Kuroe, un écrivain raté qui joue également aux détectives pour combler ses fins de mois, elle vit depuis chez lui et partage son quotidien, lui vouant secrètement un amour sans bornes. Ensemble, ils sont à la recherche du terrible vampire qui a bouleversé leurs existences…

Parmi les multiples histoires traitant de vampires, ce manga de Masayuki Takano (à qui l’on doit également Boogiepop Dual) tire son épingle du jeu avec un point de vue totalement contemplatif de la relation entre Misaki et Kuroe. L’amour est en effet le moteur de ce récit, et le rapport surnaturel entre un humain et une vampire permet de mettre en évidence le thème des amours ambigus sous toutes ses formes : différence d’âge très marquée, relation homosexuelles, inceste,… mais sans pour autant aller dans la concrétisation physique qui apporterait un cachet malsain et graveleux au titre. Les sentiments et les réflexions profondes sont d’avantages mis en évidence, et quand ils ne sont pas inavoués, les relations restent surtout platoniques. Misaki, par exemple, est déjà très satisfaite de vivre aux côtés de Kuroe, même s’il ne lui rend jamais cet amour. En outre, les nombreux personnages que nous rencontrerons au cours de la lecture ont tous une part de sentiments inavoués qu’ils cachent derrière leurs visages inexpressifs. Par contraste, les vampires, qui peuvent manipuler l’esprit et le cœur des humains, seront ceux qui sembleront profiter le plus de l’Amour, même si ce n’est qu’un résultat de façade et qu’au fond, personne ne les aime pour ce qu’ils sont.

Blood Alone est également un excellent thriller doté d’une pointe de surnaturel. En effet, les phases de quotidien s’alternent avec des enquêtes policières, et les talents de Kuroe et de Misaki sont bien souvent mis à contribution par Sainome, une femme faisant partie de la police scientifique et qui a le don de lire dans la mémoire des morts. Ce côté fantastique reste toutefois en retenue, le tout se posant à échelle humaine. Il ne faudra pas s’attendre à des combats dantesques à base de duels magiques, par exemple ! De toute façon, le dessin de l’auteur ne s’y prêterait pas, et montre quelques faiblesses dans les moments d’actions.

Le graphisme de cette série est d’ailleurs totalement atypique. Si le design des personnages est plutôt convenu, leur visage affiche la plupart du temps une expression assez triste, comme si l’on ressentait constamment la mélancolie qu’ils gardent en eux. Les décors sont magnifiquement détaillés, notamment dans l’appartement de Kuroe, et on a ainsi l’impression d’être vraiment au cœur de leur quotidien. Ils sont également surchargés de traits (verticaux la plupart du temps) qui apportent un sentiment assez indescriptible, se rapprochant d’une certaine oppression. L’auteur se permet également quelques autres audaces graphiques, comme une alternance de cadres noirs ou blancs en fonction de la nuit et du jour, ainsi que certains chapitres totalement dénués de découpages de cases. Le lecteur a alors une impression de liberté, car il n’est pas contraint de suivre un rythme et un point de vue imposé. Tous ces points ajoutent un cachet terriblement original au titre, et nous pouvons remercier l’éditeur Ki-oon pour la qualité remarquable du support, qui rend honneur aux dessins et aux colorations toutes en nuances de Takano.

Blood Alone est une série qui aime prendre son temps. Le rythme très inégal et parfois très mou pourra rebuter certains, mais il est tout de même difficile de ne pas tomber sous le charme de cette ambiance romantique matinée d’un thriller sombre et fantastique. Evoquant des thèmes parfois durs, la description des sentiments tout en retenue et la narration contemplative génèrera très rapidement un attachement profond aux personnages, que l’on retrouvera toujours avec grand plaisir.


Critique 1 : L'avis du chroniqueur
Tianjun
18 20
Note de la rédaction
Note des lecteurs