Blood-Crawling Princess Vol.2 : Critiques

Dans la ville malsaine de San Missa qui a été fondée pour la prostitution, la princesse déchue Evita, forcée de devenir la prostituée Priscilla depuis plusieurs années déjà, s'apprête enfin a concrétiser son plan longtemps et savamment préparé avec l'aide de toutes les autres femmes que les hommes ont bafouées: à l'heure où un vaste incendie sera enclenché en plusieurs endroits pour ravager la funeste cité, les captives prendront presque toutes la fuite ensemble, passant par un long chemin bien repéré afin d'atteindre le port où des bateaux de l'Empire de Slakoni sont censés les attendre. Mais l'ambitieux plan est à peine lancé qu'un premier problème semble déjà là, dès lors que le chevalier Patrick, à qui Laura a accordé sa confiance, trahit cette dernière et raconte ce qu'il sait à l'odieux commandant Carl. Sous-estimant d'abord ces femmes, ce dernier se ravise quand l'incendie se déclare: pour éviter que l'affaire arrive aux oreilles du palais, il sera prêt à tout, y compris à massacrer les fuyardes si besoin, et surtout à récupérer Priscilla qu'il compte bien "rééduquer" lui-même, comme il l'avait déjà fait à l'époque où la pauvre jeune fille était arrivée en ville...

Etonnamment efficace et plus malin qu'on l'aurait cru derrière son propos violent, le premier tome de Blood-Crawling Princess s'offre une suite qui, globalement, confirme largement le potentiel de l'oeuvre, tant Yuki Azuma s'applique à nous maintenir constamment accrochés au fil de ce plan de fuite réservant un paquet de choses, à commencer bien sûr par des élans d'action, d'affrontement et de violence plutôt bien orchestrés, rendus intenses par un dessin riche et par des expressions faciales juste suffisamment exagérées.

Néanmoins, derrière cet emballage soigné, c'est le plan de fuite en lui-même qui captive et qui, malgré certains imprévus pouvant parfois sembler gros (l'accouchement pile à ce moment-là, l'éboulement... les choses semblant parfois un peu trop s'acharner sur les fuyardes), reste soigneusement pensé par Evita et ses compagnes. Si elles elles ont l'avantage de la surprise et d'une préparation méticuleuse, leurs adversaires ont pour leur part l'avantage du nombre et de la rapidité de déplacement, si bien qu'il ne faut malgré tout rien laisser au hasard. les pièges et autres retournement de situation se révèlent alors nombreux, et plus d'une fois ils savent nous cueillir en restant assez difficiles à prévoir avant qu'ils n'arrivent, à l'image de ce qui est proposé au sujet de Laura et Patrick.

Dans tout ceci, certains visages prennent plus d'importance, comme ceux de Laura dont le lien avec Evita se dévoile mieux, des frères Abel et Lyle qui se sont rangés du côté des femmes après avoir eux aussi subi les pires atrocités, ou encore le fameux Diego qui ne manque pas de susciter la curiosité. mais on retiendra avant tout la grande solidarité féminine qui unit toutes les femmes dans leur plan de fuite... mais aussi de vengeance, puisque celle-ci n'est aucunement oubliée. Face à ceux qui les ont tant malmenées, il n'est effectivement pas question pour elles de juste s'enfuir. Et si le vaste incendie de San Missa en est à lui seul une preuve radicale, on préférera retenir encore plus la revanche qu'Evita compte prendre sur l'immonde commandant Carl, un homme si exagérément détestable qu'il y aurait un certain plaisir à le voir morfler.

On se retrouve alors avec un deuxième tome rudement efficace dans son genre. C'est intense d'un bout à l'autre, c'est riche en rebondissements, c'est bien pensé dans plusieurs retournements de situation assez imprévisibles, ça souffle un très efficace parfum de révolte féminine face à ce que les hommes peuvent montrer de pire... En somme, non seulement c'est très divertissant avec ce qu'il faut d'élans bourrins et sales, mais en plus ça sait aller un peu plus loin que ça. Espérons donc que la suite affirmera encore cette bonne première impression générale !