Bleu du ciel dans ses yeux (le) Vol.1 - Actualité manga
Bleu du ciel dans ses yeux (le) Vol.1 - Manga

Bleu du ciel dans ses yeux (le) Vol.1 : Critiques

Sora no Aosa wo Shiru Hito yo

Critique du volume manga

Publiée le Jeudi, 01 Septembre 2022

Souvent porteuse de titres émouvants et qualitatifs, la collection Moonlight des éditions Delcourt/Tonkam a encore accueilli une nouveauté prometteuse fin août: Le bleu du ciel dans ses yeux. Il s'agit, à l'origine, d'un film d'animation conçu par l'équipe de Ano Hana, produit en 2019 par le studio CloverWorks, connu à l'international sous le nom Her Blue Sky, mais étrangement toujours inédit en France à l'heure où ces lignes sont écrites. De son nom original Sora no Aosa wo Shiru Hito yo (littéralement "Celui qui connaît le bleu du ciel"), l'oeuvre a été déclinée dans la foulée en un roman ainsi qu'en un manga, ce dernier étant bouclé en 4 volumes et ayant été dessiné au Japon par Yaeko Ninagawa de 2019 à 2021 pour le magazine Comic Newtype de Kadokawa. Notons qu'en plus de ce manga, la collection Moonlight a également accueilli le roman dans la foulée.


Tout commence par les images d'une adolescente qui, seule dans un coin d'une ville japonaise de province, se met à jouer frénétiquement de sa basse sur un banc, solitaire, comme coupée du reste du monde par ses écouteurs. Elle s'appelle Aoi Aioi, et la musique n'a eu de cesse d'accompagner, depuis l'enfance, son existence. Toute petite, elle assistait aux répétitions du groupe de musique composé des amis de sa soeur Akane, un groupe dont faisait partie Shinno, adolescent très proche d'Akana et qui a appris à la petite fille à jouer de la basse. Des moments joyeux qui n'ont pas toujours duré, surtout quand les parents des deux jeunes filles sont morts dans un accident, alors qu'Akane était en troisième et Aoi en primaire, puis quand Shinno a décidé de partir seul à Tôkyô sans pouvoir convaincre sa précieuse Akane de le suivre, elle qui ne pouvait aucunement laissé derrière elle sa petite soeur.


Depuis, les années ont passé. Akane travaille à la mairie, où elle participe même à un projet de revitalisation de la ville via la musique. Shinno, lui, n'a plus donné la moindre nouvelle depuis son départ, ce qui n'empêche pas celles et ceux qui l'ont connu (Akane et Aoi en tête) d'encore penser à lui. Quant à Aoi elle-même, elle est désormais une lycéenne de 17 ans, en plein âge rebelle. L'air renfrogné, plutôt caractérielle, elle se sent prisonnière dans cette ville entourée par les montagnes. Alors elle compte arrêter ses études, aller à Tôkyô, trouver un job et percer dans la musique avec son groupe, du moins quand elle aura un groupe. Cependant, un événement étrange risque bien de bouleverser un peu son existence, à savoir la réapparition de Shinno dans des circonstances bizarres: il a gardé l'apparence qu'il avait à son départ pour Tôkyô, et ne semble pas pouvoir sortir du sanctuaire où notre héroïne l'a croisé. Que signifie cela ? Est-ce bien lui ? Est-ce une fantôme qui signifierait que Shinno est mort il y a déjà bien longtemps et que c'est pour cela qu'il ne donnait plus de nouvelles ?


Alors que les adaptations en manga de films d'animation ont généralement tendance à être un peu rapides, celle-ci s'étire sur 4 volumes... et c'est tant mieux ! Car concrètement, cela laisse forcément tout le loisir à la mangaka d'installer les choses avec soin pour mieux nous y immerger, et c'est donc ce à quoi s'applique la majeure partie de ce premier tome en réalité très calme puisque le principal élément perturbateur ne survient que dans le dernier tiers, en réservant même déjà quelques surprises puisque l'autrice y déjoue déjà le possible poncif sur l'éventuelle mort de Shinno.


C'est à grands renforts de décors photoréalistes immersifs, de grandes cases laissant découvrir le cadre et les personnages, et de personnages aux designs clairs et réussis (derrière sa bouille rappelant le trait de la mangaka Kaori Ozaki sur la jaquette, Aoi se révèlera attachante à souhait avec ses gros sourcils un peu sévères collant bien à son caractère de fille en pleine crise d'adolescence), que Yaeko Ninagawa nous laisse tranquillement nous imprégner de ce démarrage où l'on capte bien les principaux tenants et aboutissants. Sans que la mangaka n'ait besoin d'être insistante, et avec même quelques non-dits tout à fait parlants, on comprend bien la pointe de mal-être animant Aoi, les sentiments que renferme Akane derrière sa douceur et son côté "adulte", le souvenir que leur a laissé Shinno même si elles n'en parlent pas forcément... si bien que l'on attendra avec intérêt de voir le récit se lancer bel et bien, sans doute dans le tome 2 au vu du dernier tiers de ce premier opus.


A l'arrivée, on a donc ici un volume de mise en place convaincant, la mangaka prenant efficacement son temps et l'espace des pages pour peaufiner une ambiance, un cadre réussis. Qui plus est, il y a de quoi être intrigué par la volonté de Ninagawa d'offrir une histoire différente de celle du film, comme elle l'affirme dans sa courte postface.


Concernant l'édition, on a l'habitude de voir Delcourt/Tonkam aux petits soins avec sa collection Moonlight, et cela se confirme encore ici, la seule chose à regretter étant la légère transparence du papier malgré le choix d'un très bon imprimeur en Aubin (on devine bien que l'actuelle crise du papier contraint à faire avec ce que l'on a). A part ça, on retrouve la charte graphique de la collection sur une jaquette soignée et restant proche de l'originale japonaise, avec en prime un fort joli logo-titre et un petit vernis sélectif. Le lettrage de Tomiko Benezet-Toulze, lui, est suffisamment soigné, tout comme la traduction toujours claire d'Essia Mokdad.



Critique 1 : L'avis du chroniqueur
Koiwai
15.5 20
Note de la rédaction