Blessures nocturnes Vol.6 : Critiques

Yomawari Sensei

Critique du volume manga

Publiée le Mardi, 01 Juin 2010

On avait pu constater que les histoires des deux derniers tomes parus de Blessures Nocturnes se tournaient toujours vers un avenir optimiste pour les jeunes que Mizutani aidait. De ce fait, préparez-vous psychologiquement, car dans ce sixième tome, il en sera tout autre.

Cela se ressent dès la première histoire du volume, étalée sur deux chapitres, où le "guetteur" tentera de redonner un sens à la vie de Miki, une jeune fille en âge d'aller au collège, et pourtant obligée de se prostituer pour quelques yen, histoire de pouvoir survivre depuis qu'elle a fugué de l'établissement où sa mère l'avait abandonnée. Ici, la route sera longue pour Mizutani dans sa volonté de sortir Miki du monde de la nuit, et si l'on rencontre au début en elle une jeune fille caractérielle bien décidée à s'en sortir comme elle le peut, c'est grâce à son contact avec le "guetteur" qu'elle se dévoilera petit à petit, qu'elle dévoilera son envie de retrouver sa mère plus que tout au monde. Très vite, la fillette devient très attachante, ne serait-ce que par cette envie de retrouver une famille... Quoi de plus normal, pour une enfant ? Miki est d'autant plus attachante que, face aux nombreux drames qu'elle a connus et qu'elle connaîtra encore (notamment à cause de ce fléau qu'est la drogue) bien que Mizutani soit à présent à ses côtés, elle sait rester forte en toute circonstance et affiche une volonté à toute épreuve dans son désir de recommencer une vie de collégienne normale auprès de sa mère, à partir du moment où le "guetteur" est là pour la soutenir. Le drame qui a lieu à la toute fin, alors que tout était à nouveau là pour que la courageuse enfant puisse enfin goûter au bonheur, n'en est alors que plus bouleversant. On reste abasourdi par cette conclusion brutale, complètement inattendue, qui vient prouver une nouvelle fois que, malgré toute sa bonne volonté et son humanité, Mizutani reste un homme, et que le moindre pépin, indépendant ou dépendant de sa volonté, peut tout faire basculer en un rien de temps. On a peut-être ici l'histoire la plus bouleversante depuis le début du manga.

Après ce passage fort en émotion, Mizutani doit faire face à un problème d'un tout nouveau type: dans la deuxième histoire de ce tome, le "guetteur" devra faire face à un jeune qui refusera catégoriquement son aide. Hikaru, lycéen, est d'ores et déjà un petit caïd au sein de la mafia japonaise, et rêve d'exercer une influence grandissante dans le monde de la nuit, quitte à exploiter ses camarades de classe. Face à cette situation, Mizutani ne pourra pas venir en aide à la fois au yakuza en herbe et à ses victimes, à son grand regret, et devra utiliser un moyen extrême pour pouvoir sauver la majorité face aux machinations de Hikaru... Une nouvelle histoire qui prouve que, malgré toute sa bonne volonté, notre bienfaiteur, d'autant plus seul que ses collègues de travail préfèrent ne pas se mêler des affaires de Hikaru, ne peut pas sauver tout le monde...

Dans les deux derniers chapitres du volume, on retrouve des histoires aux conclusions un peu plus optimistes. C'est le cas de celle de Yoshié, qui verra la trace qu'a laissée sur son cou la corde avec laquelle sa mère a essayé de l'étrangler avant de tenter elle-même de se suicider, comme la preuve d'un amour profond, capable de tout emporter avec lui dans la mort. En attendant que la mère ne sorte de prison, Mizutani, en compagnie d'une amie qui n'est autre que l'enseignante de Yoshié, veillera sur la jeune fille, sera là pour elle comme un spectateur bienveillant, la soutiendra parfois maladroitement mais toujours sincèrement dans l'épreuve qu'elle doit subir ici, et la verra accepter petit à petit le geste en apparence incompréhensible qu'a pu avoir sa mère. Une belle histoire, qui met également en avant de manière touchante la relation que peuvent avoir une mère et sa fille.

Enfin, la dernière histoire nous fait faire un bond de plusieurs années en arrière, et nous invite à découvrir un Mizutani alors âgé d'une vingtaine d'années, tout jeune professeur, mais débordant déjà d'une grande humanité qui se concrétisera lorsqu'il se montrera prêt à sacrifier son poste pour sauver deux de ses élèves d'un renvoi sévère, face à un proviseur qui se soucie plus de l'image de son lycée que de l'avenir de ses jeunes. En plus de nous montrer un Mizutani déjà occupé par ses envies humanitaires à cette époque, ce chapitre permet d'aborder un peu plus un aspect du manga que l'on a déjà pu observer de nombreuses fois en filigranes: les limites de la société japonaise.

Doté d'une première moitié bouleversante et d'une deuxième moitié un peu plus optimiste, ce sixième volume varie à nouveau les cas pour nous montrer les différents rôles et les limites du "guetteur", un homme qui apparaît plus que jamais profondément humaniste au sein d'une société loin d'être radieuse, d'autant que le tout est toujours basé sur des faits réels et ponctué des essais poignants de l'auteur.

Peut-être le manga le plus humain qui soit, le plus vrai, définitivement indispensable à toute mangathèque qui veut se targuer d'être riche et complète.


Critique 1 : L'avis du chroniqueur
Koiwai
19 20
Note de la rédaction
Note des lecteurs