Bless You Vol.1 - Actualité manga
Bless You Vol.1 - Manga

Bless You Vol.1 : Critiques

Kamisama no Ekohiki

Critique du volume manga

Publiée le Vendredi, 03 Mai 2019

Après Natsumi Aida (l'autrice du grand succès Switch Girl) avec Ugly Princess, les éditions Akata, en ce printemps, reviennent à nouveau sur une mangaka qu'elles avaient permis de faire découvrir aux lectrices et lecteurs françai(se)s à l'époque de leur collaboration avec Delcourt. Ainsi, c'est Ayumi Komura, l'autrice de J'♥ les sushis et de Lily la menteuse, qui revient avec l'une de ses séries les plus récentes. Publiée de 2017 à début 2018 au Japon dans le magazine Margaret des éditions Shûeisha sous le titre Kamisama no Ekohiki, Bless You est une série qui comptera un total de 5 volumes, et qui, dans ses thématiques bousculant les genres masculin/féminin, flirte avec les thématiques LGBT+ chères à l'éditeur, tout en s'inscrivant essentiellement dans un registre de divertissement.

En haut d'une colline verdoyante, dans leur sanctuaire, un Dieu et sa messagère renarde Ukon s'ennuient mortellement: ils n'ont pas grand chose à faire, à une époque où les jeunes ne viennent quasiment plus leur rendre visite... hormis un lycéen qui vient les prier quotidiennement depuis 99 jours ! Nommé Yashiro, celui-ci, alors que jusqu'à présent il n'étais attiré que par les filles, a récemment pris conscience que ses sentiments ont pris une tout autre tournure à l'égard de son ami d'enfance, son pote de toujours, le beau Kenta. Mais Kenta étant un véritable tombeur de fille, Yashiro n'ose aucunement lui avouer son amour. Alors pour se donner du courage, il s'est promis, au bout des 100 jours de prière censés exaucer son souhait, de déclarer sa flamme à Kenta, toutefois sans trop y croire. Mais il se doit de l'avouer. Il le fait. Et comme il s'y attendait, c'était peine perdue: avec embarras et attention, Kenta lui répond qu'il ne pourra jamais le voir comme ça. Sous le coup de l'émotion, Yashiro s'enfuit, traverse la rue sans faire attention... et se fait mortellement renverser par un camion. Tout aurait pu s'achever là. Mais le Dieu du sanctuaire a malgré tout entendu ses prières... et est bien décidé à concrétiser en partie le souhait de Yashiro, en le ressuscitant... dans un corps de lycéenne. Yashiro devient alors Kagura Tendô, adolescente mignonne sur tous les points. Sous les traits de cette belle jeune fille, nul doute qu'"il" pourra enfin tout mettre en oeuvre pour séduire celui qu'"il" aime. D'autant que Dieu a tout préparé pour que Kagura soit accueillie en tant que nouvelle élève dans la même classe que Kenta. Mais il y a comme un petit... non, un gros problème: comment faire pour bien se comporter en fille, quand on a toujours été un garçon ?

Même si le coup du camion est un bon gros poncif vu et revu, Komura l'utilise rapidement afin de vite développer ensuite un récit qui joue beaucoup sur l'humour, essentiellement à travers le statut du personnage principal, qui est devenu une fille, mais qui conserve un caractère masculin, ce qui lui jouera plus d'une fois des petits tours. En plus de ça, il y a bien d'autres choses en lesquelles Yashiro/Kagura devra faire attention, notamment dans ses contacts avec son ami d'enfance et amour secret: il devra faire attention à ne pas lâcher des informations ou des tics comportementaux que Kagura n'est pas censée connaître concernant Kenta, ce qui sera parfois très difficile, car le naturel des relations avec son ami d'enfance peut vite revenir au galop ! A tout ceci, il faut également ajouter le comportement de Dieu et d'Ukon, qui observent tout ceci comme un bon divertissement humoristique, en évitant de trop interagir... C'est que cette situation loufoque remet enfin un peu de piment dans leur quotidien ennuyeux ! Et enfin, difficile de ne pas donner une mention spéciale à la messagère renarde, qui au-delà de son physique mignon de petit renarde à très longues oreilles, fait beaucoup de petites remarques rigolotes, encore plus quand elle se laisse envahir par ses observation de fan de boy's love.

Au-delà de l'humour, pourtant, la mangaka entame un regard intéressant sur les rapports garçon/fille et sur la manière dont chacun des deux sexes peut voir l'autre, voire peut l'idéaliser. En se retrouvant dans un corps de fille, Yashiro va devoir prendre conscience de nombreuses petites choses propres au sexe féminin: soutien-gorge, problèmes liés à l'uniforme (par exemple quand il pleut), réflexions un brin sexistes de certains garçons face aux jolies filles, maquillage, besoin de prendre soin de sa peau et de ses cheveux, etc... C'est en quelque sorte un autre monde qui s'ouvre pour notre héros, encore plus quand arrive dans la dernière partie du tome Rin, une ex de Kenta, avec qui Kagura va vite sympathiser. Rin est mignonne à croquer, adorable, gentille... mais en la côtoyant en tant que fille, Yashiro découvrira en cette demoiselles d'autres facettes que les garçons ne peuvent connaître ! Et le contraire est tout aussi vrai: après avoir côtoyé pendant des années Kenta en tant que garçon, notre héros le redécouvre un peu ici en tant que fille, prend mieux conscience du côté dragueur de son ami d'enfance, peut en avoir une image un peu différente, chose qui passe également à travers la manière dont Rin et aussi d'autres filles voient Kenta. Au fil des pages, Ayumi Komura joue alors, assez malicieusement et avec humour, sur beaucoup de petits clichés, et elle s'amuse même à en déconstruire quelques-uns (pourquoi les beaux héros de shôjo devraient-ils forcément être toujours puceaux ?). Ce qui est intéressant aussi dans tout ça, c'est qu'avec ces regards de chacun des deux sexes sur l'autre, la série peut parler autant aux filles qu'aux garçons. D'autant plus que même si l'oeuvre est, à la base, un shôjo, Komura offre un dessin qui globalement peut facilement plaire à tout le monde. Un dessin soigné, clair, expressif, portant assez bien l'humour, offrant également quelques petits décors réussis.

Dans tout ceci, il y a toutefois quelques éléments dont on attend un peu plus. Pour l'heure, on a peu de visions de l'état dans lequel peuvent être les proches de Yashiro suite à sa mort, notamment concernant ses parents qui ne sont pas du tout évoqués (et Yashiro lui-même n'a aucune pensée pour eux). Côté camarades de classes, il y a quelques brèves pistes lancées, notre héros sous les traits de Kagura ayant l'occasion d'apprendre comment Kenta le faisait toujours passer avant ses conquêtes féminines, et ayant également l'occasion d'entrevoir la manière dont les filles le voyaient.

L'édition française est très plaisante. A la traduction, Kévin Stocker (a priori nouveau dans la traduction de manga, mais c'est un nom que l'on connaissait déjà pour de la correction de sous-titres sur certains animes de la plateforme Crunchyroll) livre un travail fluide et agréable, faisant assez bien ressortir l'humour, et jouant efficacement sur le langage masculin du personnage principal alors qu'il est devenu une fille. Le lettrage est très soigné lui aussi, le papier est souple et agréable à manipuler malgré une très légère transparence par moments, et l'impression est très bonne avec une encre qui ne bave pas. La jaquette française reprend l'illustration de la japonaise, mais un joli fond bleu inédit a été imaginé.
  

Critique 1 : L'avis du chroniqueur
Koiwai
15 20
Note de la rédaction
Note des lecteurs