Blanc Vol.1 - Actualité manga
Blanc Vol.1 - Manga

Blanc Vol.1 : Critiques

Blanc

Critique du volume manga

Publiée le Mercredi, 11 Août 2021

Oeuvre phare de la talentueuse Asumiko Nakamura, la saga Doukyusei, initiée en 2006 avec l'excellent manga éponyme, se poursuit toujours 15 ans plus tard, au gré des envies de l'autrice, celle-ci apportant régulièrement des arcs supplémentaires qui nous ravissent à chaque fois. Ainsi, après Sotsugyousei, Sora to Hara et O.B. (sans oublier le fanbook Doukyuusei & Sotsugyousei et l'artbook Graduation Certificate, inédits en France), un nouvel arc en 2 tomes est arrivé au Japon ces dernières années: blanc. Celui-ci a été prépublié au japon entre 2018 et 2020 dans le magazine Opera des éditions Akaneshinsha, magazine ayant déjà accueilli tous les précédents volets de la saga. Et les éditions Boy's Love, désormais devenues Hana, restent fidèles à l'oeuvre en nous proposant de découvrir ces deux nouveaux volumes en langue française depuis la fin du mois de juillet.

blanc nous propose, fort logiquement, de retrouver Sajô et Kusakabe, les deux personnages centraux de la saga, alors que du temps est encore passé... au risque de mettre à mal leur relation, pourtant si vraie et si belle depuis longtemps ? En effet, les deux garçons ont, comme promis, échangé des anneaux à leurs 20 ans, symbolisant leur désir de rester pour toujours ensemble malgré l'impossibilité pour eux de se marier. Mais cet acte symbolisant tout leur amour mutuel est mis à mal par la distance, et par l'impossibilité de se voir autant qu'ils le voudraient. Kusakabe poursuit sa voie en travaillant, en recueillant même les confessions de certains clients, tout ça pour sa rapprocher un peu plus de son rêve, mais il ne peut que constater amèrement qu'il n'a quasiment plus l'occasion de voir celui qu'il aime. Quant à Sajô, il fait exactement la même constatation, mais n'a malheureusement pas trop de temps pour lui: très pris par ses études au point de maigrir à vue d'oeil (si bien que le symbolique anneau tient désormais à peine sur son doigt...), il s'interroge de plus en plus sur son avenir, à l'heure où sa licence s'achève,qu'il doit travailler son mémoire, que des perspectives de master voire de doctorat pourraient s'ouvrir... Mais où tout ceci pourrait le mener exactement ? D'un côté, poursuivre de longues études signifie avoir moins de temps pour construire sa vie à côté. De l'autre côté, il y a les interrogations sur la possibilité d'un avenir viable avec celui qu'il aime, dans un pays où ils n'ont pas le droit de devenir une famille. On retrouve alors un Sajô affaibli autant physiquement que psychologiquement, qui ne sait plus où il en est, comme si tout était blanc dans sa tête. Et c'est l'accumulation de tout ceci qui le pousse à glisser à Kusakabe une idée bien cruelle, celle d'une séparation...

blanc est donc un arc important dans la saga, dans la mesure où Asumiko Nakamura souhaiter y éprouver fortement la relation entre ses deux personnages principaux. Et sur ce plan-là, l'autrice fait des merveilles, car alors que leur amour mutuel continue de ne faire aucun doute, le poids de la société adulte qu'ils découvrent à peine (impossibilité de mariage et de fonder une famille, incertitudes liées aux études qui peuvent mener nulle part, craintes face à un avenir flou...) pèse plus que jamais sur eux deux et plus encore sur un Sajô amorphe, au point de faire prendre à ce dernier une décision cruelle. Dès lors, Nakamura déballe sont habituel talent pour décortiquer la psychologie de ses héros, avec ici un Sajô dont on cerne en profondeur le vague à l'âme presque nihiliste. L'insouciance des années adolescentes est bel et bien derrière, cette fois-ci... mais autour de nos héros, il y a toujours des visages familiers à même d'apporter quelque chose. Si l'on appréciera de retrouver brièvement le professeur Hara dans un rôle presque nouveau pour lui, on retiendra surtout l'excellente Miyamura, amie en or de Sajô qui fait tout son possible pour le remuer, pour comprendre ce qui se passe, pour "sauver" son ami. Enfin, à l'heure où les doutes sont là, un autre personnage vient prendre plus d'importance que jamais, à savoir la mère malade de Sajô, dont l'incurable maladie s'accélère au point que l'issue semble devenir inéluctable, et qui garde pourtant tout son peps. L'épreuve de la maladie de cette mère pourrait bien devenir l'élément permettant aux deux jeunes hommes de renouer quelque chose, petit à petit...

Les 160 pages qui composent ce premier volume sont alors un régal à suivre, tant la mangaka excelle dans le portait humain de ses personnages au sein d'une vie qui, entre les fléaux de la société adulte et la simple condition humaine, menace en permanence de les ronger à petit feu. La relation de Sajô et Kusakabe pourra-t-elle se refaire et devenir plus forte au fil de ces épreuves ? C'est tout ce que l'on souhaite !
  

Critique 1 : L'avis du chroniqueur
Koiwai
16.5 20
Note de la rédaction
Note des lecteurs