Blame ! - Deluxe Vol.1 - Actualité manga
Blame ! - Deluxe Vol.1 - Manga

Blame ! - Deluxe Vol.1 : Critiques

Critique du volume manga

Publiée le Lundi, 18 Mars 2019

Chronique 2
  
S'il y a bien un auteur possédant un style à part immédiatement reconnaissable c'est bien Tsutsomu Nihei dont plusieurs œuvres nous sont déjà parvenues en France! La première et la plus emblématique, Blame, date tout de même de 1998, plus de vingt ans donc!
La série qui se termine en dix tomes, tous aussi bluffants les uns que les autres, s'est vu doté d'une belle réédition "deluxe" en 2015 au Japon, et c'est cette dernière que nous propose Glénat, déjà éditeur en France de la première édition (et de quasiment tous les titres de l'auteur)!
La fin d'année 2018 a donc mis particulièrement Nihei à l'honneur avec en parallèle de cette réédition la sortie du premier opus de sa nouvelle série, dans laquelle on constate une évolution graphique très marquante...mais là n'est pas le sujet puisqu'ici nous parlons bel et bien des premiers pas de l'auteur!

Le monde tel que nous le connaissons n'existe plus depuis bien longtemps! Désormais les rares humains encore en vie ne connaissent du monde qu'un gigantesque complexe industrielle composé de milliers de niveaux! Cette "cité", qu'ils appellent la méga structure, s'étend à perte de vue et la lumière du soleil a totalement disparu, caché par le métal froid composant murs, sols et plafonds!
Plusieurs communautés s'organisent un semblant de vie au sein de ce complexe infini, quelques humains tel qu'on les connaît mais également des mutants et des robots!
Killee évolue au milieu de ce monde froid et austère à la recherche de gènes extrêmement rares! Seul et ne recherchant pas spécialement le contact avec ceux qu'il croise, il est muni d'une arme absolument destructrice capable de repousser les menaces les plus hostiles...
Une plongée dans un monde froid et pessimiste...

Et c'est exactement ce qu'est cette série, une plongée dans un univers aussi déprimant que fascinant! Dès les premières pages on ne peut qu'être saisi par le monde que va développer Nihei tout au long de cette aventure complexe et mélancolique!
Il apparaît évident que Blame est une œuvre qui se veut contemplative qui vient rompre avec tous les codes, toutes les références auxquelles on pourrait s'accrocher, ce qui fait de ce titre une lecture vraiment dépaysante mais également dérangeante! Le lecteur ne peut se raccrocher à rien, il est plongé dans le vide de cette cité tantôt étouffante tantôt vertigineuse!
Dès nos premiers pas on comprend que l'auteur se sert de ses connaissances en architecture dont il est diplômé, cela se ressent dans son trait mais également dans ce voyage incroyable que nous vivons aux cotés de Killee!
Et pour l'heure, à l'issue de ce premier tome, il faut bien admettre que les raisons de ce voyage nous apparaissent bien obscurs, plus un prétexte pour que l'auteur puisse développer sa cité-monde et nous proposer des environnements sans nul autre pareil!
Car pour réellement profiter de la grandeur de Blame il faut accepter une chose qui peut s'avérer particulièrement frustrante pour nombre de lecteurs: accepter de ne pas comprendre ce qui se passe! Accepter de ne pas comprendre les objectifs du personnage principal, de ne pas comprendre les actes des individus / créatures qu'il croise, de ne pas comprendre l'architecture incroyable de cette cité qui est cohérente sans vraiment l'être!
Cela peut donc être frustrant mais quand on finit par s'abandonner à la simple contemplation des planches incroyables et saisissantes de l'auteur on se surprend à perdre pied et à être totalement absorbé! Et si l'auteur nous fournit tout de même quelques explications, elles ne seront pas particulièrement claires et ne viennent pas répondre à nos questions!

Pour ce qui est de la cité, elle est sans doute le personnage principale avant même Killee! En effet on sait peu de choses de ce dernier, il est semble t-il humain, et possède des émotions mais ne les exprime pas véritablement, restant froid devant la mort de nombreux personnages croisant sa route. On y voit ici une résignation face à un monde dur dans lequel l'attachement n'est que trop souvent puni par une mort violente et gratuite!
Et si la cité ne nous délivre également que peu de ses secrets, elle est de tous les plans, c'est clairement elle que Nihei veut mettre en scène! Nous plongeons dans ses abysses effrayantes, nous explorons ses niveaux sombres et vertigineux! Visiblement cette dernière est composée de plusieurs milliers de niveaux, mais chacun d'entre eux apparaît d'une hauteur incroyable, tantôt ouvrant sur un vide sans fin, tantôt étouffé par des murs oppressant!
On peut y découvrir des restes d'architectures, de structures humaines, mais elle n'est plus que métal et destruction!
Est ce une cité souterraine, spatiale ou terrestre...on ne le sait pas et ses habitants non plus...ils l'ont oublié!

Au sein de celle ci des humains donc mais également d'autres espèces animales ou mécaniques. On y découvre des humains de tailles disproportionnés qui vont prendre Killee pour un enfant du fait de sa taille, preuve que ce monde est si vaste qu'ils ignorent l'existence d'humains non mutés.
Toutes les créatures apparaissent hostiles et Killee ne fait preuve d'aucun sentimentalisme quand il s'agit d'avancer, quitte à exterminer tout un peuple! A ce titre la série peut se montrer très dure. Elle l'est d'autant plus que les morts sont violentes...inutiles de s'attacher aux personnages autre que Killee!
Et surtout nous croiserons des êtres humanoïdes, mutants ou cyborgs qui cherchent à s'emparer de ce que Killee recherche. Ces derniers sont d'autant plus fascinants qu'ils renvoient aux cénobites de Hellraiser, des créatures à la fois effrayantes et fascinantes! Elles s'intègrent d'autant mieux dans ce monde qui renvoie aux créations fantasmagorique de Giger!

Le style graphique de l'auteur est vraiment incroyable, et si les personnages ne sont pas particulièrement réussis dans leurs expressions, le design global de ces derniers mais surtout de cette cité incroyable font de ce titre une œuvre véritablement à part!

Le tout est porté par une édition de fort belle facture avec un tome imposant, pour un format rendant hommage aux traits de l'auteur!
Une œuvre certes à part mais qui mérite d'être découverte! Blame est une expérience visuelle et sensorielle et tant pis s'il faut accepter de ne pas tout comprendre!
  
  
Chronique 1
  
Tsutomu Nihei est un mangaka qui a sa reconnaissance en France, et est un auteur important des éditions Glénat. La fin 2018 et début 2019 seront synonymes de grosse actualité pour l'auteur qui sera présent au Festival International de la Bande-Dessinée d'Angoulême. Un peu avant ça, pour honorer cette venue, Glénat met à l'honneur le mangaka avec la sortie de son dernier titre en date, Aposimz, mais aussi parce une réédition en version deluxe qui semble être la même que celle proposée au Japon en 2015, comme le témoignent la couverture de ce premier opus. Une double publication parallèle intéressante puisque de Blame à Aposimz, le style de l'auteur a énormément évolué, de même pour sa manière de raconter des histoires.

A une époque visiblement futuriste, le monde est semblable à une gigantesque cité industrielle, sans limites, délabrée et abandonnée où la civilisation est éclatée et éparpillée de manière restreinte dans certaines zones. Cyborg solitaire, Killy évolue dans ce gigantesque environnement, sans compagnons, et survie grâce à une arme redoutable et destructrice. Dans son voyage, Killy a un but : trouver des gènes d'accès réseau... mais dans quel but ?

La remise en avant de Tsutomu Nihei éveille quelques curiosités en France, aussi cette version deluxe de Blame ! était particulièrement attendue. Première surprise : Les éditions Glénat nous proposent un format similaire à la nouvelle édition d'Akira, un grand format ciblant alors des œuvres fortes, et peut-être davantage destinées au lectorat BD en général. Un très bon choix de la part de l'éditeur puisque Tsutomu Nihei montre très rapidement que Blame ! est une œuvre contemplative, qui narre une histoire de manière atypique tout en jouant sur le dépaysement, l'action et même sur la mélancolie du voyage. Diplômé en architecture, le mangaka fait ressentir ici son goût pour les décors grandiloquents, ce qui provoque un certain émerveillement et fait, de l'univers de la série, un monde de science-fiction peu commun, dans lequel on aimerait aussi se perdre. Ainsi, une grande partie du volume s'oriente vers le voyage de Killy dans cet univers, sa recherche des gènes d'accès réseau semblant être, pour l'instant, un prétexte pour développer toute la densité graphique de cette cité industrielle. Pour renforcer son effet, Tsutomu Nihei n'hésite pas à varier sa narration et jouer avec les plans. Ainsi, cet immense monde mécanique vide donne une aura toute particulière au titre. Le voyage graphique fonctionne alors : on se plaît à apprécier les environnements plus qu'on s'intéresse à l'histoire. En ce sens, nous proposer un si grand format est une excellente idée, cette nouvelle version permettant une immersion plus profonde dans le monde de Blame !.

Mais alors, que nous raconte Tsutomu Nihei dans ce premier tome ? Certains seront peut-être rebutés par cette narration atypique : pas de réelle contextualisation, et pas d'enjeux minutieusement dépeints. Par quelques dialogues, les objectifs de Killy nous sont dits, mais dans quel but ? Qu'a-t-il pu advenir de l'humanité pour que le monde soit ainsi ? Et qui sont ces créatures robotiques que le protagoniste trouve régulièrement sur son chemin ? Tant de questions qui se posent, de manière légitime, mais peu de réelles réponses sont données. Le voyage de Killy est façonné par plusieurs rencontres et si les chapitres sans liens se succèdent, plusieurs bribes d'informations nous sont régulièrement données, attestant un peu la situation de cet univers.

Il y a fort à parier que Blame ! nécessitera des relectures au fil de la sortie des tomes, pour comprendre toute l'ampleur de l'intrigue et du monde, sans compter d'autres œuvres de Nihei comme Biomega développent l'histoire de cet univers. A ce titre, une réédition de la série en six tomes serait aussi bienvenue.

Véritable OVNI à l'heure actuelle, Blame ! dénote clairement des œuvres actuelles de l'auteur, ne serait-ce par son style qui a énormément évolué. Très épuré dans Aposimz, celui-ci est plus dense, détaillé et vertigineux dans la présente série. Ceux qui découvrent ces différents aspects de l’œuvre du mangaka actuellement pourront apprécier cette évolution, sans compter que l'éditeur permet une meilleure appréciation de sa patte dans Blame !.

A ce propos, l'édition, aussi belle soit-elle et plaisante à prendre en main, garde un petit défaut. Pour une deluxe, le papier est peut-être trop fin, et on attendait un côté plus rigide pour un tel ouvrage. Reste que le travail proposé est plaisant, notamment pour ses agréables effets de reliefs sur une couverture qui a du style.
  

Critique 2 : L'avis du chroniqueur
Erkael

17 20
Critique 1 : L'avis du chroniqueur
Takato
17 20
Note de la rédaction
Note des lecteurs