Black Board Vol.1 - Actualité manga

Critique du volume manga

Publiée le Mercredi, 30 Juin 2021

Pour le début de l'été, ça castagne aux éditions Omaké ! L'éditeur lance effectivement Black Board, un court manga bouclé en trois volumes qui n'est pas là pour faire dans la dentelle. Prépubliée au Japon entre 2016 et 2018 dans le magazine Shônen Gangan de Square Enix, cette oeuvre fut la toute première série de Fuyuki Izumida, un auteur qui a décidé de devenir mangaka après des études de design.

"Jackpot", tel est le nom d'une ville où le scrupule n'existe pas. Malgré une présence policière, les lieux semblent être une vaste zone de non-droit, si bien qu'a été mis en place le "Black Board", un gigantesque tableau noir regorgeant de missions en tous genres, mais souvent sombres et illégales (ça peut aller de la recherche de chat à l'assassinat en passant par le braquage, quoi), auxquelles tout le monde peut se frotter pour essayer de choper le pactole. Gamine elle-même adepte des missions de ce panneau, "Tama" a appris à se débrouiller seule (et s'en sort très bien) depuis qu'elle s'est retrouvée à la rue pour des raisons tragiques que l'on découvrira bien assez vite. Mais si elle est là, ce n'est pas pour rien: pour les mêmes raisons (que l'on cache ici pour ne pas spoiler), elle traque "V", alias Vincent, le plus redoutable assassin de la ville, bien décidée à lui faire la peau... Mais ne risque-t-elle pas d'être prise de court quand elle découvre que la nouvelle mission intéressant tout le monde sur le panneau mandate son propre assassinat ? La quête vengeresse de la jeune fille semble effectivement très loin de faire les affaires de tout le monde... Alors, sans doute lui faudra-t-il se dénicher un solide garde du corps. Ca tombe bien, les événements viennent de lui faire croiser la route du prétendant idéal: Basco. Gabarit solide, balafre sur le visage, incapacité de parler à cause d'une blessure à la gorge, capacités au combat bien vénères... Y a pas à hésiter. Et c'est ainsi qu'un binôme des plus décapants se forme. Binôme où le mystérieux Basco semble lui-même vouloir atteindre un but précis...

Le moins que l'on puisse dire est que Fuyuki Isumiya plante vite et bien le décor ainsi que l'ambiance au gré de ses premières pages installant Jackpot comme une ville sans foi ni loi. Une ville où évoluent donc deux personnages principaux pas piqués des hannetons et bien efficaces dans leurs genre. Car derrière son joli minois juvénile et ses allures parfois un peu olé-olé offrant une très légère pointe ecchi qui colle bien à l'ambiance (vu que la ville est sans foi ni loi), Tama est plutôt à rapprocher d'une héroïne comme Miharu de Candy & Cigarettes (paru en France chez Casterman): badass à souhait, ne se laissant aucunement faire même dans les situations les plus critiques, et très volontiers insultante, provocatrice et grossière dans ses propos. Quant à Basco, il a déjà de l'allure avec ses cicatrices et son air mauvais, et quand il essaie de sourire c'est encore pire, et quand il se met à défoncer des têtes on n'en parle pas.

Ensemble, ce duo plutôt bourrin tâche donc d'atteindre sa quête... ou plutôt ses quêtes communes, dès lors que l'on comprend que Basco a sûrement une idée derrière la tête en ayant accepté de devenir le "bodyguard" de Tama. Le bonhomme reste d'ailleurs mystérieux pour le moment car on ne sait encore rien de lui, tandis que le passé et les motivations de la jeune fille, elles, sont exposées dès le premier chapitre, faisant que le mélange entre quête précise pour l'une et desseins mystérieux pour l'autre fonctionne bien. Quant aux tenant et aboutissants de la petite intrigue vengeresse... eh bien, rien de bien original en vue, et ce n'est sans doute pas le but. En jouant sur des archétypes du genre (vengeance face à des pourris, drogue, inspecteur de police véreux et cinglé, assassin insaisissable et brutal...), l'auteur nous immisce dans un type de thriller bourrin dans la droite lignée du genre et prônant l'efficacité simple. Et cette efficacité, elle passe donc par un ton direct et sans concession, par des dialogues bien fleuris, par des scènes de violence (tatanes, gunfights, mises à mort...) rapides et sans concessions... sans oublier une indispensable petite dose d'humour rendant le divertissement d'autant pus régressif.

Ce premier volume se lit donc tout seul et fait assez bien le job. Il ne faut s'attendre à rien de bien original, mais dans un registre de divertissement un peu bourrin, assez jouissif et un brin régressif, on a franchement de la bonne came dans l'ensemble !

Là où le bât blesse un petit peu, c'est alors peut-être du côté de l'édition française. La traduction/adaptation de Stéphanie Lemoine et de Florent Gorges a beau être très fleurie et donc assez efficace pour un récit de genre, on y trouve quelques coquilles ayant échappé à la relecture, dont une inversion de bulles. Le lettrage de Munii Prod. ne montre pas de couacs, mais reste un peu basique. Et à l'extérieur, on s'interroge un peu sur l'utilité du bandeau, qui affiche juste une phrase d'accroche (visiblement inventée par l'éditeur) des plus basiques sans rien d'autre. Soulignons quand même l'assez bonne qualité de papier et d'impression, ainsi que la présence de 3 illustrations en couleurs au début du tome.
  

Critique 1 : L'avis du chroniqueur
Koiwai
14.5 20
Note de la rédaction