Birdmen Vol.1 - Actualité manga
Birdmen Vol.1 - Manga

Birdmen Vol.1 : Critiques

Birdmen

Critique du volume manga

Publiée le Jeudi, 16 Janvier 2020

Avec son oeuvre maîtresse Kekkaishi, première série de sa carrière et lauréate du 52e Prix Shogakukan catégorie shônen, Yellow Tanabe avait su, malgré le succès mitigé de l'oeuvre en France lors de sa parution chez Pika Edition il y a quelques années, séduite une niche de fans, tant, sous un trait personnel n'ayant fait que se bonifier, elle avait su installer un univers, des concepts et des personnages passionnants. Tant et si bien que l'on attendait impatiemment son retour en langue française. Ce retour, il s'est un peuf ait attendre, avant de se concrétiser un peu avec une petite friandise l'année dernière: Laughter in the End of the World, premier manga publié par Shiba Edition, qui se révélait être un one-shot bien maîtrisé et efficace. Mais le plus gros restait encore à venir avec le nouvelle série longue de l'autrice, Birdmen, une aventure fantastique lancée en 2013 dans le magazine Shônen Sunday de Shôgakukan. En ce tout début d'année 2020, ce sont les éditions Vega qui nous font le plaisir d'enfin amener en France cette oeuvre, pour ce qui est le premier gros shônen d'aventure de leur catalogue. Notons que le timing est bon, puisqu'au japon Birdmen s'achève en ce début d'année, et que le 16e volume devrait donc être le dernier.

"Je n'ai jamais voulu voler dans le ciel."

Tout commence par un long "prologue" de 70 pages où l'on part à la découverte d'Eichi Karasuma, un collégien en 3e, âgé de 15 ans, qui pose sur l'adolescence, la vie et son entourage un regard déjà désabusé. Quand s amère lui prépare un petit déjeuner standard en chantonnant, il préfère s'éclipser sans manger en ne comprenant pas pourquoi elle cherche à paraître si joviale. Quand ses camarades de classe s'amusent en regardant des vidéos, il les conspue silencieusement en se considérant supérieur à eux. Et quand il est question de son avenir, il a surtout en tête plein de questions. Pourquoi l'école est obligatoire, vu que de toute façon tout est déjà décidé dans ce monde inégal ? Il n'a aucune fois dans le futur ni même dans le présent, penser à son avenir le déprime, il ne sait pas trop pourquoi il étudie mais étudie quand même, il préfère reste seul... Les seuls moments où il semble un petit peu mieux, c'est quand il traîne avec Mikisada Komoda, un grand gaillard au crâne rasé, se retrouvant souvent pris dans ses bagarres à cause de son physique costaud, mais étant dans le fond un grand benêt gentil, adorant les chats.

Ainsi la vie suit-elle son cours sans la moindre jolie perspective pour ces deux garçons qui, de temps à autre, prennent juste plaisir à sécher les cours pour aller se promener, se poser et regarder vaguement le ciel. C'est pendant l'un de ces moments qu'ils font connaissance avec Rei Sagisawa, un élève du même collège qu'eux, puis avec Tsubame Umino, pétillante demoiselle de leur âge venue d'un autre collège à Yokohama et connaissant bien Rei. Rei est beau et classe, Tsubame et à croquer, vive franche et sincère... tout le contraire d'Eichi. Le point commun de Mikisada, Rei et Tsubame ? Ils se plaisent à rechercher avec légèreté une légende urbaine, celle de l'homme-oiseau, un être humain doté de grandes ailes que certaines personnes auraient aperçu dans le ciel, et qui, dit-on, sauverait les gens. A cet instant, aucun des adolescents ne sait encore que leur appel va être entendu dans des circonstances tragiques.

"C'est plié, je serai un adulte sans intérêt."

Alors que les 4 collégiens sont seuls dans le bus de retour vers chez eux, Eichi, voyant la "perfection" apparente de Rei et de Tsubame, ronchonne l'une de ses réflexions aigries de plus: ce monde injuste mériterait bien de disparaître. Sitôt après, c'est l'accident: le bus sort de la route pour s'écraser plus loin. Si le chauffeur est mort, chacun des 4 adolescents s'en est sorti quasiment indemne. Tout en conservant sa nonchalance, Eichi espère quand même que sa survie attirera un peu l'attention de ses camarades, mais rien n'y fait. Pourtant, très vite, il constate que depuis ce accident, il a changé. Lui qui portait des lunettes a désormais une vue impeccable, mais il ne s'agit que d'un changement minime face à ce qui l'attend. Face à ce qui les attendent, lui et ses trois compagnons d'infortune. La légende de l'homme-oiseau n'a jamais été aussi proche...

"A cause de cet accident inattendu, j'ai changé."

Assurément, Yellow Tanabe n'a rien perdu de ses qualités narratives: dès les premières pages, elles nous immisce très bien au plus près de son personnage principal, de façon assez introspective, en nous faisant suivre beaucoup de ses pensées qui, petit à petit, nous éclairent un peu mieux sur sa vision négative du monde qui l'entoure. Ainsi, si dans les premières pages cet adolescent peut presque paraître antipathique (il médit sur sa mère dans sa tête, idem concernant ses camarades de classe à côté desquels il essaie de se considérer supérieur, ne va pas vers les autres...), cela change peu à peu quand on entrevoit certains élément de son enfance et surtout ses assez nombreuses interrogations sur ce qu'il considère inégal et injuste dans ce monde, son apparente arrogance cachant alors surtout, sans doute, un mal-être. A ses côtés s'installent très bien ses futurs compagnons d'infortune. Kamoda dépoté d'emblée avec son allure de grand costaud bagarreur mais au bon coeur, Tsubame est mignonne tout plein avec sa personnalité franche (autant dire qu'elle va déjà un peu bousculer Eichi, lui qui n'a jamais été vraiment en contact avec une fille), et Rei s'annonce tout aussi intéressant en affichant une certaine forme de leadership sans prétention derrière son allure de beau gosse riche.

"Mais en réalité, la plupart du temps, nous n'avons pas encore assez vécu pour arriver à bien exprimer nos émotions."

Ensemble il leur faudra tâcher de comprendre peu à peu ce qui leur est arrivé suite à l'accident: essayer de remettre dans l'ordre leurs souvenirs, de comprendre ce qu'ils découvrent parfois avec effroi sur leurs changements physiques, de cerner quelle est l'implication dans tout ça du "légendaire" homme-oiseau, voire de déterminer de qui il s'agit pour peut-être obtenir des premières explications... Et il s'agit là de tout l'enjeu de la suite du tome, dès lors que le "prologue" est achevé. Tanabe est très méticuleuse: elle ne grille aucune étape, narre les questionnements de ses personnages de manière logique et crédible, amène sans forcer et avec fluidité les premiers éléments de réponse, ponctue toujours tout ceci d'une certaine introspection sur Eichi mais aussi de pas mal de notes d'humour bien dosées... le tout, jusqu'à un premier événement dangereux dans les toutes dernières pages, nous signifiant bien qu'à l'heure où les 4 ados vont devoir apprendre à maîtriser leur nouveau "eux-même", il leur faudra aussi déjà faire face à une menace pour l'instant nébuleuse.

En somme, tout est parfaitement mis en place au fil de ce premier tome brillamment narré. Ca prend bien le temps de s'installer mais ce n'est jamais ennuyant, Tanabe maîtrisant son début de récit en le ponctuant de nombreuses petites choses mouvementées, tout en posant bien les premiers faits et les premiers mystères. Moderne, un brin épuré dans les visages, soigné dans ses décors urbains, d'une exemplaire limpidité dans son découpage et ses angles de vue, le style visuel de la mangaka accompagne très bien cet excellent début. Tout est efficacement exposé, Birdmen n'a ainsi plus qu'à déployer ses ailes pour prendre son envol (oui, elle était facile).

Côté édition, la lecture ayant été faite à partir d'une épreuve numérique non corrigée, on va juste souligner la clarté de la traduction de Satoko Fujimoto, la bonne idée qu'est la page de fin expliquant les références aux oiseaux dans tous les noms propres, et les quelques pages bonus exposant la conception des personnages via des croquis préparatoires.
   

Critique 1 : L'avis du chroniqueur
Koiwai
16.5 20
Note de la rédaction
Note des lecteurs