Berserk of Gluttony - LN Vol.1 : Critiques

Bôshoku no Berserk - Ore Dake Level to Iu Gainen o Toppa Suru

Critique du volume manga

Publiée le Jeudi, 22 Juin 2023

Lancé en France en avril 2021 par les éditions Mahô, Berserk of Gluttony est sans aucun doute devenu une oeuvre-phare de ce jeune éditeur qui a récemment fête ses trois années d'existence. Ainsi, après le light novel, on a également droit dans notre langue, depuis le mois d'octobre 2021, à l'adaptation manga. Mais ce n'est pas tout ! Non seulement, l'arrivée prochaine d'une adaptation animée devrait encore faire grimper en popularité l'oeuvre. Mais en plus Mahô a bien joué le coup en s'associant à la plateforme Piccoma afin d'inviter les auteurs du light novel et du manga à la prochaine édition de Japan Expo, dans même pas un mois. Au vu de cette riche actuelle, il était plus que temps que votre serviteur, qui avait acheté les tomes 1 du light novel et du manga à leur sortie sans jamais trouver le temps de les lire, s'y mette, en commençant par le roman d'origine !

A la base, cette oeuvre se nomme en japonais Bôshoku no Berserk - Ore Dake Level to Iu Gainen o Toppa Suru, et a vu le jour en premier lieu en tant que web novel lancé par son auteur Ichika Isshiki (un cadre en entreprise dont c'est le premier light novel) sur un site internet. Ensuite repérée par l'éditeur japonais Micro Magazine (l'éditeur du light novel de Moi, quand je me réincarne en slime entre autres), elle a pu être lancée à partir de 2017 en format light novel en s'enrichissant d'illustrations conçues par Fame, un artiste dont c'était alors le premier travail d'illustrateur sur des romans mais qui, depuis, a aussi planché sur les light novels (inédits en France à ce jour) The Most Notorious Talker (dont la version manga est disponible chez nous chez Meian) et The World's Fastest Level Up (dont l'adaptation manga est prévue dans notre langue chez Soleil à partir d'août).
Notons enfin que, comme beaucoup de série à la popularité suffisante, Berserk of Glutonny ne manque pas de spin-off/dérivés! En plus du futur anime, la série connaît depuis 2018 l'adaptation manga publiée en France par Mahô bien sûr, mais elle a également droit depuis 2023 a un spin-off au format manga nommé Boushoku no Berserk - Ore dake Level to Iu Gainen wo Toppa shite Saikyou.

Berserk of Gluttony nous immisce dans un monde typé dark fantasy, avec son lot de pays, de continents, de monstres et d'aventuriers ou autres chevaliers les combattant. Dans cet univers, tout le monde est initialement doté d'une compétence soit puissante si on a de la chance, soit moins puissante, et notre héros Fate Graphite fait malheureusement partie, de très loin, de la deuxième catégorie: sa compétence, nommée Gloutonnerie, ne lui sert absolument à rien, hormis à provoquer en lui une faim permanente et insatiable qui l'oblige à engloutir ce qu'il peut pour tromper temporairement son estomac, et cela depuis toujours. Vu comme une nuisance par les villageois de son propre village natal à cause de ça, il en a été chassé après la mort de son père, et a trouvé refuge dans la capitale du Royaume de Seyfert, où il est devenu un simple garde. Se sentant inutile, il doit en plus subir régulièrement les remarques, moqueries et brimades de la fratrie Vlerick, trois hommes s'enorgueillissant d'être des saints chevaliers, l'élite des chevaliers, simplement car ils sont bien nés, et profitant surtout de leur statut pour piétiner les autres sans vergogne. heureusement, dans ce contexte inégalitaire et peu joyeux, Fate peut compter sur la bonté de celle que lui et bien d'autres gens du peuple admirent plus que tout: Roxy Hart, jeune femme faisant elle aussi partie des saints chevaliers, héritière d'une des 5 grandes familles du royaume, et s'évertuant à mettre ses talents au service des plus faibles, ce qui lui attire forcément une animosité de la part de sales types comme les Vlerick.

Tel est le pitoyable quotidien de Fate... du moins jusqu'à ce qu'un soir change tout. Alertant sur l'irruption de voleurs, il a l'occasion d'en tuer un alors qu'il est un peu ivre, et voit sa soi-disant inutile compétence de Gloutonnerie lui réserver une sacrée surprise: il peut en réalité engloutir les capacités (force, magie, etc) et les compétences de ses victimes, à commencer ici par les compétences "évaluation" et "télépathie" permettant respectivement d'évaluer les capacités des cibles et lire dans les pensées, ce qui lui sera vite utile. Et comme si ça ne suffisait pas, voici bientôt que Roxy, touchée par son récent courage et par sa situation, le convie à venir travailler pour elle. Commence alors pour Fate une toute nouvelle vie, une existence ayant enfin un sens et où il voudra devenir toujours plus fort, à la fois pour servir et protéger celle qu'il admire et pour améliorer la situation des plus faibles face aux ordures de ce monde, humains comme monstres.

On pourrait dire de ce tome qu'il suit un schéma classique du genre où notre héros, dès lors qu'il voit sa compétence se révéler, a toutes les cartes en mains pour devenir toujours plus fort. C'est exactement la voie que suit ce premier roman où, à force de trucider des monstres (tout d'abord les plus faibles comme les gobelins, puis des un peu moins faibles comme des kobolds), Fate s'applique petit à petit à gagner en qualités, peut-être même jusqu'à déjà devenir bien plus puissant que certains saints chevaliers, comme nous le montrera bien une fin de volume où la vengeance très minutieuse de notre héros envers l'un de ses tortionnaires. Fin de volume qui, de part l'absence de pitié que montre notre héros face à un détestable ennemi n'en méritant aucunement, justifie assez l'appellation dark fantasy de l'oeuvre. Qui plus est, dans le début de sa quête, Fate pourra déjà compter sur un premier partenaire très particulier: Greed, une épée spéciale qui n'a pas été forgée par les humains et avec qui il peut converser par télépathie, qui lui montrera déjà plus d'une compétence étonnante si on lui offre la possibilité de monter en niveau, et qui a la langue bien pendue à la fois pour se montrer sarcastique envers Fate, pour lui donner de vrais conseils éclairants ou pour tout simplement l'exploiter aussi (d'ailleurs, rappelons que "greed" signifie "avidité" en anglais, ce qui n'est pas un hasard du tout ici).

Mais l'oeuvre ne se limite évidemment pas à ça et peut d'ores et déjà compter su deux autres éléments importants, le premier des deux étant le lien qui se construit entre notre héros et Roxy au fil des pages, dès lors que cette dernière en fait l'un de ses employés, lui montre toujours plus de confiance et fait même de lui quelqu'un d'à part à ses côtés. Ici, ses tâches dans la demeure principale des Hart permet à Fate d'en découvrir plus sur la famille de Roxy et sur certains drames l'ayant récemment touchée, mais aussi de préciser certaines informations qui se révéleront importantes en vue de la suite (en tête l'existence de Gallia, un continent au sud qui a été ravagé par le Dragon céleste, monstre si surpuissant qu'il est considérer comme invincible). Là, une excursion avec elle dans la ville, habillée simplement pour ne pas être reconnue, permet différentes petites péripéties classiques mais efficaces et confirmant toute la bonté qui réside en elle (elle n'hésite pas à réellement se mêler au peuple pur le comprendre). Puis, un séjour à la résidence secondaire des hart pour les vendanges permet d'en apprendre plus sur les terres de la famille, sur la mère de la jeune fille, sans oublier l'aide qu'apporte Fate dans les récoltes, ou même la brève apparition d'un personnage qui, là aussi, revêtira sans aucun doute une grande importance par la suite. Simplement, tout est efficacement fait pour faire ressortir la relation de confiance forte qui naît peu à peu entre Fate et Roxy, tout en permettant à l'écrivain de distiller soigneusement différents petits enrichissements de départ sur l'univers.

Quant à l'autre aspect important, il provient évidemment de ce qui donne sa principale caractéristique à l'oeuvre: la compétence de Gloutonnerie de Fate, qui est réellement à double tranchant, chose qu'on nous fait bien comprendre au fil du tome, notamment via certaines mises en garde de Greed sur le possible avenir funeste attendant peut-être notre héros à terme. En effet, si cette compétence lui permet de devenir constamment plus fort, le fait est que plus il avalera de compétences utiles plus il en désirera, car il en va ainsi de cette compétence perpétuellement insatiable. Pour l'instant,la nuit en secret, Fate peut tuer d'autant de gobelins, de kobolds et autres monstres plus ou moins faibles dont il a besoin pour tromper sa faim et sentir un minimum de satiété en lui, mais qu'en sera-t-il le jour où il sera devenu si fort que ces piètres créatures ne lui suffiront plus ? C'est là tout le dilemme de notre héros quo n'y peut pas grand chose, dilemme qui s'annonce passionnant et potentiellement sombre.

Que dire de plus ? Eh bien, que l'écriture passant entièrement par Fate permet une immersion facile, que le chapitre bonus centré sur Roxy et son lien avec son père est intéressant lui aussi, que les illustrations assez nombreuses de Fame accompagnent efficacement le tout en se concentrant sur des designs de personnages convaincants, et que la traduction française de Yukio Reuter est particulièrement claire malgré quelques petites coquilles d'inattention vraiment pas bien graves (ça peut arriver, surtout dans un roman, et ça ne nuit jamais à la compréhension).

Toutes ces qualités permettent de faire de ce premier roman un bon volume de mise en place, qui a le mérite, sur un déroulement classique, de bien installer toutes les bases avec clarté et immersion, en mettant bien en avant les quelques particularités de l'oeuvre, et en nous promettant déjà beaucoup de choses au vu de la tournure des événements dès la fin de ce premier tome !


Critique 1 : L'avis du chroniqueur
Koiwai
15.5 20
Note de la rédaction