Bena Vol.2 - Actualité manga

Critique du volume manga

Publiée le Jeudi, 16 Juin 2022

Avec l'aide de Sadakichi et des autres qui prennent soin de cacher la nature réelle de Bena, lui et Ichi continuent de vivre paisiblement, loin des vieux ennuis liés au freak show. L'hiver a cédé sa place au printemps, le printemps est à son tour proche de s'achever, et au fil des saisons celui qui était qualifié de "monstre" et qui souffrait de solitude continue d'apprendre des choses, de jouer avec les enfants, de se sociabiliser, le tout sous le regard d'un Ichi apaisé. Mais au fond du coeur de chacun de nos deux héros, il ne faudrait pas grand chose pour que les fantômes du passé ressurgissent. D'un côté, Ichi parle certes de Fumi avec le sourire désormais, mais il peine encore à réellement faire le deuil de son défunt frère. Et de l'autre côté, Bena, malgré son apprentissage et son rêve de devenir un jour un vrai humain, reste profondément tourmenté par les éléments lui rappelant inéluctablement sa nature de "monstre", entre sa force colossale et l'incontrôlable violence qu'il a montré quelque temps auparavant...


Nos deux héros restent meurtris, ce qui les empêche de réellement passer un cap ensemble, de consolider leur relation vers l'étape au-dessus. Et pour les aider à faire le point et à peut-être mieux se trouver en affrontant leurs tourments respectifs, il leur faudrait peut-être un voyage qui, au bout du compte, pourrait bien leur permettre de se confronter une bonne fois pour toutes au souvenir de Fumi, et d'entrevoir un peu plus dans quel contexte est né Bena. Ce voyage, il arrive par l'intermédiaire de la jeune Nao, qui charge le duo d'aller livrer une lettre à son grand frère dans la province de Suruga. Et ce premier voyage ensemble d'Ichi et de Bena sera très loin d'être sans conséquences, en permettant à chacun d'eux de mieux affronter leurs peurs. Ichi pourra peut-être enfin faire le deuil de son frère comme il se doit, dans un rendu particulièrement posé, touchant et un brin poétique. Quant à Bena, les choses restent plus compliquées pour lui, tant il reste coincé par sa nature de "monstre" malgré son désir d'être humain. Mais dans le fond, n'est-il pas très bien comme il est ? Après tout, les humains eux-même peuvent devenir des monstres, il l'a déjà bien expérimenté... Enfin, ces épreuves ont donc surtout pour grand intérêt, au-delà des tourments respectifs des deux personnages, de les aider à évoluer dans leur relation, en essayant de faire le point sur leurs peurs, en particulier pour un Bena qui, avec sa force et ses possibles élans de violence, a toujours la crainte de faire du mal à Ichi un jour... Pour finir, au bout de ce très beau volume, un nouveau chapitre plus orienté flashback revient encore sur le cas de Danzô et de son lien passé avec les deux frères, l'ensemble restant enrichissant et très bien mené.


A tout ceci s'ajoute une patte visuelle qui va encore en se bonifiant, chose qui se ressent particulièrement dans le voyage qui donne l'occasion à la mangaka de croquer nombre de paysages, de bâtiments et de lieux d'époque, le tout au fil des étapes telles que Odawara ou Hakone. L'atmosphère propre à l'époque d'Edo se ressent beaucoup plus que dans le premier volume, plus encore quand on a en prime quelques petites informations sur l'époque (l'obligation pour les femmes d'avoir un droit de passage pour quitter Edo, par exemple), ce qui renforce d'un cran l'attrait, l'intérêt et l'unicité de l'oeuvre.


Après une premier volume prometteur, Bena confirme pleinement tout son charme avec ce deuxième opus très bien mené, se bonifiant visuellement et faisant gagner en richesse à l'histoire. La mangaka Kofude approfondit avec attachement ses héros, tout en dépeignant une époque d'Edo assez immersive. De quoi attendre la suite avec beaucoup d'intérêt !


Critique 1 : L'avis du chroniqueur
Koiwai
16.5 20
Note de la rédaction