Bena Vol.1 - Actualité manga

Critique du volume manga

Publiée le Vendredi, 17 Décembre 2021

Fin novembre, le catalogue des éditions Hana a accueilli une nouvelle mangaka, Kofude, avec ce qui est la toute première et à ce jour la seule série de sa carrière, Bena. Lancée au japon en 2018 dans le magazine Comic Marginal de Futabasha et toujours en cours à l'heure actuelle dans son pays avec 3 volumes parus, cette série nous immisce à l'époque Edo, à la découverte d'Ichi, un jeune homme endeuillé par la mort récente de son frère Fumi des suites d'une longue maladie. Les deux garçons avaient pourtant trouvé refuge dans une sorte de cirque de freaks, où on avait promis que Fumi serait soigné, cette perspective ayant même poussé Ichi a se laisser malmener par son collègue/supérieur Danzo en tant que jouet sexuel... Mais alors qu'Ichi se laisse dépérir, un nouveau "monstre", capturé par Danzo, est amené et enchaîné, notre héros ayant pour charge de le nourrir. Malmenée par Danzo qui n'hésite pas à lui faire du mal, la créature se montre particulièrement agressive, forcément désespérée par sa situation... du moins, jusqu'à ce qu'Ichi se montre bienveillant envers elle. Ichi découvre alors un être ressemblant bien plus à un petit garçon apeuré qu'à un monstre, et se montrant très affectueux envers lui, tant et si bien qu'il s'attache à lui au point de lui donner le nom de Bena (comme le freak show), et de le libérer pour s'enfuit avec lui...

Sans être les thèmes les plus exploités dans le registre du yaoi, on a déjà pu voir en France des mangas de ce genre se situer sous l'ère Edo (à l'image de l'excellent Momo & Manji qui se eut assez rigoureux historiquement) ou mettre en image une relation entre un humain et un non-humain (comme dans Le Monstre et la Bête, entre autres). L'idée première de Kofude semble donc être d'unir ces deux thèmes pour proposer un récit qui, petit à petit, trouve son unicité, même si le fond reste globalement classique, et que certains développements sont tellement vite passés en revue qu'ils sentent vraiment la première oeuvre (on pense surtout ici au petit développement qui finit par être fait sur Danzoo et ses sentiments, passage un peu trop rushé).

Déjà, il faut se dire que l'époque Edo, hormis pour quelques détails un peu plus approfondis, ne sert vraiment que de cadre, sans offrir la même part historique qu'un Momo & Manji. Ca n'empêche cependant pas la mangaka de rendre les choses suffisamment immersives au travers d'un dessin soigné sur ce point, avec même certains décors pouvant évoquer des estampes dans leur encrage. Et puisque l'on parle des dessins, profitons-en ausis pour souligner tout de suite l'expressivité exemplaire de Bena, un personnage qui dénote forcément un peu dans ce cadre, et dont les émotions souvent très lisibles le rendent un peu à fleur de peau parfois et contribuent beaucoup à peu rendre attachant.

Quant à la relation entre Ichi et Bena, elle sera évidemment amenée à évoluer sur la longueur, mais dans ce premier tome il est essentiellement question de l'éducation offerte au jeune "monstre" loin des tares du freak show. On suit pas mal Bena (vite) grandir, tâcher d'apprendre à parler et à suivre différents us du quotidien humain, non sans quelques difficultés au début (moqueries des autres enfants, etc), mais sous l'oeil bienveillant d'un Ichi qui retrouve peut-être en lui un peu de son frère disparu... Mais à force, Bena, de son côté, voit-il Ichi comme un frère lui aussi ? Et qui plus est, que se passera-t-il quand sa véritable nature de "monstre" ne pourra plus être cachée ?

A l'arrivée, on suit cette lecture avec beaucoup d'intérêt malgré les quelques petites limites évoquées. Surtout pour une première oeuvre, la série affiche un vrai potentiel, et il n'y a donc plus qu'à espérer qu'elle se bonifiera encore avec les volumes suivants. Côté édition, on a droit à une papier et une impression d'honnête qualité, à une première page en couleur, et à une traduction assez convaincante de Léonore Carrascosa.
  

Critique 1 : L'avis du chroniqueur
Koiwai
15.25 20
Note de la rédaction