Beck - Perfect Edition Vol.1 : Critiques

Beck

Critique du volume manga

Publiée le Mardi, 24 Mai 2022

Débuté en 1999 dans la revue Monthly Shônen Magazine et s’étalant sur pas moins de 34 tomes, Beck a fait les beaux jours des éditions Delcourt durant les années 2000. Depuis, son auteur, à savoir Harold Sakuishi, a plus de difficultés à s’installer en France, entre 7 Shakespeares que Kaze a stoppé sans le moindre remord à sa première partie et Rin qui a connu une parution laborieuse chez Delcourt. Octobre 2021 marque donc un retour aux sources avec la publication d’une réédition de Beck chez Delcourt/Tonkam. Une édition Perfect qui n’a de Perfect que le nom et le prix, qui est davantage un format double nous permettant de redécouvrir l’œuvre.


Manga musical absolument culte, Beck démarre lentement en nous présentant Yukio Tanaka, un collégien banal de 14 ans dont la vie va changer à la rencontre de Ryûsuke, un guitariste de 16 ans ayant vécu aux USA. Au contact du musicien, le collégien que tout le monde surnomme Koyuki va se découvrir une passion pour le rock et commencer à s’exercer à la guitare. Mais surtout, il a un don que lui-même ignore, une magnifique voix que Maho, la jeune sœur de Ryûsuke, est la première à découvrir lors d’une scène absolument magnifique sous le regard de la pleine lune. Elle recommande donc à son frère de prendre Koyuki dans le groupe qu’il souhaite former mais malheureusement, une affaire de guitare cassée a mis les deux jeunes hommes en froid.


Beck est un manga qui ne paie pas de mine, il pourrait en exister des tas comme lui. Le dessin n’est pas particulièrement beau, l’histoire n’est pas un modèle de construction, même les personnages, aussi attachants soient-ils, ne sont pas forcément originaux. Et pourtant, il y a un truc qui marche dans ce manga que beaucoup d’autres n’ont pas, le tout forme une alchimie rendant la lecture addictive. C’est captivant. Beck parle tellement avec naturel de passion, d’ennui, de relations mais aussi de faiblesse et de colère que l’on a l’impression qu’il sonne juste. Le manga est humain, avec ses qualités et ses défauts. Même si l’introduction de la natation paraît artificielle, même si le fan service n’est pas franchement utile, la série de Harold Sakuishi transpire la sincérité. On y sent l’amour du rock évidemment, mais aussi l’amour de dessiner des mangas et de donner vie à des personnages.


On pardonne bien volontiers ses longueurs à ce premier tome, d’autant plus que de nombreuses scènes magnifiques viennent nous éblouir, surtout le deux sous la pleine lune entre Koyuki et Maho, correspondant aux conclusions des tomes 1 et 2 de l’édition de base. Elles sont juste sublimes, mêlant romantisme et musique. On oublie l’espace d’un instant que l’on lit un manga, et on se laisse bercer par les paroles chantées lors de ces séquences. De merveilleuses scènes musicales laissant entrevoir le talent de l’auteur en la matière, et donnant clairement envie de continuer la lecture de sa série. En plus, de manière générale, le manga a un charme propre aux années 2000 qui fait beaucoup de bien, et se lit non sans nostalgie à la manière d’un GTO ou d’un Initial D pour prendre des exemples de titres très marqués par leur époque.


Concernant l’édition, elle est vendue comme Perfect car elle contient les deux premières pages du manga en couleurs... Plus anecdotique encore, des pages bonus sont également en couleurs. C’est clairement un attrape-nigaud car après avoir lu les 5 premiers tomes de cette édition Perfect, on fait le constat que seul le premier d’entre-eux a des pages couleurs. De plus, l’édition reprend la traduction et le lettrage de l’époque, là où la norme est de refaire au moins le lettrage et de revoir un minimum la traduction. Ici, rien n’est touché, c’est le zéro absolu au niveau éditorial. On a donc un lettrage ne correspondant plus du tout aux normes actuelles, avec des onomatopées japonaises effacées et remplacées pas toujours très bien par des françaises. C’est d’autant plus incompréhensible qu’il s’agit d’un manga musical, et que l’impact des onomatopées se doit d’être essentiel. Niveau traduction, ce n’est guère mieux. Les manières de parler sont fluides et naturelles, quand les personnages n’utilisent pas des mots en japonais, parfois traduits hors de cases par des astérisques. Un travail d’adaptation qui serait inacceptable aujourd’hui. De plus, certains mots japonais ne sont pas traduits, comme lorsque que Izumi-chan (parce que oui, c’est la foire aux suffixes) dit aller à son bukatsu. Dans l’ancienne édition, Delcourt avait eu la bonne idée de mettre du lexique en fin de volume pour expliquer ce genre de mots et ne pas perdre le lecteur. Sauf que là, pour la réédition, non seulement l’éditeur a conservé les mots japonais dans la traduction mais en plus il n’a pas jugé bon de garder les pages de lexique. Du coup, si vous ne comprenez pas un mot japonais employé dans le manga, tant pis pour vous, fallait savoir. Au pire allez chercher sur internet. C’est nul, vraiment. On rappelle tout de même que le manga coûte 15 € et qu’il est en petit format, ce qui est très au-dessus des standards des éditions doubles au même format chez d’autres éditeurs, parce que oui, c’est une édition double, ni plus ni moins. Il est à peine moins cher que les éditions doubles de Panini, mais qui sont quant à elles en grand format, et bien plus cher que celles de Glénat comme L’école emportée, qui ne sont pourtant pas données. Et Panini comme Glénat corrige les traductions et refont le lettrage d’ailleurs, comme tout éditeur digne de ce nom. Notons tout de même qu’il y a un médiator aux couleurs de la série offert avec le premier tome. Il est très bon marché et pas du tout original, mais il a le mérite d’exister.


Si l’édition n’est clairement pas à la hauteur du titre, il serait dommage de passer à côté de Beck. Ce premier tome est charmant, il ensorcelle même par moments, et donne furieusement envie de découvrir la suite de l’épopée musicale de Koyuki et ses amis.


Critique 1 : L'avis du chroniqueur
jojo81
17 20
Note de la rédaction
Note des lecteurs