Beastars Vol.22 - Actualité manga
Beastars Vol.22 - Manga

Beastars Vol.22 : Critiques

Beastars

Critique du volume manga

Publiée le Jeudi, 09 Juin 2022

Chronique 2 :


Le combat décisif entre Legoshi et Melon fait rage au marché noir, et l'issue du duel pourrait être décisive quant au futur des lieux. De leur côté, Gosha et Yahya souhaitent intervenir, mais ils croisent par hasard le plus improbable des individus : Le père de Melon. Le duo joue alors son va-tout, car présenter le criminel à son père toujours en vie pourrait peut-être chambouler le cours des événements...

Dire que Beastars est une série qui a énormément marqué son lectorat serait un euphémisme. Depuis son lancement chez nous début 2019, l’œuvre de Paru Itagaki nous a transportés et fascinés, que ce soit par sa galerie de personnages attachants, l'aura très particulière de ce monde constitué d'animaux anthropomorphes, ou les différentes thématiques sociétales émanant de cet univers que nous pouvons mettre en lien avec notre propre réalité. L'adaptation animée, véritable réussite en terme de technique et d'adaptation, a contribué à ce beau succès. Alors, ouvrir le dernier tome de la série est une expérience particulière puisqu'elle est le point de départ d'une préparation aux adieux.

Le tome final s'ouvre quand le combat entre Legoshi et Melon approche de son dénouement. Pourtant, la mangaka parvient à amener de nouveaux rebondissements qui, au delà d'apporter davantage de dynamique au combat décisif de la série, a une charge symbolique indéniable. Les barrières séparant carnivores et herbivores tombent alors, de manière peut-être un peu simple certes, pour une séquence au sens particulièrement fort. Paru Itagaki abordant depuis les débuts de son histoire cette éternelle opposition entre les deux types d'animaux, la conclusion thématique proposée est logique. Optimiste, peut-être même utopique, elle honore le combat mené par les personnages principaux depuis un bon moment, ce qui en fait un achèvement cohérent. Néanmoins, l'autrice sait apporter de la nuance lorsque c'est nécessaire. Notamment en ce qui concerne le personnage de Melon, chassez le naturel et il revient au galop, aussi une rédemption trop propre le concernant semblait inappropriée.

Par une série d'événements lourds de sens, Beastars touche du doigt avec efficacité son achèvement thématique, dans cette série prônant le vivre-ensemble tout en abordant les différences entre individus qui forment ce monde anthropomorphe. Mais si on s'est amouraché de l’œuvre, c'est aussi pour sa galerie de personnages. Alors, Paru Itagaki nous ravit en prenant le temps de montrer quelques lendemains des figures phares, même si certaines manquent malheureusement à l'appel. Et là aussi, on apprécie que l'autrice n'aille pas toujours à la facilité, surtout en ce qui concerne les romances importants de l'histoire. La finalité entre Legoshi et Haru est donc logique, pas forcément à l'image d'un conte de fée idéal, mais pourtant tellement en phase avec ces deux personnages uniques ! Une autre relation est, elle aussi, menée à sa fin, sans doute pas de la manière dont on l'aurait espéré, mais s'assume comme un morceau d’écriture décisif des deux concernés dont les choix traduisent leurs caractères.

Pour une série telle que Beastars, il semblait impossible d'accoucher d'une conclusion faisant l'unanimité. Néanmoins, Paru Itagaki nous propose un ultime volet convaincant à presque tous les niveaux, censés dans l'aboutissement de ses thématiques, et qui résout les destins des personnages principaux de l’œuvre. Des personnages qu'on regrette de devoir quitter... A moins que les vrais adieux ne soient pas pour tout de suite. En effet, deux volumes de la série d'histoires courtes Beast Complex ont été dessinés par l'autrice après la fin de sa série fleuve. Certaines d'entre-elles pourraient donc ramener des têtes bien connues, ce qui expliquerait le choix des éditions Ki-oon d'avoir attendu avant de nous proposer ces deux derniers volets. Dans tous les cas, c'est à travers eux que nous pourrons prolonger l'immersion dans cette société unique un petit moment encore !



Chronique 1 :


Toutes les bonnes choses doivent elles aussi avoir une fin, et Beastars ne fait pas exception: après s'être terminée au Japon en fin d'année 2020, c'est désormais en France que le bijou de Paru Itagaki trouve sa conclusion avec ce 22e volume, après quasiment trois années et demi de publication aux éditions Ki-oon. Forcément, pour une série de ce calibre, on attendait un final à la hauteur, surtout après le volume précédent qui faisait très bien monter les attentes. Et globalement, c'est bel et bien la satisfaction qui nous anime au bout de cet ultime opus qui, bien qu'un peu rapide sur certains éléments concernant le devenir des personnages, conclut le récit avec toute l'intelligence que l'on pouvait en attendre.


A l'issue du tome précédent, nous laissions nombre de personnages dans une situation cruciale. Au sein du Marché Noir, Legoshi est en train de mener son "ultime" combat contre Melon, cet hybride mi-léopard mi-gazelle qui, ayant grandi dans une situation loin d'être évidente, a décidé de tout emporter dans ses méfaits... y compris lui-même, puisqu'il semble attendre impatience la mort à l'heure où notre héros paraît prendre le dessus sur lui.

De son côté, Louis, en pleine conférence de presse pour le groupe Horns dont il vient de prendre la tête, a osé clamer haut et fort qu'il ne faut plus détourner les yeux du Marché Noir et de ce qui s'y passe, puisque tout ceci n'est que réalité. Et alors qu'on lui a arraché le micro des mains et qu'on tente de le faire taire, Kyu et les membres du Gang des Lions ont volé à sa rescousse avec un objectif clair: l'amener auprès de Legoshi !

Quant à Yahya et Gosha, ils ont la surprise de tomber, dans la foule, sur le père de Melon, gazelle qui était censé avoir été tué dévoré par sa compagne. Et alors que Gosha s'immisce avec une classe folle entre cet homme et les journalistes en clamant qu'une famille n'est pas une attraction de foire, ce que le père de Melon a à lui dire risque toutefois de calmer un peu ses ardeurs...


Paru Itagaki a donc plusieurs pistes à faire converger dans ce dernier tome, et globalement elle effectue cela avec beaucoup de maestria, toujours avec la volonté de dégager des idées à la fois fortes et nuancées. Ainsi la vérité est-elle un peu cruelle concernant le père de melon, un homme n'ayant jamais été capable d'assumer sa relation avec une léopard pour plein de raisons comme le regard des autres ou la peur naturelle que la carni lui procurait malgré tout, situation familiale douloureuse et inconnue de melon, qui explique de plus belle le manque d'amour dans lequel l'hybride a grandi jusqu'à faire de lui le jeune adulte destructeur et autodestructeur qu'il est devenu. Et évidemment, cette incapacité du père de melon à assumer est d'autant plus forte quand elle est mise en parallèle avec les propres choix d'un autre couple inter-espèces: Gosha, le grand-père de Legoshi, et sa tendre épouse Toki, que l'on a même l'occasion de découvrir un peu plus dans un joli flashback qui, certes, s'achève assez tragiquement, mais qui cristallise surtout tout l'amour que ces deux-là se sont portés malgré leurs différences, jusqu'à oublier leurs complexes.


A partir de là, il ne fait aucun doute que c'est désormais à Legoshi d'ouvrir la voie vers un autre avenir, où il est possible de vivre un véritable amour inter-espèces, chose qu'il fera merveilleusement dans la dernière ligne droite à travers son vrai "dernier duel" avec Haru. Car la petite lapine de caractère, celle par qui tout a un peu commencé pour Legoshi, n'est évidemment aucunement oubliée, en imposant sa vision des choses concernant sa relation avec Legoshi, leur possible futur mariage, les délicats comparatifs qui subsistent entre loup et lapin, entre "être fort" et "être faible", entre fille et garçon... et, surtout, son désir de bâtir une relation d'égale à égal. Clairement, la lapine séduit jusqu'au bout dans ce qu'elle véhicule. Et Legoshi, fidèle à lui-même, lui répond joliment, avec une idée essentielle à retenir franchir les risques ensemble, vivre ensemble en acceptant leurs différences. Une idée qui ne concerne pas uniquement l'amour mais aussi l'amitié, comme le montrera encore Louis quand il débarquera sur le terrain du combat du loup contre Melon. Et enfin, Melon lui-même n'est évidemment pas oublié, en opposant jusqu'au bout sa vision pessimiste face à l'idéal pleinement ouvert par Legoshi. Suffit-il de démolir le Marché Noir et de s'échanger quelques promesses pour que carni et herbi deviennent bel et bien amis ? Il est évident que non... mais c'est bien en avançant peu à peu dans la bonne voie, et toujours avec des valeurs de partage, que les choses peuvent changer petit à petit.


Peut-être regrettera-t-on quand même un peu que la toute fin ne soit pas un peu plus développée autour de l'avenir des personnages secondaires, certains d'entre eux étant même un peu oubliés même si Itagaki prend soin de dire vite fait ce que la majorité d'entre eux deviennent. Mais à l'arrivée, c'est bel et bien une conclusion réussie que s'offre Beastars. Ainsi s'achève l'histoire d'un loup qui, par amour pour une lapine, a changé le monde. Et avec elle, c'est l'un des mangas les plus riches en interprétations de ces dernières années qui s'achève, Beastars restant assurément un modèle de portrait de société à travers sa galerie de personnages tous plus attachants les uns que les autres.



Critique 2 : L'avis du chroniqueur
Takato

17 20
Critique 1 : L'avis du chroniqueur
Koiwai
17.5 20
Note de la rédaction
Note des lecteurs