Beast King and Medicinal Herb Vol.1 : Critiques

Juuou to Yakusou

Critique du volume manga

Publiée le Mardi, 08 Avril 2025

Nouvelle série des éditions Doki-Doki pour ce mois d'avril, Beast King and Medicinal Herbest l'adaptation, par Asahi Sakano (un ancien assistant de l'auteur de Black Clover), d'une oeuvre originale scénarisée par Tatsukazu Konda (l'auteur du manga Silver Wolf, Blood, Bone paru en France chez Kurokawa) et illustrée par Momochichi. Lancé au Japon en 2023 dans le magazine Ura Sunday et sur l'application Manga One des éditions Shôgakukan sous le titre Juuou to Yakusou, ce manga de fantasy a notamment reçu les louanges du scénariste de Frieren Kanehito Yamada, ce qui, avouons-le, a de quoi intriguer et nous laisser sur de beaux espoirs !

Tout semble pourtant commencer de façon assez classique avec l'expédition menée dans un donjon par Tina, jeune aventurière mage qui est proche de passer rang B dans la Guilde des aventuriers. Ayant pris pour habitude, ces derniers temps, de mener des missions pas trop difficiles, elle doit cette fois-ci se contenter de former d'apprentis aventuriers... sans se douter de ce qui est sur le point de lui arriver dans ce monde où le roi-démon et ses généraux sont censés avoir tous été éradiqués il y a des dizaines d'années par les humains. Attaquée par un redoutable monstre à un niveau du donjon où celui-ci n'est pas censé être si coriace, laissée pour morte, sur le point de vivre ses derniers instants, la jeune fille voit apparaître devant elle nul autre que Galon, le Roi des Bêtes et ancien général du Roi Démon, censé être mort avec ses congénères. Pensant voir bel et bien arriver sa dernière heure dans une terreur décuplée, Tina voit pourtant ce démon lui proposer un pacte: en échange de soins, elle devra l'aider, avec sa magie, à soigner les monstres des différents donjons qui pourraient être blessés par les aventuriers...

Au vu de ce pitch de base où Galon fait preuve de mansuétude (il pourrait tuer Tina, a priori ennemie héréditaire car humaine, mais choisit une autre voie) et de bonté (en souhaitant soigner les monstres), une question nous vient naturellement: de quel côté sont réellement les "méchants" ? Du côté des démons et des monstres, ou du côté des humains ? C'est en premier lieu là-dessus que vont jouer les auteurs en dévoilant, au fil des premières missions de soin du duo principal, un portrait plus complexe où l'on découvre des aventuriers humains trop prompts à attaquer immédiatement ce qui n'est pas comme eux, des monstres qui agissent simplement comme des animaux de la chaîne alimentaire et qui ont des émotions (à l'image du dragon rubis, meurtrie par la perte de son enfant), et des démons qui n'ont peut-être en réalité jamais spécialement considéré les humains comme des ennemis à abattre à tout prix, avec à la clé une certaine idée de coexistence.

Sans être nouvelles car elles se retrouvent de manière éparse dans d'autres mangas, ces idées changent suffisamment de la majorité des récits de fantasy actuels pour susciter tout notre intérêt, plus encore au vu de la relation qui va commencer à se construire entre les deux personnages principaux... relation où il faudra d'abord s'apprivoiser ! En effet, il va de soi que Tina, ayant grandi du côté humain avec tout ce que ça implique de récits sur les méchants démons, a d'abord une peur bleue face à un Galion qui, ne pouvant lui-même pas accorder facilement sa confiance tout de suite, va d'abord forcer notre héroïne via un pacte, puis la tester quand celle-ci reviendra le voir d'elle-même, intriguée, alors que rester avec lui l'obligerait à cacher beaucoup de choses à ses congénères humains. C'est après qu'il sera question de bâtir un lien de confiance, au gré de soins aux monstres où l'on entreverra quelques brèves stratégies de survie face aux aventuriers. Cette découverte par Tina de "l'autre côté du miroir", c'est-à-dire du point de vue des démons et des monstres, suscite déjà beaucoup notre curiosité.

Enfin, sur le plan graphique, Asahi Sakano livre une copie aussi classique qu'efficace. Classique, car rien ne sort spécialement de l'ordinaire en termes de découpages des planches et de designs, que ce soit les designs humains, celui de Galion (qui en impose mais qui se contente d'humaniser un peu la puissante figure du lion), ou ceux des monstres classiques de la fantasy (slimes, etc) ou vaguement plus originaux (tigrecornes, taupeforeuses, mystipics... ceux-ci étant juste des versions "enrichies" d'animaux existant dans notre réalité). Et efficace, car tout est suffisamment travaillé y compris dans les décors, et que l'ensemble est fluide dans le déroulement.

Ce sont donc de belles promesses que ce premier volume pose côté univers et histoire, plus encore au vu des dernières pages qui devraient vite amener des premiers dangers plus consistants. Il y a très facilement de quoi avoir envie de découvrir ce qui attend cet étonnant binôme principal dans une quête elle-même peu commune, et on attendra donc la suite avec beaucoup d'intérêt après cette efficace mise en place !

Enfin, côté édition française, c'est du tout bon pour Doki-Doki: la jaquette est soigneusement adaptée de l'originale japonaise tout en s'offrant un logo-titre joliment travaillé, la traduction de Rodolphe Gicquel est très claire, le lettrage effectué par Jean-François Leyssène est soigné, le papier allie souplesse, épaisseur et opacité, et l'impression est très bonne.


Critique 1 : L'avis du chroniqueur
Koiwai
15.5 20
Note de la rédaction