Beast Complex Vol.3 : Critiques

Beast Complex

Critique du volume manga

Publiée le Jeudi, 10 Novembre 2022

Nous y voici donc: l'ultime volume de Beast Complex, et par la même occasion de la saga Beastars, une oeuvre au fil de laquelle Paru Itagaki aura su nous épater constamment, que ce soit grâce à son univers anthropomorphe bien pensé, aux excellentes idées de design que cela a permis, et surtout à tout ce qui a pu en découler en termes de richissime portrait de société. Mais qui sait, peut-être que ces adieux à l'oeuvre maîtresse de l'autrice ne seront pas définitifs ? En effet, ce troisième tome de Beast Complex a beau être annoncé comme étant le dernier, Itagaki avoue dans sa postface qu'elle ne s'interdit pas de revenir dans cet univers de temps à autre. Autant dire que l'on n'aurait absolument rien contre, au vu de toutes les possibilité que peut encore offrir ce monde !

Mais pour l'heure, profitons déjà de ce tome 3, où la mangaka nous offre une nouvelle salve de 7 histoires courtes se déroulant toujours dans le même univers que Beastars, et qui sont autant d'occasion de peaufiner ou d'approfondir encore certains sujets. Ici, on suit les tourments d'un serpent qui trouve le corps suicidé de la hyène qui le harcelait mais qui, pour ne pas être accusé à tort du meurtre (car les serpents ont une image négative et on les dit fourbes et impossibles à cerner), ne trouve rien de mieux que d'engloutir le corps, avant de se questionner sur ce qui a bien pu pousser son camarade au suicide. Là, alors qu'une biche sika et une panthère des neiges tous deux acteurs profitent de leur consécration à une cérémonie, la panthère avoue à sa collègue la tragique raison pour laquelle il a si bien su jouer le carni si amoureux qu'il a dévoré sa dulcinée. On suit également l'amitié naissante entre une adolescente brebis incapable de prendre la moindre initiative et son camarade de classe tortue passionné de tatouage si bien qu'on se fait des idées infondées sur lui, une amitié entre un crocodile pauvre et un boeuf riche dont le lien est mis à mal, ou encore une employée de bureau tigresse qui étouffe au travail à force de ménager ses collèges herbi et qui, alors, souffle uniquement quand elle va dans un salon de massage où sa relation avec la masseuse alpaga va prendre un tournant surprenant où il sera question de soumission/domination.

En plus de ces cinq récits indépendants, les deux autres chapitres composant ce tome offrent des connexions encore plus fortes avec Beastars. Dans l'un, on a l'occasion de retrouver, un an plus tard, le coupe lion-lapine dont la relation avait tourné au drame dans le chapitre 119 de la série: après tout ce temps, que pourront-ils se dire, et leur relation pourra-t-elle reprendre ? Et dans l'autre, Legoshi s'offre une nouvelle apparition alors qu'il a l'occasion d'assister à des funérailles d'un poulpe avec le phoque Sagwan, pour un résultat très intéressant où il sera question de philosophie de vie de Sagwan en tant qu'animal vivant dans l'océan, un monde où la règle est de manger ou d'être mangé... Clairement, l'univers de animaux marins est un aspect qu'Itagaki pourrait facilement approfondir encore si elle revenait un jour dans le monde de Beastars/Beast Complex, tant il apparaît différent.

Bien que la brièveté des chapitres fait qu'Itagaki précipite parfois les chutes des histoires, chacun de ces récits est l'occasion pour la mangaka d'aborder de plus belle un petit paquet de sujets, ceux-ci pouvant être encore plus vaste si l'on laisse notre esprit vagabonder dans les métaphores: la mort, les violences faites aux femmes, les apparences, l'hypocrisie pour soigner sa popularité, les diktats le monde du travail... sont quelques-uns des thèmes que l'on peut repérer et sur lesquels on peut réfléchir grâce à ces histoires. Tout en sachant que le talent d'Itagaki s'exprime ici encore plus quand elle atteint cet instant où les duos de personnages, qu'ils soient amoureux, amis, de simples connaissances voire censés de détester, finissent par se mettre à nu, au-delà des apparences et des choses imposées par la société.

A l'image des deux précédents volumes, ce troisième et potentiellement dernier tome de Beast Complex est donc une belle réussite dans l'ensemble. Les histoires ont beau être toujours courtes, elles ont tous quelque chose de plus à apporter au monde de Beastars, un univers si riche, si vaste et si bourré de possibilités que l'on n'aurait rien contre une éventuelle reprise de l'oeuvre un jour.


Critique 1 : L'avis du chroniqueur
Koiwai
16 20
Note de la rédaction
Note des lecteurs