Beast Complex Vol.1 - Actualité manga

Beast Complex Vol.1 : Critiques

Beast Complex

Critique du volume manga

Publiée le Lundi, 23 Août 2021

Chronique 3 :

Beastars est de ces séries qui marquent une génération, une série originale, avec une tonalité propre et qui se démarque du reste de la production bien souvent façonné dans le même moule.
Le titre a rencontré un fort succès au Japon et était attendu de pieds fermes avant même sa sortie officielle en France. Et depuis plus de deux ans que le titre est disponible chez nous, son succès, mais aussi le talent de son auteure, ne se sont jamais démenties. Le titre parvient à nous surprendre sans cesse grâce à une finesse d'écriture impliquant des personnages complexes avec des relations ambiguës mais fascinantes.
Outre son approche et son ton caractéristiques, la série se démarque aussi par une patte graphique inédite et singulière...mais redoutablement efficace.
Et alors que le titre s'est conclu au Japon avec son 22e opus (à l'heure actuelle nous n'en sommes qu'au volume 17 en France), Paru Itagaki prolonge l'aventure avec un spin off, ou plutôt un recueil d'histoire courtes, certaines datant d'avant la publication de Beastars.
Ainsi Beast Complex devrait se constituer de 3 volumes et nous narre les relations complexes entre les carnivores et les omnivores dans ce monde si riche et tellement fascinant!

Ce premier volume rassemble six histoires courtes, toutes mettant en scène un binôme de personnages avec systématiquement un herbivore et un carnivore.
Toutes les histoires vont insister sur la difficulté pour eux de vivre ensemble mais aussi sur le fait que malgré leurs différences, bien des choses les rassemblent, et si une méfiance apparaît inévitable, la cohabitation en harmonie est possible!

Les titres de chacune de ces histoires renvoient sobrement aux animaux qui tiendront lieux de personnages principaux pour le récit: "Le lion et la chauve souris"; "Le tigre et le castor"; "Le dromadaire et la louve"; "Le kangourou et la panthère noire"; "Le crocodile et la gazelle"; "La renarde et le caméléon".
Ainsi à première vue on a l'impression d'être devant des fables de La Fontaine...et on n'en est pas si loin puisque chacun de ces récits va nous proposer une morale et une jolie conclusion.

Le point commun est évident à trouver entre toutes ces histoires: il va s'agir de la défiance qui existe entre les carnivores et les herbivores...et si cette crainte n'est pas toujours justifiée, l'auteure n'exclut pas une véritable menace que font peser les premiers sur les seconds.
Ainsi par exemple dans l'histoire "Le crocodile et la gazelle", on va découvrir une jeune gazelle prenant part à une émission de cuisine, qui va se voir attribuer un nouveau collègue avec qui présenter l'émission: un crocodile! La jeune femme va alors devenir paranoïaque et hystérique et va refuser de faire confiance à l'appétit des carnivores (cette histoire est clairement à mettre en lien avec une critique du patriarcat et de la supposée supériorité masculine)...jusqu'à ce qu'elle réalise que le gigantesque crocodile n'est autre qu'un fin gourmet qui prépare des plats végétaux succulents!
A l'inverse "Le kangourou et la panthère noire" va mettre en scène un vieux kangourou blasé qui va offrir un refuge à une jeune panthère noire dans son hôtel miteux...jusqu'à ce qu'il finisse par réaliser que la jeune fille est de mèche avec des trafiquants de viande du marché noir! Ici la menace n'est pas psychologique, elle est bien réelle...pour autant l'histoire est belle et poétique.

"Le lion et la chauve souris" va nous raconter une histoire d'amitié semblant impossible et partant sur de bien mauvaises bases; à l'inverse de "Le tigre et le castor" qui sera aussi une histoire d'amitié mais allant à l'encontre de toutes les conventions sociales, où juste la volonté d'un jeune tigre va remettre en question toutes les prédictions des adultes.
"La renarde et le caméléon", peut être le récit le moins pertinent, va aussi nous raconter une histoire d'amitié, prémices à une histoire d'amour, mais ce sera "Le dromadaire et la louve" qui va nous parler le mieux de la fascination que deux espèces si différentes peuvent éprouver l'une pour l'autre, allant jusqu'à lorgner vers les déviances sexuelles tel que le cannibalisme.

Avec chacune de ces histoires, l'auteure va continuer de développer son univers sans jamais être redondante, chacune d'entre elles explorant une facette différente de ces relations inter-espèces si complexes et qu'on pourrait ramener sans mal à nos relations humaines.

Si ce recueil peut être un parfait prolongement à l'univers de Paru Itagaki pour les lecteurs connaissant et appréciant Beastars, cela peut aussi être une parfaite porte d'entrée pour ce monde si particulier avec ses règles cohérentes. Ainsi il n'est pas nécessaire d'avoir lu Beastars pour apprécier ce tome, voire même que commencer par là peut être une approche encore plus pertinente avant de se lancer dans la série principale.

Il est amusant de constater que le trait de l'auteure a bien évolué au fil des tomes de sa série, puisque la lecture à ce jour de ce recueil nous fait voyager dans le temps, à une époque où Itagaki était moins expérimentée. Pour autant son trait demeure habile et sa capacité à humaniser des animaux reste parfaite.

C'est toujours un grand plaisir de savourer des histoires supplémentaires prolongeant le riche univers de Itagaki, d'autant que ce premier opus est particulièrement plaisant à lire, l'auteure nous proposant des récits variés et avec des morales différentes.
Peut être pas réellement indispensable, mais ce serait vraiment dommage de se priver d'un tel plaisir.


Chronique 2 :

Deux ans et demi se sont déjà écoulés depuis le lancement en France de Beastars, une série qui les éditions Ki-oon ont pris soin de chouchouter depuis ses débuts, ne serait-ce qu'en faisant venir son autrice Paru Itagaki au FIBD d'Angoulême fin janvier 2019 pour le lancement de l'oeuvre dans notre pays. Au fil du temps, Beastars s'est ainsi imposé comme une pièce maîtresse, comme l'un des mangas les plus riches de ces dernières années, de par le talent que montre Itagaki pour dépeindre une société et des personnages anthropomorphes crédibles, qui sont autant d'occasions d'aborder des thématiques qui ont trèèès souvent quelque chose d'allégorique par rapport à notre propre monde réel. Et quand bien même la série s'est achevée au Japon dans son magazine de prépublication l'automne dernier puis a vu son 22e et dernier tome y paraître début janvier 2021, on n'a pas fini d'entendre parler de Beastars, puisque la deuxième saison de son adaptation animée arrivera ce mois-ci à l'international (dont la France) sur Netflix, après une première saison déjà couronnée de succès et qui, début 2020, avait permis de faire connaître encore plus l'oeuvre. Alors, en ce mois d'arrivée de la saison 2 animée, et aux côtés de la publication française du tome 17 de Beastars, il n'est pas étonnant de voir Ki-oon continuer de bichonner l'univers imaginé par Itagaki, en nous proposant de découvrir ce qui est un véritable prolongement de l'univers de Beastars: Beast Complex.

Beast Complex fut la première publication professionnelle de Paru Itagaki au Japon, et se compose d'une succession d'histoires courtes toutes ancrées dans le même univers que Beastars. Un signe qui ne trompe pas: dès les premières pages de la première histoire, on peut distinguer sur une case une discrète apparition de notre cher Legoshi, le personnage central de Beastars. Tandis que Beastars fut lancé en septembre 2016 dans le magazine Shônen Champion des éditions Akita Shoten, Beast Complex a vu le jour quelques mois avant, à partir de mars 2016, en faisant donc réellement office de "coup d'essai" ayant permis à l'autrice de tâtonner son univers et d'en poser les bases. Mais il faut savoir que, sur les 6 histoires courtes composant le volume initial de Beast Complex, seules les 4 premières ont été publiées avant le début de Beastars. Ce n'est que quelques mois plus tard, en 2017, qu'Itagaki conçut les deux dernières histoires, publiées parallèlement à Beastars qui suivait déjà bien son cours. Le tome 1 de Beast Complex est ainsi paru au Japon en février 2018, en même temps que le 7e volume de Beastars. Et si l'on dit "tome 1", c'est bien parce que, plus récemment, Beast Complex a eu droit à une suite. Parallèlement à Beastars, Paru Itagaki continua effectivement à dessiner quelques histoires courtes de Beast Complex. Puis après la fin de Beastars, elle accentua le rythme et publia plusieurs nouvelles histoires courtes en quelques mois, jusqu'en mars 2021 où elle mit bel et bien un terme à cet univers. Ainsi, des tomes 2 et 3 de Beast Complex sont sortis au Japon coup sur coup, en avril et mai 2021.

Comme déjà dit, Beast Complex se compose donc d'une succession d'histoires courtes (six dans le cas de ce premier tome), qui sont toutes ancrées dans l'univers de Beastars, et qui, dans cet univers anthropomorphe, prennent toutes pour thématique principale un sujet également central dans beastars: les rapports/relations entre carnivore et herbivores, les deux devant cohabiter en harmonie mais non sans certains problèmes. Chaque récit de ce premier tome propose en personnages principaux un duo, composé d'un carni et d'un herbi, avec pour but de nous immiscer dans différentes situations potentiellement complexes. Ici, on suit l'évolution d'abord houleuse entre un lion délégué de classe et une chauve-souris ne venant plus en cours depuis un an et haïssant les lion pour une raison tragique. Là, on assiste à l'amitié forte mais apparemment contre-nature de deux enfants, un tigre carni et un castor herbi... leur amitié si belle perdurera-t-elle au fil du temps, alors qu'ils grandiront forcément ? Puis on découvre la relation d'un soir entre un dromadaire et une envoûtante louve qui va le changer. On suit l'irruption, dans un hôtel délabré tenu par un kangourou, d'une très jeune et mystérieuse panthère noire à la fois attachante mais qui semble cacher quelque chose de plus sombre. On voit les chamailleries d'une gazelle avec son nouveau partenaire crocodile dans une émission culinaire sur le déclin. Et on parcourt l'amourette collégienne entre un caméléon sans la moindre confiance en lui et une renarde souffre-douleurs de ses semblables mais pleine de caractère.

Dans chaque histoire, Paru Itagaki confronte d'une façon différente les rapports conflictuels entre carni et herbi, que ce soit via les différences physiques, la crainte toute naturelle des herbi face à ceux qui sont censés être des prédateurs, des attaques meurtrières de carni sur des herbi, du commerce illégal de viande... soit autant de situations permettant à la mangaka d'esquisser les bases de l'univers de Beastars: l'interdiction pour les carni de manger de la viande, la mixité, l'existence des marchés noirs... ou même la difficulté des langues marines, chose évoquée dès la toute première histoire de Beast Complex et qui aura son importance beaucoup plus tard dans Beastars, en nous montrant donc que même ça, la mangaka l'avait déjà imaginé bien en amont. Mais si chaque histoire part sur des rapports carni/herbi délicats, chaque récit, par différents prismes (le respect, la compréhension, l'amitié, la fascination, l'amour...), développe ensuite des situations montrant que carni et herbi peuvent s'apporter énormément. Ainsi, bien souvent, les duos vedettes de Beast Complex proposent des personnages qui, en se côtoyant, ont beaucoup à s'apporter. Enfin, on appréciera l'exploitation très honnête de choses que l'on prête facilement à certains animaux en particulier: l'orgueil du lion, le camouflage du caméléon, la roublardise du renard...

Visuellement, la patte d'Itagaki est déjà bien là, solide: ses designs assez fins offrent des animaux anthropomorphes subtilement humanisés dans leurs dégaine mais aussi dans leur expressivité très forte. On retrouve d'emblée le charme typique que l'on connaît déjà via Beastars, tandis que ces histoires courtes sont également l'occasion d'apprécier les évolutions graphiques qu'à pu connaître l'autrice au fil de la publication de son oeuvre-phare.

Et côté édition, on est dans la droite lignée de Beastars. On retrouve le même format, un logo-titre semblable, une bonne qualité de papier et d'impression similaire, et une traduction d'Anne-Sophie Thévenon tout aussi vive et convaincante.

Le premier volume de Beast Complex est alors une belle réussite, chaque histoire étant vraiment bien campée et esquissant tout ce qui fait le charme de Beastars. Pour celles et ceux suivant déjà la série-phare d'Itagaki, on a ici un excellent complément, tout en imaginant que les tomes 2 et 3 seront encore meilleurs puisque la mangaka pourra y tirer parti d'encore plus de richesses développées au fil de Beastars. Et pour les néophytes, il peut s'agir d'une très bonne porte d'entrée, pour s'essayer à moindre frais à ce fascinant et riche univers.


Chronique 1 :

Beastars, une œuvre qu'on ne présente plus tant elle a su marquer durant ces dernières années, a assuré une belle réputation à l'autrice Paru Itagaki, aussi bien au Japon qu'à l'international. Outre son trait aussi singulier qu'expressif, et donc très personnel, elle est l'une des rares mangaka à proposer des univers prenant comme personnages des animaux anthropomorphes. On ne reviendra pas sur toute la chronologie de cette belle série qui s'est conclue au Japon avec son 22e tome, tandis que l'anime a fédéré de nouveaux fans et sachant que sa seconde saison débarquera chez nous durant ce mois de juillet 2021, toujours sur Netflix.

Ce n'est sans doute pas un hasard du calendrier si l'éditeur Ki-oon a opté pour une parution du 17e opus de la série durant ce même mois, mais aussi pour celle du premier tome de Beast Complex. Si Beastars débute en septembre 2016 dans le magazine Shônen Champion de la maison Akita Shoten, Paru Itagaki s'était d'abord fait la main avec plusieurs histoires courtes situées dans le même univers. Les 6 premiers chapitres paraissent entre mars 2016 et novembre 2017, pour donner lieu à un recueil en février 2018, alors que la parution de la série « principale » bat son plein. En janvier 2021, après la conclusion de Beastars, l'autrice revient à ses premiers amours et dessine quelques histoires supplémentaires pour faire de Beast Complex une courte série de trois recueils. L'aventure commence et se finit par le titre, la boucle étant alors bouclée.

Il serait donc difficile d'établir un synopsis précis de ce tome premier, du fait que celui-ci comprenne six récits qui se déroulent dans l'univers que nous connaissons bien. Ce simple constat permet alors d'affirmer que l'expérience du lecteur français est sans doute différente de celle des japonais qui ont découvert Beast Complex en amont, pour une certaine partie du public, puisque certains ont sans doute inauguré cette série d'histoires via le volume relié. De notre côté, nous sommes en terrain connu et conquis, et il ne nous reste alors qu'à profiter des scénarios dépeints par l'artiste.

Ces premières histoires viennent cibler de manière différente un monde anthropomorphe régit par ses règles et ses dilemmes moraux et sociaux. Carnivores et herbivores cohabitent et se craignent bien souvent, une opposition qui est souvent à chaque fois mise en exergue dans ce premier ouvrage. Elle en devient même le mot d'ordre de ces six histoires qui, à leur manière, vont dépeindre les relations possibles entre ces deux types de créatures, de l'amitié candide de deux enfants jusqu'à la relation d'un soir, sulfureuse et brisant les tabous, en passant par l'opposition entre deux camarades de lycées ou deux collègues d'émission télévisée. Dans l'idée, la formule pouvait s'avérer répétitive, mais il n'en n'est absolument rien. Dés ces premières histoires, Paru Itagaki maitrisait ses sujets et son univers, et parvient ainsi à dépeindre une société fascinante et crédible dans sa direction, tout en abordant des ambiances à chaque fois différentes. Ce premier tome aborde les relations humaines et les différences entre espèces animales avec douceur mais aussi avec humour et mélancolie. Chaque récit, et donc chaque binôme, est voué a véhiculer un ton et une optique quant aux relations herbivores/carnivores.
Pour un lecteur convaincu de Beastars, le tout se savoure d'une traite tant on se lance dans un nouvelle histoire comme on reprendrait une part d'une gourmandise dont on ne se lasse jamais. Et si le connaisseur de l'univers de Paru Itagaki sera aux anges, Beast Complex pourra aussi faire office de découverte pour celles et ceux qui n'auraient pas pris le risque de se lancer dans l’œuvre longue de la mangaka. Complément ou porte d'entrée, cette première partie de ces recueils d'histoires courtes est à mettre entre toutes les mains.

Il sera aussi appréciable d'observer l'évolution graphique de l'autrice. Car à l'heure où sort ce premier tome, Beastars atteint déjà son 17e opus, aussi nous sommes habitués à un trait qui a évolué. Avec les débuts de Beast Complex, retour aux prémices de l'art de la mangaka. Déjà à l'époque, cette dernière se montrait habile dans sa manière d'humaniser des figures animales, en mettant l'expressivité à l'honneur. Ce n'est pas un hasard puisque depuis toute petite, Paru Itagaki aime croquer graphiquement ce type d'univers, une jeunesse sur laquelle elle revient d'ailleurs en anecdote en doute fin de volume.

La réussite de Beast Complex n'avait pas de quoi surprendre tant Beastars est une série qui imposait ses qualités d'entrée de jeu. Pourtant, ce premier opus réussit à étonner par sa capacité à se renouveler sans cesse tout en gravitant autour d'une idée commune. Par ses jeux d'ambiance et ses personnages variés, le tome montre un autre aspect de la richesse de cet univers d'animaux anthropomorphes. Il y a déjà de quoi se rassurer quant à l'existence de deux tomes supplémentaires qui, on l'espère un peu, abordera certaines idées qui interviennent plus tard dans la série fleuve, telles que les animaux marins ou les hybrides. Dans tous les cas, on ne boudera pas son plaisir pour se plonger à deux reprises supplémentaires dans cette salve d'histoires courtes.
  

Critique 3 : L'avis du chroniqueur
Erkael

16.5 20
Critique 2 : L'avis du chroniqueur
Koiwai

16.5 20
Critique 1 : L'avis du chroniqueur
Takato
17 20
Note de la rédaction
Note des lecteurs