Battle Royale - Ultimate Edition Vol.8 - Actualité manga
Battle Royale - Ultimate Edition Vol.8 - Manga

Battle Royale - Ultimate Edition Vol.8 : Critiques

Battle Royale

Critique du volume manga

Publiée le Mercredi, 30 Octobre 2019

Il ne reste que quatre survivants dans cette édition du Programme : Le trio Shûya, Noriko et Kawada, ainsi que l'impitoyable Kiriyama. La bataille finale opposant la poignée d'adolescents touche à sa fin. Pour protéger Noriko, Shûya utilise ses dernières armes et tient sa promesse faite plusieurs heures plus tôt : pour protéger la jeune fille, il est prêt à brandir les armes.
Pour autant, parviendra-t-il à mettre Kiriyama hors d'état de nuire ? Et quel est le fameux plan de Kawada pour s'échapper de l'île ?

Avec ce huitième épais pavé, la longue version manga de Battle Royale par Masayuki Taguchi prend fin. Le final est clairement à la hauteur de nos attentes : après la remarquable montée de tension permanante au sein de la série, les derniers événements de l'intrigue sont traités de manière effrénée, que ce soit la conclusion du duel contre Kiriyama ou l'après. Le sens du rythme, c'est quelque chose qu'a toujours su maîtriser le mangaka dans son adaptation, et il ne déroge pas à son talent avec cette fin aussi prenante qu'intense dans ses différents rebondissements.

Car si certains verront venir quelques retournements de situation, ceux-ci n'en restent pas moins trépidant, amenant correctement et sans détour la fin de l'aventure de Shûya, Noriko et Kawada. Une aventure hautement tragique, mais qui a le mérite de se conclure sur une fin douce-amère totalement cohérente, et qui ne cherche pas à en faire trop.

Pourtant, on pouvait redouter une démesure émotionnelle avec les premières pages du pavé qui insistent énormément sur la volonté de Shûya, celle d'entretenir à jamais la mémoire de sa classe disparue au cours d'un massacre incensé. Reste que cette longue séquence fonctionne bien, et joue quelque part sur la mélancolie du lecteur qui a appris à connaître ces personnages, à les apprécier comme à les détester, et à les voir mourir de manière injuste et/ou attroce. C'est très classique dans la forme, mais ça fonctionne très bien en terme d'émotion. La fin du manga Battle Royale est alors sans réelle fausse note, et ne laisse jamais la place au regret.

Enfin, concernant cet opus final, on apprécie l'ultime message développé, et légèrement décortiquée dans la passionnante interview de Masayuki Taguchi et Kôshun Takami à la fin de l'histoire. Plus qu'un cri de guerre contre la société, la série aura été un long discours sur la violence dont est capable l'être humain. Un discours qui, quelque part, nous met face à nos responsabilités, pour peu qu'on ait trouvé certaines scènes de massacre jouissives. Mais, surtout, l'altruise de Shûya apporte un message finalement positif sur l'ensemble, et se révèle cohérent par rapport à de nombreuses pistes entreprises. L'humain est complexe, et sa cruauté ne naît pas toujours du néant. Il ne faut pas l'excuser pour autant, mais la confronter de la manière la plus positive possible.

Seulement, le manga Battle Royale de Masayuki Taguchi prend fin à la moitié du pavé. Parce qu'un tome simple pour conclure cette fresque de belles briques manga serait un peu malvenu, c'est le one shot Battle Royale : Angel's Border qui vient clore l'aventure, une véritable aubaine puisque la version simple de l'ouvrage était devenue bien difficile à trouver, y compris en occasion, les spéculateurs s'en donnant toujours à cœur joie pour utiliser n'importe quel prétexte pour arrondir leurs fins de mois.

Ce one-shot, nous le devons à deux mangaka, Mioko Ohnishi et Yôhei Ogumi. Tous deux n'ont qu'une carrière restreinte, surtout le second dont l'oeuvre se limite à sa participation à l'ouvrage.
Plus qu'un spin-off du manga de Masayuki Taguchi, Angel's Border constitue deux autres interprétations du roman de Kôshun Takami avec une idée commune : celle du groupe de filles qui ont investi le phare de l'île au cours de l'aventure, et qui ont secouru Shûya avant de connaître un funeste dessin. Une séquence phare, aussi bien dans le manga que dans le film de Kinji Fukasaku. Il ne faut donc pas être surpris de certaines différences de design, puisque les deux mangas ne sont pas réellement liés, et correspondent simplement à différentes visions de mangaka différents. Une surprise comme une richesse d'ailleurs, puisqu'il est agréable de voir comment chaque artiste fait sien de l'univers de Kôshun Takami.

Mais le piège d'un tel one-shot aurait été de tomber dans la redite, s'il s'agissait d'adaptations pures et simples de l'épisode du phare. Les deux auteurs se révèlent plus astucieux que ça, puisqu'ils développent des backgrounds inédits à deux des filles du phare, une très bonne idée quand on sait que le récit originel ne mettait véritablement l'accent que sur Yûko. On assiste alors au récit de deux des demoiselles, avec parfois quelques flash-forward bien utilisés afin de montrer le drame du phare sous un jour différent, et créer un impact émotionnel pertinent. Globalement, c'est donc deux tranche de vie dramatiques qui nous sont proposées, un ton surprenant pour du Battle Royale mais qui permet d'apprécier certains personnages sous un jour de véritables collégiens, là où le manga de Masayuki Taguchi les représentait parfois un peu trop comme des adultes. Le tout tout en restant fidèle à l'univers : certaines pistes du monde créé par Kôshun Takami sont réutilisées judicieusement, donnant à l'ensemble une jolie cohérence.

C'est finalement le style de chaque artiste qui créer un véritable décalage avec le long manga qui vient de s'achever. Mioko Ohnishi a une patte très épurée, crédible pour de la tranche de vie, mais qu'on imaginerait mal dans un long récit Battle Royale. Quant à Yôhei Ogumi, on perçoit une éventuelle influence d'Inio Asano, ce qui rend sa patte très expressive et un peu plus conforme à une œuvre telle que Battle Royale. C'est aussi lui qui nous livre l'histoire la plus chargée émotionnellement d'Angel's Border, bien que celle de Mioko Ohnishi reste appréciable dans ce qu'elle propose.

Il faut donc accepter un parti-pris très différent pour apprécier Angel's Border, un one-shot qui met en relief la dimension humaine de Battle Royale de manière différente, et qu'on apprécie pour les visions respectives des deux mangaka que nous n'avons malheureusement jamais connus pour d'autres travaux en France. En guise de bonus à ce tome final de la réédition, c'est un supplément plus qu'appréciable, et qui permet de conclure la lecture sur une notre un peu plus posée.

C'est donc un huitième tome intense et poignant qui vient conclure le manga Battle Royale, avec l'intéressante expérience qu'est Angel's Border, qui ne plaira peut-être pas à tout le monde. Au terme de 8 tomes, on retiendra alors une œuvre aussi violente qu'humaine, profitant du style très détaillé et particulier de Masayuki Taguchi, dont le mérite est d'avoir le temps de décortiquer le roman de Kôshun Takami. Un des maîtres du manga de survie, souvent copié et jamais égalé, qui n'a pas pris une ride en presque vingt ans. L'avantage de cette édition est aussi de contenir tous les mangas Battle Royale qui valent le coup. Épargnez vous Blitz Royale qui n'a pas eu le temps d'un vrai développement, et qui a servi de produit promotionnel au film Battle Royale II plus qu'autre chose.
   

Critique 1 : L'avis du chroniqueur
Takato
17 20
Note de la rédaction
Note des lecteurs