Baltzar - La guerre dans le sang Vol.3 - Manga

Baltzar - La guerre dans le sang Vol.3 : Critiques

Gunka no Baltzar

Critique du volume manga

Publiée le Jeudi, 27 Février 2020

Chronique 2

Nourrie par une forme de propagande orchestrée dans l'ombre par Rudolf suite à la reprise des industries Strunz par Reiner, la colère des ouvriers et d'autres personnes du Baselland s'est intensifiée, au point de donner naissance à des émeutes de plus en plus virulentes ! Les cadets de l'infanterie de l'école militaire n'ont alors d'autre choix que de participer à une inévitable répression, sous la houlette de Baltzar qui a décidé de lui-même prendre le commandement des troupes. L'assaut est forcément brutal, sans états d'âme, et des blessés et des pertes seront à déplorer des deux côtés. Cela dit, les troupes de l'école militaire l'emportent forcément... mais à quel prix ? Baltzar est tombé en plein dans le piège de Rudolf, qui avait pris soin de faire venir différents photographes pour les journaux... Et la bataille de terrain laisse bientôt place à une bataille d'opinion publique.

Après des premières pages qui, sans trop traîner, retranscrivent bien la brutalité de la répression sous les yeux d'un Helmut tenue à l'écart, Nakajima Michitsune enchaîne très vite sur la fameuse bataille d'opinion publique enclenché par les articules de journaux, conçus à sens unique comme prévu par Rudolf, et jetant alors le discrédit sur Baltzar et sur Wessen, auxquels les civils pourraient bien reprocher de s'être trop impliqués dans les affaires du Basselland... Comment s'en sortira notre héros ? Saura-t-il trouver les bons mots, les bons gestes lors que la cérémonie de remise des médaille,s pour retourner un tant soit peu la situation à son avantage tout en rendant hommage aux morts ?

Vite et bien, l'auteur exploite efficacement certaines dérives que l'on peut donner aux médias, pour ensuite encore mieux rebondir dès lors qu'a lieu une rencontre diplomatique au sommet entre le camp du prince héritier August, où se trouve Rudolf, et celui de Reiner, auprès de qui agit Baltzar. Alors que les positions de Wessen restent affaiblies par ce qui s'est passé, Baltzar et les siens pourront-ils rester en odeur de sainteté au Baselland ? Notre héros manie habilement les mots et démontre tout son sens de la diplomatie, mais en face de lui se trouve en Rudolf un vieil ennemi qui, lui ausis, à plus d'un tour dans son sac... et en particulier un surprenant et puissant soutien de poids ! L'heure est alors venue pour le mangaka d'enrichir encore d'un cran son univers avec l'installation d'un autre pays puissant, le grand Empire d'Erzreich, une république prenant soin de soutenir August, et étant donc anti-Weissen. Les enjeux deviennent soudainement plus clairs, la possible opposition entre les deux princes du Baselland prend une nouvelle ampleur, et dans les mois à venir Baltzard devra veiller à s'attirer l'avantage de la situation pour que l'alliance du Baselland continue de se tourner vers Weissen et non vers Erzreich...

Et cela passe par un point particulièrement important de ce tome: l'exploitation des nouvelles technologies galopante de l'époque, en tête desquelles les locomotives et le développement des chemins de fer. Pendant plusieurs dizaines de pages, l'auteur aborde cette question de manière très intéressante, car il l'approfondit jusque dans l'importance que les rails peuvent avoir sur le plan militaire en plus du plan diplomatique. Nakajima n'oublie rien, a le souci du détail, et, pour cela peut toujours compter sur sa manière de jongler entre réalité et fiction dans son Europe du XIXe siècle imaginaire, en exploitant des modernisations de l'époque à sa manière. Cela ne s'arrête d'ailleurs pas aux chemins de fer: il y a les appareils-photos au tout début, mais aussi, vers la fin du volume, l'émergence de moyen de transport autres que les chevaux, risquant bien de reléguer au second plan des choses traditionnelles ou archaïques telles que la cavalerie...

Dans ces différents aspects, l'école militaire en elle-même est moins présente, certes, mais le mangaka sait tout de même en exploiter intelligemment certains visages. On pense bien sûr à Dieter, l'héritier des industries Strunz, donc le rôle prend une nouvelle place. Mais aussi à Helmut, cette fière jeune fille s'étant faite passer pour un homme afin d'intégrer l'école dans la cavalerie et ainsi entretenir le rang de sa famille noble, mais qui en arrive ici à souffrir de sa place, de sa mise à l'écart, jusqu'à peut-être être poussée par Baltzar à reconsidérer certaines choses.

Enfin, Baltzar lui-même reste un personnage principal particulièrement complexe, tant il dégage d'ambiguïté. Jamais tout blanc ou tout noir, il séduit dans ce qu'il cherche à apporter de nouveau à cette époque ou dans ses élans de diplomatie, tout autant qu'il peut effrayer dans ses aspects les plus impitoyables, comme en témoignent les premières pages du volume. Surtout, il a beau prendre parfois sous son aile certains cadets avec application, cela semble souvent se faire dans le but de les utiliser à ses fins... Jusqu'où ira l'ambivalence de ce personnage ?

Avec ce troisième opus, la série de Nakajima ne fait alors que confirmer ses qualités. Ici très bavard mais toujours intéressant dans ses différents aspects, le récit continue d'avancer, de s'enrichir, de gagner en enjeux, en annonçant une suite encore plus prenante.


Chronique 1

Baltzar parvient à mener une cavalerie, composée d'élèves novices, afin de calmer la révolte manifestante. Mais les manipulations de Rudolf portent leur fruit, et les actes de Baltzar sont perçues négativement pour le peuple. Allié au prince Reiner, malgré leurs caractères divergents, il va devoir faire preuve d'astuce et de clairvoyance pour démêler ces manigances politiques, qui risquent d'amener des soucis diplomatiques plus importants encore...

Balztar est un récit guerrier mais surtout politique, et c'est toute cette dimension qu'exploite Michitsune Nakajima dans une grande partie de ce tome exclusivement consacrée aux manœuvres politiques des différents camps. Ainsi, on quitte l'école militaire sur une grande partie du volume pour se consacrer à différents jeux de pouvoir particulièrement intenses.

Cet aspect, le mangaka le dépeint avec une précision assez surprenante, développant chaque petite manigance et aspect diplomatique avec soin, pour un rendu très bavard qui mérite toute l'attention du lecteur. Pour les amoureux d'intrigues politiques du genre, c'est du caviar, nourrit par toute l'influence XIXe siècle qui entoure la série. Entre les complots et l'utilisation de l'évolution des technologies, l'auteur rend son univers géopolitique particulièrement percutant et foisonnant. On entre dans des rixes entre pays qui risquent d'amener à un conflit total mais sans jamais oublier les richesses de l'univers, inspirées de l'Europe des années 1800.

Alors, cette dimension de l’œuvre est tellement mise en avant qu'on pourrait oublier, dans un premier temps, les différentes recrues que forme Baltzar. C'est plutôt dans sa seconde partie que le volume trouve un excellent équilibre à ce sujet : les problématiques politiques amenée par le redoutable Rudolf étant maintenant plantées, le récit peut faire intervenir certains des étudiants de l'académie du Beselland. Et très globalement, ce troisième tome apporte d'intéressants développements, tout en nouant des alchimies appréciables entre le commandant de Weißen et ceux qui l'entourent. Avec certains de ses élèves, d'une part, mais aussi avec Reiner, le second prince du Baselland, une relation qui amène même des enjeux encore plus importants et palpitants.

Et le plus remarquable, c'est que l'ensemble fonctionne autour d'un protagoniste particulièrement complexe. Baltzar se confirme comme un individu rationnel qui use de tous les moyens à disposition pour arriver à ses fins, parfois même les moins scrupuleux. Sympathique, il n'est pourtant jamais moralement blanc, loin de là. Cette ambiguïté, Michitsune Nakajima nous la fait ressentir à de multiples reprises dans ce troisième tome, si bien qu'il est parfois compliqué de totalement soutenir le commandant. Mais paradoxalement, ce sont ces dilemmes qui donnent envie de découvrir la suite du récit par le prisme de ce protagoniste.

Toujours passionnant, Baltzar : La guerre dans le sang s'offre un troisième tome aussi intense que complexe. Les discours et complots politiques sont légions, mettent en exergue l'univers de la série, aussi bien ses côtés militaires que son traitement des technologies, et ce sans jamais oublier les personnages qui prennent toujours plus d'importance et de relief au sein du récit. C'est dense et bavard, mais c'est particulièrement prenant.
   

Critique 2 : L'avis du chroniqueur
Koiwai

16 20
Critique 1 : L'avis du chroniqueur
Takato
16 20
Note de la rédaction
Note des lecteurs