Badass Cop & Dolphin Vol.1 - Actualité manga
Badass Cop & Dolphin Vol.1 - Manga

Badass Cop & Dolphin Vol.1 : Critiques

Shakunetsu no Niraikanai

Critique du volume manga

Publiée le Vendredi, 21 Janvier 2022

Publiée en France entre 2011 et 2015 et au Japon de 2009 à 2015, Beelzebub est une série qui a su marquer le magazine Shônen Jump dans la première moitié des années 2010, quand bien même l'oeuvre, comme souvent avec les séries du Jump, a pu souffrir de grosses rallonges moins inspirées histoire d'user le succès jusqu'à la moelle. Riche de 28 tomes, cette toute première série de la carrière de Ryûhei Tamura avait alors offert une certaine notoriété à l'auteur, au point que celui-ci fut même invité en France par Kazé en 2014 lors de Japan Expo... mais il faut avouer que, depuis, Tamura semble malheureusement peiner à vraiment rebondir, puisque ses deux séries suivantes, Hungry Marie (2017, 4 tomes) et Shakunetsu no Niraikanai (2020-2021, 5 volumes), ont tourné court voire très court pour des comédies estampillées Jump, en n'ayant a priori pas vraiment su faire leurs preuves auprès du lectorat nippon. Cela n'empêche néanmoins pas Kazé Manga de rester fidèle au mangaka: ainsi, après avoir sorti un Hungry Marie franchement moyen dans notre langue courant 2018, l'éditeur offre sa chance, en cette année 2022, à Shakunetsu no Niraikanai, publié dans notre pays sous le nom anglais peu inspiré Badass Cop & Dolphin.

Cette série nous immisce auprès de Boyle Samejima, 28 ans, le flic le plus badass de Shinjuku, qui ne jure que par ses méthodes bourrines qu'il trouve super classes... enfin, à Shinjuku, il ne va plus y rester longtemps: à force d'agir "à l'ancienne" en n'en faisant qu'à sa tête lors de ses interpellations musclées, le bonhomme en arrive à tellement agacer ses supérieurs qu'il se retrouve muté loin, très loin: dans le plus petit poste de police du pays, sur l'île d'Anegashima sur l'archipel Ogasawara, à 1200km au sud de la préfecture de Tokyo ! Alors, certes, ça lui permet d'avoir en nouvelle collègue l'agente Umi Nanase, mignonne jeune femme de 24 ans dont la candeur n'a d'égal que le tour de poitrine. Mais les cigales, les patates, les papys et le mauvais réseau internet semblent voués à être son nouveau quotidien, ce qui n'a pas grand chose (voire rien du tout) des trucs badass dont il a fait son principe de vie... du moins, c'est ce qu'il croit, jusqu'à ce que sa nouvelle collègue lui fasse part d'une affaire pour le moins singulière qui ronge l'île depuis peu: la réapparition depuis l'océan, sur le dos d'un dauphin, de Chako, une petite fille d'environ 5 ans et à l'identité inconnue, qui était autrefois vénérée par une secte nommée le Culte de la Mer et qui, comme les autres membres de la secte, avait été victime d'une disparition collective. Pourquoi est-elle réapparue ? Que cache cette secte ? Et, surtout, pourquoi le dauphin l'ayant recueillie/élevée, Orpheus F. Lipper (appréciez le jeu de mots), est-il le nouveau supérieur hiérarchique et binôme de Boyle ?!

Un flic débile ne jurant que par les actions badass tel un Chuck Norris insulaire, une gamine énigmatique élevée par un dauphin et placée sous la protection de la police, ce même dauphin se révélant capable de parler et de se transformer pour devenir le nouveau collègue de Boyle sans que ça choque grand monde... Pas de doute, on est bien dans un manga de Ryûhei Tamura ! Tout comme dans Hungry Marie et surtout dans Beelzebub, le mangaka installe un mélange d'action improbable et d'humour absurde ou loufoque qui sont un peu sa marque de fabrique, quitte même à reprendre la recette du héros adulte bastonneur et de l'enfant pas comme les autres (façon Beelzebub), mais en y ajoutant un ubuesque collègue dauphin en guise de troisième larron. Et à l'arrivée, il faut avouer que la recette prend plutôt bien sur ce premier volume: même si l'humour fonctionne plus ou moins correctement selon le registre (les éléments comiques sur les gros seins de la naïve Umi pourront parfois paraître lourds, même si certains gagas fonctionnent bien concernant l'idiotie totale des mecs devant la jolie jeune femme), Tamura se fait un plaisir de pousser assez loin son comique idiot en imaginant une idée supplémentaire qui, sur la longueur, pourrait faire la différence, à savoir le casting complètement insolite de méchants. Le mangaka s'empare effectivement de l'idée que 95% des animaux marins nous seraient encore totalement inconnus, pour tout simplement imaginer ici une galerie d'ennemis en tous genres, plus ou moins dangereux, provenant directement des fonds marins avec la faculté de se transformer plus ou moins bien en humains, le prétexte étant alors tout trouvé pour distiller des designs complètement grotesques, certains faisant bien leur effet.

Sur ces bases, l'auteur offre quelques premières petites missions surfant entre cette action loufoque et cet humour joyeusement crétin, où la petite Chako se mêle même très bien avec son comportement souvent digne d'une gamine de son âge (avec ses petits caprices, ses petites lubies, ses jeux...). Et même si lesdites missions restent pour l'instant très simples, en toile de fond on y voit bel et bien s'installer une trame globale plus consistante, tournant autour de la petite fille, et de la menace que pourrait faire peser sur elle le Culte de la Mer, Chako ayant un pouvoir qui semble beaucoup attirer les créatures marines...

Retrouver le dessin de Tamura est également un plaisir dans l'ensemble: si les décors insulaires ont quelque chose d'assez dépaysant, on retiendra surtout les designs convaincants pour chaque personnage, en particulier quand il s'agit de designs grotesques. Qui plus est, la narration est très claire, et certains moments nous offrent vraiment des gags bien crétins amplifiés par le découpage (il suffit parfois de tourner une page pour tomber sur une scène insolite sans forcément totalement d'y attendre).

Au bout du compte, après un Hungry Marie qui était de plus en plus mitigé au fil des tomes, l'auteur montre déjà plus de bonnes idées ici. Badass Cop & Dolphin devra confirmer par la suite, mais pour l'instant il y a des idées bien esquissées (avec même, peut-être, la possibilité d'un scénario qui se tient sur 5 volumes), ainsi qu'un humour joyeusement grotesque et idiot qui a de quoi faire mouche bien souvent.

Quant à l'édition française, elle s'avère tout à fait satisfaisante dans l'ensemble. On retrouve le petit format shônen classique de l'éditeur (le même que pour Beelzebub et Hungry Marie), ainsi qu'un papier souple et sans transparence permettant une impression convaincante. Le lettrage signé Hinoko est très propre, tandis que la traduction de Manon Debienne et Sayaka Okada est fluide et souligne bien l'humour typique de l'auteur. Enfin, on a droit à une jaquette assez simple, très proche de l'originale japonaise, et bénéficiant d'un logo-titre assez bien trouvé.
  

Critique 1 : L'avis du chroniqueur
Koiwai
14.75 20
Note de la rédaction
Note des lecteurs