Critique du volume manga
Publiée le Mercredi, 07 Février 2024
Le Totius Mundi. Tel est le nom du traité qu'Olsen compte désormais apprendre à maîtriser, maintenant qu'il a pu identifier l'origine du palimpseste suite aux informations révélées par les hommes d'église. Depuis, chaque jour, dès qu'il a fini son travail le jeune homme court rejoindre les religieux dans ce but, en ne manquant pas de susciter l'inquiétude de son ami Lipp qui aimerait qu'il se confie plus à lui.
La première partie de ce quatrième et avant-dernier volume de BABEL est avant tout consacrée aux phases d'apprentissage d'Olsen pour essayer de maîtrise le fameux traité, et cela ne s'annonce pas évident au vu de ce qu'il apprend et comprend encore dessus. Car le fait est que le Totius Mundi se manifeste en toute chose, est immanent à ce monde, et que son simple contact pourrait suffire à provoquer le chaos (c'est pour ça qu'il est gardé sous clé dans le livre des prophéties), tant et si bien que le pouvoir que notre héros convoite est immense, dépasse la compréhension humaine et pourrait provoquer le pire. Et en prime, à tout ceci s'ajoutent d'autres facteurs, d'autres personnages, comme les gardiens du livre qui sont chargés de préserver le Totius Mundi et de maintenir l'ordre dans les espaces topologiques en gardant son pouvoir scellé, ou encore la dénommée Eleni Flick qui, de par sa fonction, est vouée à prendre une importance capitale dans la dernière ligne droite.
Cette dernière ligne droite, elle se lance efficacement dans la deuxième moitié du tome, dès lors qu'arrivent certains événements amples et cruciaux menaçant aussi bien l'entourage d'Olsen (à commence par Lipp, cet ami qui souhaite tant lui être utile) que la cité d'Europaris elle-même, voire plus encore. Et tout en distillant quand il le faut de nouvelles révélations importantes (ce qui se cache derrière le projet "restauration", l'identité du palimpseste, ce qu'est devenu le père d'Olsen) et en parsemant son oeuvre de diverses références (ça va du film Fight Club, jusqu'au Totius Mundi lui-même puisque ce nom fait référence à un traité anonyme du IVe siècle existant réellement), Narumi Shigematsu lance alors avec fracas la bataille finale de son personnage principal. Une bataille qui, entre autres, le condamnera inévitablement à devoir se frotter à ses propres douloureux souvenirs d'il y a 13 ans.
A l'heure où le rythme s'accélère encore et où les révélations fusent de plus belle, la quatrième volume de BABEL nous confirme que la mangaka livre un récit qui est très, très exigeant mais où elle sait dans quelle direction elle va, tant tout semble avoir été bien préparé depuis le premier volume. Et en filigranes, les thématiques qu'elle ne cesse d'esquisser en toile de fond restent très prenantes, que ce soit autour de l'humanité (via l'opposition entre Olsen et Ferran, entre autres), du pouvoir des livres, des frontières entre réalité et virtuel, et on en passe. Et une nouvelle fois, l'oeuvre est un peu plus éclairée par une nouvelle postface intéressante, celle de ce 4e opus étant signée Shion Miura, écrivaine réputée notamment pour l'excellent roman La Grande Traversée. Certes, il faut rester très concentré à la lecture, mais le jeu en vaut sans aucun doute la chandelle. Dans tous les cas, BABEL est une oeuvre que l'on prendra sûrement encore plus de plaisir à (re)lire d'une traite pour s'imprégner au mieux de son complexe scénario... et ça tombe bien, puisque le 5e et dernier tome sort cette semaine !