Ayako Vol.1 - Actualité manga
Ayako Vol.1 - Manga

Ayako Vol.1 : Critiques

Ayako

Critique du volume manga

Publiée le Vendredi, 30 Août 2013

Jirô Tengé est un jeune soldat japonais fait prisonnier par les Américains pendant la Seconde Guerre mondiale. À son retour, il redécouvre sa famille, son père, sa mère, ses frères et sœurs, qui cachent de terribles secrets, à commencer par la naissance de la jeune Ayako, dernière venue de la famille. Lui-même a sombré dans l’obscurité la plus totale en donnant son âme aux Américains pour lesquels il est espion. C’est lorsque ses supérieurs lui demandent de mettre un cadavre sur les voies du chemin de fer que le vrai drame commence…

La réputation d’Osamu Tezuka n’est plus à faire. À travers son œuvre prolifique, on peut y déceler pour chacune de ses séries une fenêtre ouverte, un focus sur un aspect de la société japonaise. Avec Ayako, Tezuka traite le thème de l’honneur familial de la manière la plus noire possible.

Tout le long de ce premier, l’auteur nous dresse un portrait dramatique du genre humain pour chacun des membres de la famille Tengé. Lâcheté, manipulation, infidélité négociée, mutisme, autant de qualificatifs qui nous font détester, nous lecteurs, ces personnages abjects. Plus exactement, les hommes, car les femmes de la famille sont les premières victimes de leurs méfaits, notamment la petite Ayako, quatre ans, dont les causes de son malheur sont les conditions de sa naissance et le fait qu’elle ait vu et entendu quelque chose qu’elle n’aurait pas dû voir ou entendre. En bref, Tezuka parvient nettement à nous faire ressentir du dégoût, du malaise en instaurant une ambiance glauque à travers les agissements de ces protagonistes. On n’y reste difficilement insensible.

En plus de la famille Tengé, l’auteur met en scène des personnages secondaires qui ont déjà une certaine importance, comme Shimokawa, référence à Shimoyama, personnalité historique connue pour être décédée dans des circonstances étranges, ainsi que les commissaires chargés d’enquêter sur sa mort et la mort d’un syndicaliste. Cette mise en valeur de personnages secondaires, fictifs et historiques, a inspiré d’autres mangakas par la suite. Par exemple, on peut voir dans plusieurs mangas de Naoki Urasawa des protagonistes similaires. Si ces personnages ont une connotation positive, d’autres sont détestables à l’instar de Shagnon, le militaire américain qui règne sur l’économie japonaise et les chemins de fer. En se renseignant un peu, on sait cet homme, ayant réellement existé, se comportait de la même manière dans la réalité, preuve que Tezuka a le souci du détail et de la vraisemblance.

Une autre chose que l’on peut noter, c’est que Tezuka a un certain sens de la cinématographie, comme le montre le découpage d’Ayako. C’est particulièrement visible pendant les scènes uniquement visuelles, sans texte. Par exemple, en faisant se succéder des petites cases représentant le même plan mais dont l’objet bouge (un visage la plupart du temps), on ne peut s’empêcher de penser à certaines scènes de cinéma, à l’ancienne. D’autre part, il parvient à nous faire ressentir de l’angoisse grâce à narration, notamment en accentuant certains traits de visage ou par le contexte de certaines scènes.

En bref, Tezuka nous livre avec Ayako un de ses mangas les plus saisissants, celui dont on ne ressort pas indemne. La dernière page de ce tome un fait plonger le lecteur dans un drame profond, où l’humain fait face à l’inhumain. On se demande de quelles horreurs sont encore capables les Tengé. Un manga parti pour être très marquant, assurément.

Bien que cette édition date quelque peu, elle reste de très bonne qualité. On peut presque être agréablement surpris de voir un Tezuka en sens de lecture original, surtout pour l’époque. La qualité d’impression est sans défaut, la traduction est correcte. On apprécie la présence d’une page bonus qui introduit au lecteur le contexte de ce manga à portée sociale et politique.

Raimaru

Critique 1 : L'avis du chroniqueur
Raimaru
18 20
Note de la rédaction
Note des lecteurs