Ayakashi Triangle Vol.1 - Actualité manga
Ayakashi Triangle Vol.1 - Manga

Ayakashi Triangle Vol.1 : Critiques

Ayakashi Triangle

Critique du volume manga

Publiée le Mercredi, 05 Janvier 2022

Ayant déjà fait le bonheur des éditions Tonkam (ensuite devenues Delcourt/Tonkam) par le passé avec la saga à succès To Love/To Love Darkness, le mangaka Kentaro Yabuki est de retour en grandes pompes en France chez ce même éditeur en ce tout début d'année 2022, avec le lancement simultané, aujourd'hui-même, de ses deux dernières séries en date. L'une, Darling in the FranXX, est bouclée en 8 volumes, et adapte l'anime éponyme. Tandis que l'autre, Ayakashi Triangle, est celle qui nous intéresse dans ces lignes.

La genèse d'Ayakashi Triangle trouve sa source dans "Leo x Leo", une histoire courte que Yabuki publia dans le Weekly Shônen Jump en 2019, qui rencontra un certain succès, et qui peut donc être considérée comme le chapitre 0 de l'oeuvre. C'est ensuite à partir du 15 juin 2020, toujours dans le plus célèbre magazine de manga du Japon, que l'auteur reprend les personnages principaux de cette histoire courte pour le compte de sa nouvelle série, celle-ci étant toujours en cours à l'heure actuelle, et étant sans doute vouée à encore durer un moment puisqu'elle connaîtra une adaptation en anime prochainement.

Cette nouvelle série nous immisce dans un Japon contemporain assez semblable au nôtre, à ceci près qu'y pullulent les Ayakashi, des esprits démoniaques pouvant infliger toutes sortes de maux aux humains, des plus anecdotiques aux plus dangereux. Le jeune Matsuri Kazamaki, lycéen de son état, est avant tout un apprenti ninja exorciste, héritier de la famille Kazamaki qui s'applique depuis des générations à chasser les Ayakashi. Et tandis qu'il vient tout juste de prendre la succession de son grand-père, il continue, depuis désormais plusieurs années, à protéger des démons son amie d'enfance Suzu Kanade, jeune fille de son âge qui attire depuis toujours les Ayakashi les plus dangereux car elle est le parfait réceptacle d'une puissante énergie dont les démons se régalent. Et c'est d'ailleurs sur l'entrée en scène du plus dangereux de tous, le "Roi des Ayakashi" Shirogane, que le récit démarre ! Ayant pris l'apparence d'un chat afin de mieux s'approcher de Suzu dans le but de la dévorer, Shirogane oblige Matsuri à se surpasser pour que le jeune garçon parvienne à sceller ses pouvoirs. Mais juste avant que le démon soit scellé sous une forme de vulgaire matou bedonnant sans grands pouvoirs, il parvient à infliger à notre héros un sort des plus surprenants, qui risque bien de lui compliquer un peu la vie au quotidien...

Un jeune ninja exorciste combattant des démons pour protéger les humains et plus particulièrement sa précieuse amie d'enfance: voila qui a déjà été vu mille fois, et on ne peut donc pas dire que Kentaro Yabuki offre un summum d'originalité... à une petite chose près, qui va faire la différence et qui devrait apporter sa petite pointe d'"unicité" (c'est quand même un grand mot) à la série sur la longueur: la nature du sort infligé par Shirogane à Matsuri. Cet événement-clé, vrai départ de l'oeuvre, arrive à la toute fin du chapitre 1 après une grosse cinquantaine de pages, mais étant donné que l'éditeur a eu la très bonne idée de ne pas le spoiler dans son synopsis en 4e de couverture, on va en faire de même et poursuivre cette chronique en ne révélant rien dessus. Retenez juste que c'est en partie cet événement qui sera vouée à apporter à l'oeuvre une part de sa saveur.

A part ça, eh bien on retrouve ce que le mangaka sait faire de mieux et qu'il avait déjà fait dans To Love en particulier (à ceci près que To Love n'était pas scénarisé par ses soins), à savoir un mélange d'action, de tranche de vie adolescente, de comédie et de romance, le tout saupoudré des inévitables jeunes filles mignonnes à croquer typiques de l'auteur. Ayakashi Triangle, dès ce premier tome, est effectivement très, très loin de se cantonner à des combats contre des ayakashi (c'est même un aspect très mineur pour l'instant), et voit le mangaka installer, dans un rythme assez vif et clair, tout un petit univers qui, sans être spécialement original, se veut déjà assez haut en couleurs.

Ainsi, côté ayakashi on découvre surtout des petits démons pas bien méchants, tandis que Shirogane devient vite une sorte de running gag: devenu un gros chat sans pouvoirs, il essaie de temps en temps de voler le parchemin ayant sceller sa puissance, mais semble tout aussi enclin à profiter des papouilles de Suzu et consorts.

Et côté tranche de vie, on assiste à une rentrée au lycée assez légère pour nos principaux personnages, entre les quelques gaffes de Matsuri qui peine d'abord à tenir compte de tout ce qu'implique le sort qu'il a subi, la personnalité guillerette à souhait d'une Suzu gloutonne et qui ne s'en fait pas trop avec les démons lui tournant autour, ou encore l'entrée en scène réussie des deux copines de cette dernière: Yayoi Toba alias Yayo, et Lucie Tsukioka alias Lu, l'une étant une espiègle et un peu vicieuse jeune fille adorant tripoter ses copines, et l'autre une petite blondinette plutôt rigolote avec son gimmick consistant à toujours tout prendre en photo derrière son minois de poupée neutre.

Mais l'auteur n'oublie pas non plus les relations: sur ce point-là, s'il faut noter l'entrée en scène de Sôga Ninokuru en guise de ninja exorciste "rival" (mais qui sera forcément un peu "décontenancé" par le sort subi par Matsuri), l'essentiel se focalise surtout sur Matsuri et Suzu, Yabuki offrant un petit travail déjà assez attachant sur ces deux-là, entre le premier qui s'évertue à protéger son amie d'enfance depuis toujours sans même avoir conscience de ce qu'il ressent peut-être pour elle, et la deuxième qui aime son ami depuis longtemps et aimerait éventuellement franchir un cap avec, quelles que soit les conséquences du sort qu'il a subi. Qui plus est, Yabuki n'oubliera pas de peaufiner vite et bien cette relation étroite, via quelques moments de courts flashback exposant les origines de leur amitié, ce qu'ils représentent l'un(e) pour l'autre), ou même les raisons pour lesquelles Suzu ne s'en fait pas beaucoup face aux ayakashi qui pullulent près d'elle.

Enfin, pour accompagner tout ça, les qualités visuelles de Yabuki sont bel et bien au rendez-vous, et ses fans seront sans doute ravis de pouvoir profiter, en premier lieu, de toute le charme que le dessinateur est capable d'offrir à ses jeunes héroïnes, entre les pointes d'érotisme léger plus ou moins prononcées (et plus ou moins bien amenées), et des designs expressifs leur conférant une certaine fraîcheur. Le découpage et la narration, eux, sont très fluides, tandis que les décors et les designs de démons sont suffisamment travaillés sans forcément cherche l'originalité.

A l'arrivée, les fans de Kentaro Yabuki (et plus particulièrement du Kentaro Yabuki période To Love) devraient être en terrain conquis avec un début où l'on retrouve bien sa patte, autant dans l'ambiance que dans les dessins. Ayakashi Triangle n'a pas la prétention d'être très original, et il va sans dire que ses régulières notes ecchi ne plairont pas à tout le monde, mais pour qui aime cette recette il y a de quoi se laisser porter par le ton assez léger, par les personnages suffisamment bien campés et hauts en couleurs, et par le petit univers se mettant bien en place. Reste à voir si la série tiendra le coup sur la longueur, mais comme souvent avec les séries du Shônen Jump c'est une autre histoire.

Concernant l'édition, on a globalement droit à du bon travail: la jaquette reste proche de l'originale japonaise, le papier est souple et sans transparence, l'impression est tout à fait correcte, le lettrage de Benoit Lassailly est propre... On regrettera juste que la traduction de Josua lafitte, bien que claire dans l'ensemble, comporte quelques coquilles, dont une plutôt grosse dans la dernière partie du tome concernant la façon dont Yayo parle de Matsuri (difficile d'en dire plus sans spoiler le fameux sort subi par le personnage).
  

Critique 1 : L'avis du chroniqueur
Koiwai
14.5 20
Note de la rédaction
Note des lecteurs