Aux couleurs de la séduction - Actualité manga

Aux couleurs de la séduction : Critiques

Iromeku Kanojo

Critique du volume manga

Publiée le Jeudi, 24 Octobre 2019

Connue jusque-là en France pour le récit sur fond historique Dorothea (paru aux éditions Asuka il y a une dizaine d'années) et pour le très bon manga de danse En Scène! (en cours de parution chez Kurokawa), Cuvie est également une mangaka célèbre au Japon dans un tout autre registre: le hentai, dans lequel elle est plutôt très prolifique depuis le tout début de sa carrière en 2003. En ce mois d'octobre, les éditions Taifu Comics nous proposent d'enfin découvrir dans notre langue cette autre face de la talentueuse artiste, avec la publication d'Irumeku Kanojo, renommé Aux couleurs de la séduction chez nous.

Paru au Japon en 2014, ce recueil regroupe 11 histoires courtes initialement parues dans le magazine Comic Kairakuten Beast du populaire éditeur Wanimagazine. Tous les récits font exactement 18 pages, et proposent des situations assez variées. Une petite amie si jalouse face à la belle et taquine amie d'enfance de son copain qu'elle est prête à tout pour le garder et lui faire plaisir. Un étudiant toujours collé par une adorable demoiselle qu'il peine à cerner. Une soirée un peu trop arrosée qui tourne bizarrement entre deux potes et l'amie qu'ils convoitent tous les deux. Un jeune homme demandant à son amie d'enfance si demander à sa petite amie une branlette espagnole est attirant ou dégoûtant. Deux amis d'enfance ne s'étant pas vus depuis des années et décidant de concrétiser un "jeu" qu'ils avaient commencé quand ils étaient petits. Une collègue ivre qui finit par se laisser aller avec l'homme qu'elle passe son temps à taquiner. Un étudiant profitant des rumeurs sur une amie pour se faire dépuceler. Un garçon observant aux jumelles les étranges va-et-vient d'une jolie jeune fille chez un voisin, et qui s'avèrera bien plus perverse qu'elle ne le semble. Un provincial se faisant accueillir d'une façon plutôt étonnante à Tôkyô par la fille qu'il a toujours admirée. Un jeune homme recueillant chez lui une connaissance en plein chagrin d'amour. Une pétillante demoiselle servant à sa manière de récompense pour le cousin qui l'héberge pendant ses révisions.

Telles sont les brèves histoires qui nous attendent ici... ou, au lieu d'histoires, parlons plutôt de situations: en seulement 18 pages à chaque fois, Cuvie n'a évidemment pas l'occasion de proposer quelque chose d'hyper travaillé et va donc à l'essentiel. Mais quasiment à chaque fois, elle s'en sort très bien en posant rapidement son petit contexte stimulant et immersif, bien aidé par le fait que dans tous les cas les personnages se connaissent déjà (amoureux, amis, collègues, voisins...), et où à quasiment chaque fois on a droit à des personnages tous consentants (et même quand ça a l'air de ne pas être le cas, en réalité les personnages semblaient n'attendre que ça) qui ont tout simplement envie de passer un bon moment ensemble.

Caractérielles, réservées, un peu vicieuses ou un brin délurées, les différentes héroïnes sont aussi classiques que plaisantes, tout comme les héros d'ailleurs, qui dans la plupart des cas sont également bien campés. Le classicisme se retrouve aussi dans les ébats: rien d'hyper original, les seules "fantaisies" que Cuvie se permet d'aborder un peu étant le plan à trois et la branlette espagnole. Mais qui dit classique ne dit pas mauvais, et l'autrice peut vraiment compter, pour nous satisfaire, sur le déroulement souvent soigné de ses récits, et surtout sur sa patte visuelle très plaisante. Retrouver son dessin dans ce registre coquin peut-être un ravissement si l'on est sensible à ses silhouettes un peu gracile et assez réalistes, à ses expressions faciales débordant souvent d'envie, de désir, de plaisir pur ou de plaisir un peu gêné... La touche féminine que l'autrice apporte se ressent bien, elle sait également varier assez ses angles de vue malgré la classicisme des pratiques, et elle s'applique également assez sur les vêtements ainsi que sur les décors.

Servi dans une bien jolie édition (bonne qualité de papier et d'impression, première page en couleurs, traduction claire de Benjamin Moro malgré une petite confusion des noms dans le 3e récit), Aux couleurs de la séduction est donc un recueil aussi classique qu'efficace, qui doit beaucoup à l'expérience de Cuvie et au charme de son trait délicat.
   

Critique 1 : L'avis du chroniqueur
Koiwai
15 20
Note de la rédaction
Note des lecteurs