Autour d'elles Vol.3 - Actualité manga
Autour d'elles Vol.3 - Manga

Autour d'elles Vol.3 : Critiques

Ohana Horohoro

Critique du volume manga

Publiée le Mercredi, 10 Mars 2021

Chronique 2 :

Michiru a obtenu une promotion et souhaite l'annoncer à M. Mochizuki, ce qui lui donnerait l'occasion de le remercier, essentiellement de s'occuper autant de Yûta à la crèche. Ces nouvelles responsabilités professionnelles, la jeune femme est bien décidée à les assumer comme il se doit et à montrer qu'elle a évolué, dans l'espoir de montrer à Maya qu'elle peut désormais compter sur elle. Quant à Maya, elle reste tout même un peu troublée par le retour dans sa vie de Kuwabara, qui lui a fait une demande en mariage. Tandis que le petit Yûta reste leur fil conducteur, les hésitations et les non-dits s'accumulent pourtant entre les deux femmes, jusqu'à peut-être bouleverser en profondeur le fragile équilibre de leur relation...

Cet équilibre qui se fissure petit à petit est amené à nous laisser sur une décisions de première importance en toute dernière page de ce troisième volume, le genre de décision qui pourrait tout faire basculer. Mais avant d'en arriver là, Shino Torino ne brûle aucune étape à poursuit un abord tout en finesse de la psyché de ses personnages, via des tourments intérieurs et des éléments du passé pouvant expliquer leurs décisions.

Ainsi voit-on bien en Maya une femme nourrie par ses fantômes du passé, que ce soit vis-à-vis de sa famille ou de la Maya de l'époque étudiante. On entrevoit mieux pourquoi elle a pris l'habitude de ne rien attendre de personne puisqu'on l'a toujours laissée en plan, toujours abandonnée, toujours trahie quelque part. Et elle semble persuadée que, comme on l'a toujours abandonnée, Michiru en fera à nouveau de même, comme elle l'a déjà fait quelques années auparavant... Mais alors qu'est se dit que Michiru ne change pas, n'est-ce pas elle qui, en réalité, n'évolue pas vraiment ? Après tout, on voit bien ici une Michiru qui avance, qui tâche notamment de prendre ses responsabilité dans sa promotion au travail et de se montrer plus sûre envers Yûta, quand bien même rien n'est encore parfait, qu'elle ne peut être toujours présente pour son enfant, et qu'elle doit se prendre en pleine figure certaines réalités de la société du travail où les gens semblent préférer médire plutôt que de parler en face.

Mais les deux jeunes femmes sont loin d'être les seules à être confrontées aux vicissitude de la vie ici. C'est évidemment le cas aussi de Yûta, le petit garçon se retrouvant avec une camarade de crèche loin d'être sympathique avec lui... mais pourquoi un tel comportement de la petite Hiyori ? Un début de réponse apparaîtra peut-être dans ce que l'on entreverra déjà de son contexte familial. Nico, lui, est amené à réaliser un tournage sur le lieu de l'accident de Keiichi... Avec quel état d'esprit en ressortira-t-il ? Quant à Mochizuki, il est particulièrement bien abordé dans ce tome: clairement, le jeune homme change lui aussi, s'ouvre de plus en plus, semble même commencer à considérer Michiru différemment... ce qui pourrait lui permettre, à lui aussi, de mieux aller de l'avant, lui dont on découvre aussi certains tourments du passé.

"Si on finit vraiment par rester ensemble pour toujours... arriverai-je toujours à ne ressentir aucune culpabilité en faisant face à ces yeux ?"

Chacun(e) se confronte à ses propres épreuves, ses propres tourments professionnels, personnels ou sentimentaux... Mais au bout, qu'en ressortira-t-il ? Une chose est sûre: Shino Torino excelle encore et toujours dans l'abord profond de ses personnages, ce qui lui permet entre autres de montrer la complexité des liens familiaux, d'évoquer intelligemment une vision plus moderne de la famille, si tant est que celle-ci puisse se consolider. Ses personnages apparaissent aussi nuancés que profondément humains, et le tout est emballé dans une narration introspective, dans une atmosphère assez mélancolique, et dans un style visuel aux 1001 émotions qui sont dans la droite lignée de ce que peut faire Chica Umino, amie proche de Shino Torino qui a d'ailleurs participé à ce volume.


Chronique 1 :

Michiru a sympathisé avec M. Mochizuki, l'instituteur de Yûta. Constamment effrayée par l'idée d'être une nouvelle fois abandonnée, Maya voit cette relation naissante d'un mauvais œil, au point d'en faire des cauchemars. De son côté, Michiru reste inquiète par la proposition de mariage faite par Kuwabara à sa colocataire. Et comme si ça ne suffisait pas, son nouveau poste à responsabilités lui cause bien des tracas, notamment parce qu'elle entend des ragots la concernant. En perte de confiance, la jeune maman est au plus bas moralement. C'est alors que Mochizuki lui apporte l'aide dont elle avait besoin, tandis que sa relation avec Maya se fragilise jour après jour...

Si les deux premiers volumes de la série de Shino Torino ont traité une ambiance très feel good et pleine de douceur grâce au foyer atypique formé par Maya, Michiru, l'adorable Yûta et ponctuellement l'attachant Nico, une rupture semble s'opérer sur cette suite, une patte plus obscure amenée par une cassure qui se fait de plus en plus vive au fil des pages. Car ce troisième tome, dans sa narration, propose une véritable scission : Si les débuts présentaient le quotidien de Maya et Michiru comme un tout, la mangaka narre ici deux segments parallèles, qui se croisent pourtant, mais qui semblent devenir de plus indépendants l'un de l'autre, ce qui est lourd de sens par rapport au développement apporté aux deux héroïnes.

Alors, le focus est principalement fait sur Michiru et les troubles qu'elle va connaître suite à l'acceptation de sa promotion. Une ascension dont la jeune maman n'était pas forcément prête, et qui va justifier son rapprochement avec Mochizuki, qu'on voyait certes un peu venir depuis l'opus précédent. Le parallèle avec la relation entre Maya et Kuwabara est donc évident, aussi la structure narrative se révèle véritablement astucieuse et permet aussi bien à Michiru de s'affirmer, tout en traitant en profondeur les souffrances internes des deux jeunes femmes. Car Maya n'est jamais oubliée, ses inquiétudes non plus d'ailleurs, celles-ci prenant plus de sens grâce à quelques informations distillées ci et là. Et tandis que Michiru cherche à s'affirmer le mieux possible dans sa profession, la relation humaine principale s'effrite, dévoilant un enjeu clair : Est-ce que Maya et Michiru pourront le braver, s'ouvrir l'une à l'autre, s'accorder une véritable confiance mutuelle et se rabibocher ? La conclusion du volume y répond... En partie. Elle jongle entre optimisme et notes plus mélancoliques, achevant l'opus sur une certaine surprise. Evidemment, puisqu'il reste encore trois tomes après celui-ci, la trame a largement le temps de revoir sa direction. Mais tout ceci laisse croire que cette ambiance plus dramatique ne s'écartera pas de la suite.

Et si tout ceci paraît dense, ce n'est pas la seule optique de ce troisième tome, assez riche dans son intrigue et dans son propos. L'autrice reste alors fidèle à la thématique forte de son récit, vouée à casser les codes familiaux préconçus. Mais parce que le tome est un peu plus sombre, c'est la vision négative d'individus moins ouverts d'esprit qui prime en ces pages, une étape douloureuse pour nos héroïnes mais indispensable pour montrer que la société a besoin de progresser et de s'ouvrir. Tout n'est pas toujours tout noir, heureusement, quelques notes plus positives à ce sujet étant distillées ci et là, quelques moments optimistes dont le volume a besoin.
Enfin, c'est toute la question sur le père de Yûta qui est aussi mise en avant, sur quelques légers instants. Cette optique du récit demeure encore discrète, et semble surtout servir le personnage de Nico qui mériterait de s'affirmer davantage. Reste à voir ce que Shino Torino fera de cet aspect de l'intrigue, sur la seconde moitié de son manga.

La mangaka a donc beaucoup à dire et à traiter dans un troisième opus surprenant par sa direction, moins enthousiasmante et un peu plus propice à la mélancolie, mais toujours savoureux pour ses développements et ses réflexions. Un opus moins feel good mais dense et marquant, qui laissera curieux de découvrir la suite du quotidien de Maya et Michiru, plus fragile que jamais.
   

Critique 2 : L'avis du chroniqueur
Koiwai

16.5 20
Critique 1 : L'avis du chroniqueur
Takato
16 20
Note de la rédaction
Note des lecteurs