Critique du volume manga
Publiée le Mercredi, 09 Février 2011
Dans la veine de la mode des relations entre frères, Taifu tape ces dernières semaines assez fort en la matière ! Pourtant, après Brother et I.D, Aussi cool que lui, malgré son titre peu engageant, reste sans aucun doute le meilleur des trois. Une fois passé le premier problème « frères mais pas frères de sang », on rentre assez rapidement dans l’histoire et on se laisse volontiers prendre au jeu. Yusuke et Atsushi ont donc vécu de nombreuses années éloignés l’un de l’autre, mais quand ce dernier revient à Tokyo pour quatre ans, c’est chez son grand frère qu’il va trouver refuge. Quoique parler de refuge dans le cas d’Atsushi soit un peu exagéré, tant il a l’air débrouillard et totalement autonome, parfois plus qu’un Yusuke pourtant bien plus âgé. Celui-ci travaille comme mannequin et serveur le week end dans un café français, tandis que son frangin le rejoint pour une campagne de publicité. Très doué en basket, Atsushi est passé professionnel tandis que son frère, autrefois grand amateur et premier professeur du jeune homme, a abandonné à force de se sentir sans cesse comparé à son prodige de frère. Ils vont, ensemble, représenter une marque de vêtements pour jeunes hommes dans une ligne sportive, et le clou de la campagne sera une partie de basket entre les deux jeunes gens.
Au fil des pages, on prend plaisir à découvrir les personnages qui nous sont présentés malgré leur originalité assez limitée. Le petit jeune version entreprenant a pourtant un côté timide et réservé assez touchant, tandis que son frère n’a aucune once de maturité mais une conscience importante de son rôle ainsi qu’un lâcher prise qui le rend assez agréable. Ainsi, pas de prises de têtes inutiles sur un « non, je ne veux pas mais en fait je veux », mais plutôt une réflexion poussée et pertinente sur les sentiments de nos héros. Le temps a séparé ces deux êtres qui n’ont de cesse de se retrouver, tandis que l’auteur prend tout de même le soin de soigner les complexes des deux hommes. Notamment Yusuke et son sentiment d’infériorité, se révèle dans sa relation avec son frère et s’épanouit d’autant plus qu’il apprend à oublier le regard des autres et à assumer tranquillement ce qu’il est et ce qu’il veut. L’évolution de ce couple est, de plus, assez touchante car sans précipitation réelle mais une certaine dynamique dans laquelle ils peuvent s’inscrire avec brio pour franchir les différentes étapes qui les poussent vers l’acceptation. Pour se confronter au tabou et à la rumeur, ils prennent même un chemin psychologique intéressant de penser que c’est « pour essayer », que c’est « un service ». Yusuke, par cette réflexion, montre qu’il reste logique dans ses raisonnements et ses envies premières et ne rompt pas brutalement la narration si bien huilée. Enfin, on sent que la mangaka s’attache réellement à l’aspect sportif de ces deux héros, si bien que les scènes de jeu vers la fin du tome sont assez réussies, et que l’on se prend à sourire lorsque Yusuke et Atsushi redécouvrent ensemble le plaisir de ce loisir qu’ils ont toujours pratiqué à deux.
Au niveau des graphismes, c’est là aussi très réussi. Parce que les silhouettes de nos deux protagonistes sont viriles et ne se cachent pas sous de simples traits fins. Les postures et habits mettent en valeur le caractère mâle de leurs corps sans toutefois dénaturer les classiques traits du bishonen. Les mouvements sont eux aussi très bien représentés, avec dynamisme et réalisme. De plus, certains traits changent quelque peu de l’ordinaire que l’on connaissait récemment, et les expressions sont particulièrement bien exprimées. Que ce soit dans la tristesse ou la sensualité, l’auteur rend avec fidélité les émotions que l’on devine parfois simplement d’un regard. Il est dommage, cependant, que les décors soient souvent négligés mais on pardonnera devant le découpage agréable qui met en valeur des personnages bien dessinés et esthétiquement beaux. Enfin, l’édition a pour avantage de bien traduire, en oubliant toutefois encore et toujours les onomatopées qui ne sont pas adaptées. Mais dans l’ensemble, c’est une excellente surprise que ce one-shot,
pourtant peu mis en valeur par un titre et une couverture assez banals. Vivement la suite ... quand elle sera sortie au Japon.