Assistant Assassin Vol.1 - Actualité manga
Assistant Assassin Vol.1 - Manga

Assistant Assassin Vol.1 : Critiques

Assistant Assassin

Critique du volume manga

Publiée le Mercredi, 27 Mai 2020

Après l'excellent Girls' Last Tour en février, le catalogue des éditions Omaké Manga accueille en cette fin mai sa deuxième nouveauté de l'année 2020, et dans un registre totalement différent ! Car ici, place à un étonnant mélange de violence et de portrait d'assistant avec Assistant Assassin, une série en cours au Japon depuis 2018 dans le magazine Gekkan Shônen Champion des éditions Akita Shoten , magazine shônen plutôt réputé pour ses récits un peu plus mûrs et mettant notamment en scène des personnages aux accents furyo, ainsi y a-t-on vu aussi défiler des oeuvres comme Worst, Shonan Seven ou King of Ants. Et même s'il s'agit là du tout premier manga publié en France de Hiromasa Okushima, il faut noter que cet auteur a déjà une carrière bien installée au Japon: il a démarré en 2007 après avoir été assistant de Tetsuya Saruwatari, et donne beaucoup dans le manga de yankees où il varie les plaisirs, entre purs récits d'action, comédie, ou même yaoi. Ici, il nous immisce aux côté d'un anti-héros un peu particulier...

"Si je suis un taré, alors tous les héros de mangas et de comics sont aussi timbrés que moi…"

Ce garçon, c'est Asakura Shinichi, 23 ans, et assistant de mangaka depuis 5 ans. Travaillant depuis un bon moment pour Sukekiyo Jinbabue alias Jin, l'auteur du manga d'action le plus populaire de son magazine, le jeune homme rêve plutôt, de son côté, de percer dans le manga d'humour, mais ne semble pas avoir beaucoup de talent pour ça avec ses comédies scato sans cesse refusées par les responsables éditoriaux. En attendant le jour où il pourra peut-être percer dans le manga en tant que professionnel, avec sa propre série, Shinichi doit donc tâcher de joindre les deux bouts en cumulant un deuxième job, son travail d'assistant ne payant pas assez. Et quand Jin surnomme le garçon "Assassin" par contraction de son nom de famille et de son prénom, il n'imagine aucunement qu'il est dans le vrai: assistant mangaka le jour, Shinichi devient la nuit (ou quand il ne travaille pas pour Jin) un redoutable assassin, exerçant les contrats codés qu'on lui refile sur la face cachée du "Nippon Assistant System" (ou NAS), un site qui est à la base censé aider des assistants à trouver des jobs temporaires. Quand il n'a pas un crayon dans le main, le gus s'empare donc de son marteau, son arme de prédilection dans ce 1e tome, pour aller éclater ses cibles, camouflé dans son costume de mouton rouge...

D'un côté, un job de chasseur de primes brutal à souhait et sans fioritures. De l'autre, un travail d'assistant mangaka normalement on ne peut plus classique. Deux faces qui ne sont pas censées se rencontrer ou avoir de liens, mais que l'auteur a décider d'entremêler pour aboutir sur un récit divertissant, mais pas que.

Concrètement, le côté assassin se présente pour l'instant surtout comme un gros trip un peu régressif, ou Shinichi enchaîne déjà plusieurs contrats. Malheureusement, ces derniers ne sont jamais détaillés un minimum, et c'est peut-être ce qui manque pour un peu plus d'immersion: on se contente de voir vite fait le jeune homme se rendre sur les lieux où se trouve sa ou ses cibles, les défoncer allègrement (quand le "destin" ne s'en mêle pas), et repartir. C'est plutôt basique, mais dans l'ensemble ça fonctionne, grâce à une petite part d'humour résidant dans une pointe d'exagération ou dans l'allure qu'a Shinichi en maravant des faces dans son kigurumi de mouton. Mais aussi grâce à l'efficacité du trait de l'auteur: on ne va pas dire que c'est hyper gore, en revanche la brutalité est bien au rendez-vous, et Shinichi se déchaîne pas mal avec (entre autres) son marteau ! Crânes défoncés, dents pétées... Il ne fait pas de cadeau et n'a pas d'états d'âme face aux pourritures qu'il doit tuer, puisque oui, toutes ses cibles sont bien des ordures, des petites racailles aux yakuzas en passant pas les escrocs, etc... En très souvent, notre jeune assassin, avec son costume de mouton, semble vraiment prendre plaisir à faire basculer la "hiérarchie" en dégommant tous ces sales types forts et sûrs, ces prédateurs, ces loups...

"N’oublie jamais que même parmi les moutons, il y en a parfois un qui chasse les loups !"

Car Shinichi semble, dans le fond, vivre comme un exutoire, comme une catharsis, la possibilité de pouvoir défoncer les opprimeurs, lui qui habituellement est plutôt un opprimé dans son autre job. Et on en arrive là à l'aspect le plus intéressant du tome, à savoir le portrait peu séduisant que Hiromasa Okushima fait de la condition d'assistant mangaka. Une condition que l'on devine vite précaire, entre le besoin d'exercer en même temps cet autre job d'assassin, ou la brièveté des missions proposées par la NAS (devoir aller aider un mangaka pendant x jour, etc...). mais il n'y a pas que ça, car au fil des pages l'auteur aborder régulièrement diverses informations sur la dureté du milieu: horaires pas toujours évidents, délais serrés, stress qui en découle, forte concurrence avec l'arrivée en permanence de nombre de prétendants au travail de mangaka, difficulté à percer, critiques de jurys parfois blessantes lors des remises de récompenses, projets rejetés par des responsables éditoriaux sans prendre de pincettes... sans compter le cas de Jin, qui, du haut de son statut d'auteur à succès, considère vraiment ses assistants comme des larbins, leur donnant des surnom parfois dégradants, les insultant, leur mettant sans cesse la pression, reléguant même Shinichi au service-café... Nul doute qu'il y a une part d'exagération pour le bien du récit, mais il y a forcément aussi du vrai, voire peut-être du vécu ? En tout cas, on s'amuse également assez de certaines réflexions de Jin qui peuvent avoir un double-sens sans qu'il le sache, ou des éléments un peu parodiques via de vrais noms modifiés (Shueisha devient Chouésha, le Shônen Jump devient le Shonen Chump...).

"Honnêtement, dessiner un paysage en pleine page est bien plus difficile que de buter de la racaille..."

En somme, même si la formule est pour l'instant plutôt basique et très classique dans son déroulement, ça fonctionne pas mal, d'autant que l'auteur a un coup de crayon assez dense. Globalement, son dessins se veut plutôt réaliste, chose qu'il accentue via ses décors bien présents et qui sont généralement des photos un peu retravaillées. Les visages offrent tantôt des expressions très crédible, tantôt des choses un peu plus relâchés, mais c'est généralement l'intensité qui domine, chose que l'on ressent bien quand il y a des gros plans sur les têtes. Et puis côté scénario, il y a de quoi être assez intrigué par la tournure que les événements finissent par prendre en fin de tome, même si c'était prévisible (surtout quand on capte la prononciation japonaise en "killer" du nouveau venu).

"Goûte au désespoir des moutons !"

Très classique dans son déroulement, sans grosses surprises pour l'instant, mais efficace, et prenant autant dans le portrait du travail précaire d'assistant mangaka que dans le comportement de Shinichi quand il tue. Voila ce que l'on peut, grosso modo, retenir de ce tome 1 plutôt prometteur dans son genre !

Cette chronique ayant été réalisée à partir d'une épreuve numérique non-corrigée fournie par l'éditeur, pas d'avis sur l'édition.
  

Critique 1 : L'avis du chroniqueur
Koiwai
14 20
Note de la rédaction
Note des lecteurs