Critique du volume manga
Publiée le Jeudi, 24 Novembre 2016
En fuite avec le petit Jinsuke qu'elle a dû prendre sous son aile par la force des choses, Suzuki a d'abord fait halte dans un village portuaire avant d'aller se terrer avec son protégé dans une résidence en ville, le tout dans l'espoir de semer les policiers véreux qui les poursuivent. Mais la tâche s'annonce plus délicate encore que prévu, car la capitaine Kusu, policier aussi corrompu que bizarre, finit par retrouver leur trace. Mais plutôt que d'abattre purement et simplement nos deux héros, ce flic, qui est l'assassin du père de Jinsuke, engage un jeu bien étrange...
D'une redoutable efficacité, le tome 1 d'Assassins savait nous immerger dans un récit tendu, où la cavale de Suzuki avec Jinsuke promettait non seulement un rythme soutenu, mais aussi un début de nouvelle vie pour la jeune tueuse s'attachant de plus en plus au gamin. Tout en se parsemant efficacement de brefs moments de flashback permettant de mieux cerner le passé de Suzuki (on comprend ce qui l'a amenée à devenir tueuse, on cerne aussi sa mentalité jusque là solitaire, mais les choses restent aussi un brin nébuleuses afin d'entretenir une forme d'aura mystérieuse autour de la demoiselle), ce deuxième tome poursuit habilement dans cette voie, en présentant une Suzuki qui continue de changer au contact de ce petit garçon qui quelque part a réussi à toucher son coeur. Si bien qu'elle est prête à tout pour le préserver, y compris à ranger les armes une fois que les ennemis auront été éliminés. Mais une donne imprévue est là : Kusu.
Le flic ripou affiche un comportement pour le moins étonnant, où il semble prendre la traque de Suzuki et de Jinsuke comme un jeu, au point de mettre un peu dans l'embarras ceux pour qui il travaille. Mais plus étonnant encore, il opère un rapprochement auprès de Jinsuke qui pourrait avoir des conséquences terribles... On découvre en Kusu l'un de ces personnages à la fois un peu barrés et inquiétants, en ceci qu'ils ne se sentent jamais plus en vie que quand ils sont menacés de mort. C'est bien cet attrait pour la mort qui fait prendre au récit une tournure plus inattendue que dans le premier tome... et également encore plus cruelle, car pendant que Suzuki fait tout son possible pour préserver Jinsuke en décidant de bientôt se ranger et en évitant de tuer devant lui, le petit garçon, de son côté, développe petit à petit un sentiment totalement inversé, où son désir de venger ses parents et l'impact de Kusu sur lui semblent le pousser de plus en plus dans un attrait pour le meurtre...
Toujours portée par des dessins assez denses, l'oeuvre devient ainsi plus imprévisible ici, et Hirohisa Sato parvient alors à capter toute notre attention pour le 3ème et dernier volume.