Ascension Vol.1 - Actualité manga

Ascension Vol.1 : Critiques

Kokô no Hito

Critique du volume manga

Publiée le Jeudi, 30 Septembre 2010

En France, nous avions déjà pu découvrir le mangaka Shin'ichi Sakamoto avec Kiomaru, puis Nés pour cogner, deux oeuvres qui nous laissaient entrevoir chez ce jeune auteur une puissance graphique étonnante. En ce début d'automne 2010, ce mangaka prometteur nous revient avec un titre d'un tout autre genre. Ascension, sur un scénario de Yoshio Nabeta inspiré du roman "L'homme impassible" de Jirô Nitta, nous propose de découvrir un héros solitaire qui va se prendre de passion pour l'art intense de l'alpinisme.

Alors qu'il vient d'être transféré dans un nouveau lycée, Buntarô Mori n'affiche d'emblée, auprès de ses camarades, que solitude et lassitude. Un comportement qui va rapidement énerver Miyamoto, l'un de ses camarades de classe, qui va lui lancer un pari fou: tout amateur d'escalade qu'il est, et en échange de quoi il le laissera tranquille, Miyamoto propose à Buntarô d'entreprendre l'ascension du bâtiment scolaire. Sans matériel ni préparation, Buntarô se lance dans cette escalade insensée, sous les regards médusés de tous ses camarades et professeurs. Une chute aurait été mortelle, et à l'arrivée, l'admiration des élèves est éclipsée par les représailles du directeur. Mais Buntarô n'a que faire de tout cela: il a escaladé à mains nues le bâtiment jusqu'au toit, et, pour la première fois de sa vie, s'est senti réellement vivant...

Les choses ne tardent pas à se mettre en place dans Ascension, et au bout d'une vingtaine de pages, le pari est déjà lancé, l'escalade commencée. Et un premier constat s'impose, et pas des moindres: si Shin'ichi Sakamoto dévoilait déjà un coup de crayon impressionnant sur ses précédents manga, c'est avec enthousiasme que l'on constate qu'il s'est encore amélioré. Toujours plus fin, plus précis, plus dynamique, plus expressif, le dessin, s'il sait se faire plus relâché par instants sans perdre en qualité, dévoile toute sa puissance dès que l'escalade est présente: face à un trait d'une précision sans failles, des détails impressionnants, notamment au niveau des mains, des décors impeccables, des vues en plongée et en contreplongée parfaitement gérées et ô combien immersives, le lecteur est subjugué, captivé, tant le mangaka parvient avec aisance à retranscrire la tension et l'émotion de Buntarô dans ses gestes d'escalade. Et si l'alpinisme en lui-même, si les ascensions de vraies montagnes ne sont, fort logiquement, pas encore de la partie, on ressent déjà pleinement toute la cohésion, la passion, à la limite de la fusion, de l'adolescent avec ce nouvel environnement qu'il découvre à peine, cette nature dont il n'avait pas conscience qu'elle pouvait lui apporter de telles sensations.

La découverte de l'escalade sera d'ailleurs le principal enjeu de ce premier tome. Tout au long du volume, Buntarô se découvre cette nouvelle passion, de l'ascension du lycée jusqu'à sa participation à un tournoi d'escalade, en passant par des tentatives d'ascension d'un rocher proche de la ville. Petit à petit, le lecteur découvre en même temps que l'adolescent les termes techniques propres à l'escalade, et le voit se forger une passion pour cette activité. Une passion qui confine vite à l'obsession, et qui se trouve parfaitement mise en avant par Sakamoto. Rapidement, l'osmose de Buntarô avec cette nouvelle manière d'appréhender son environnement sonne comme une évidence.

Malgré tout, de gros clichés sont bien présents. En effet, Buntarô a absolument tout du bellâtre ténébreux, solitaire et mystérieux qui se laisse porter insensiblement, impassiblement, par les évènements, en dehors de cette passion pour l'escalade qui va le réveiller de sa torpeur. Une passion où il va très vite, dès l'escalade du lycée, révéler un véritable génie qui ne se démentira que très peu dans le reste du tome. Et d'heureux hasards vont très vite mettre les bonnes personnes sur son chemin: son professeur est lui-même un grand adepte d'escalade, et va s'empresser de l'amener chez l'un des plus grands spécialistes du pays en la matière, gérant d'un magasin d'équipement d'escalade. Oui, tout, ou presque tout, semble réussir à Buntarô.
Miyamoto, quant à lui, apparaît comme le stéréotype-même du bad boy rival jaloux, voyant d'un mauvais oeil l'arrivée de ce garçon à qui tout semble réussir facilement et qui attire vite l'attention de Yumi, son amie d'enfance dont il est vraisemblablement amoureux.
Des clichés qui n'altèrent que très peu, voire pas du tout, le plaisir de lecture, étant donné qu'ils semblent n'être qu'une étape inévitable avant que le titre n'entre vraiment dans le vif du sujet, et qu'ils n'occultent en rien l'intérêt du personnage de Buntarô, continuant malgré tout de refuser l'aide des autres, de refuser de paratager sa nouvelle passion. On se demande comment il évoluera, voire s'il évoluera, ce qui n'est pas sûr. Par ailleurs, quelques mystères sont là pour finir d'entretenir l'intérêt: ainsi, on se demande bien pourquoi Buntarô est traité d'assassin dans l'un de ses souvenirs, ou qui est le mystérieux garçon apparaissant en toute fin de tome.

Ce volume ne semble être qu'une grande introduction à ce qui sera tout l'intérêt du titre, mais Sakamoto place déjà la barre très haute: d'un bout à l'autre, le premier tome d'Ascension captive, fascine, aussi bien dans le fond que dans la forme. Gageons que ce titre prometteur n'a encore révélé qu'une infime partie de son intérêt.

Sur ce titre qui semble leur tenir à coeur, les éditions Akata/Delcourt nous offrent une édition de grande qualité. La traduction fluide se joint à une qualité d'impression satisfaisante, et à des clés de compréhension pertinentes en fin de tome, le tout nous faisant profiter au mieux de la lecture. Mais s'il faut vraiment chipoter, on soulignera le léger désagrément dû au jonglage récurrent que l'on doit faire entre la lecture du tome et les dernières pages pour lire ces clés de compréhension, et un décalage dans la numération des chapitres sur le sommaire. On appréciera aussi grandement, toujours enfin de tome, la biographie et l'interview de Yasushi Yamanoi, figure incontournable de l'alpinisme.


Critique 1 : L'avis du chroniqueur
Koiwai
17 20
Note de la rédaction
Note des lecteurs