Critique du volume manga
Publiée le Mercredi, 25 Octobre 2023
Sous la protection de la petite troupe de Guido, Arte voit son voyage de retour vers Florence prendre un virage tragique quand, lors d'une attaque de pirates, Paco meurt en la protégeant. C'est la première fois que la jeune femme est confrontée à un drame de ce genre, si bien qu'elle culpabilise car c'est parce qu'elle a voulu faire ce voyage que l'un des compagnons de Guido a perdu la vie. Eteinte, quasiment mutique, elle finit alors par ordonner à Guido, Cecilio et Franco de la laisser finir son voyage seule... mais est-ce seulement envisageable ? Non seulement Guido et les siens, en ayant été embauchés par Dame Irene, ne recevraient pas leur argent en cas de mission non-accomplie, mais en plus cela condamnerait Arte à une mort quasiment certaine au vu de la situation de guerre qui frappe Florence et ses alentours...
Pour Arte, ce tome est un peu celui d'une soudaine et obligée prise de maturité face à différents drames dont la mort de Paco n'est qu'une première étape puisque, forcément, d'autres épreuves difficiles seront encore présentes ici en plaçant directement la jeune femme face à certaines basses de l'être humain: la piraterie ayant entraîné la mort de Paco bien sûr, mais aussi la mise à mort de toute une famille par des brigands où notre héroïne devra elle-même se salir un peu les mains pour aider Guido et les autres, et tout simplement tout ce qui tourne autour de la guerre en elle-même qui frappe la ville de Florence. Ici, la jeune artiste doit s'endurcir un peu dans une certaine mesure, chose évoquée de façon rapide puisque ça se fait en un petit tome via quelques étapes classiques, mais de manière suffisamment convaincante dans le cadre du récit puisque l'on sent bien que notre héroïne, au vu de la situation, n'a pas d'autre choix si elle veut à la fois retrouver Leo à Florence, ne pas faire déshonneur à la mission de Guido et des siens (qui, en s'engageant dans ce travail en tant que mercenaires, étaient de toute façon tout à fait prêts à la mort), et ne pas salir cette mission pour laquelle Paco a perdu la vie.
Mais c'est aussi à travers les yeux de Guido lui-même que notre héroïne est assez intéressante dans ce volume, cet homme montrant pa smal de curiosité envers Arte, en étant d'abord déçu en la prenant pour une noble ennuyeuse de plus, puis en la regardant évoluer, en la voyant gagner en maturité face à des épreuves mortelles dont elle n'avait pas conscience, et en comprenant finalement sa force de caractère. Le tout aboutira même à une discussion nocturne aux allures de confidences entre les deux personnages, avec à la clé quelques informations sur le passé et sur le rêve de Guido, ce qui le rend tout de suite plus attachant.
Le dernier quart du tome, lui, place Arte face à un événement d'un autre calibre, un événement plus heureux puisqu'il s'agit de retrouvailles fortuites avec deux vieilles connaissances qui, au fil de ces années, ont connu quelques évolutions importantes. Tout comme Arte, on est forcément heureux de revoir ces têtes bien connues, d'apprendre ce qu'elles sont devenues, comment elles ont décidé de se soutenir mutuellement. Enfin, ces deux-là sont l'occasion d'accentuer certains enjeux avant le retour à Florence: on s'interroge comme Arte sur ce que sont devenus Veronica et tous les autres dans la ville ravagée par la guerre, on voit notre héroïne prendre conscience que tant de choses se sont passées et ont changé à Florence pendant sa longue absence... et, enfin, on l'observe dans son désir persistant de revoir Leo, sans savoir s'il est encore en ville ou non, s'il est vivant ou mort, s'il est heureux ou malheureux. Sur ce dernier point, on regretterait presque que les toutes dernières pages du tome bousillent une part du suspense, mais il reste à voir ce que Kei Ohkubo compte faire derrière ça.
En attendant, on a droit à un tome assurément intéressant dans le gain de maturité qu'Arte est obligée d'assimiler rapidement en cette période de guerre et de dangers, dans l'abord convaincant de Guido, dans certaines retrouvailles attachantes, et dans l'accentuation des enjeux autour de la situation à Florence. Certes, il y aura toujours la frustration du tome précédent sur l'ellipse nous ayant quasiment totalement privé de quelques années de la vie de notre héroïne (rien que quelques bribes au fil des ans, sur quelques dizaines de pages, ça aurait été bien et peut-être suffisant), mais le fond est quand même ici très prometteur en vue de la suite.