Arsène Lupin Vol.3 - Actualité manga
Arsène Lupin Vol.3 - Manga

Arsène Lupin Vol.3 : Critiques

Kaitô Lupin Den - Aventurier

Critique du volume manga

Publiée le Vendredi, 11 Mars 2016

Il s'agit sans doute de l'aventure d'Arsène Lupin la plus célèbre et la plus populaire : L'Aiguille Creuse a d'abord été publiée sous forme de feuilleton dans le journal Je sais tout du 15 novembre 1908 au 15 mai 1909, avant d'être édité en juin 1909. Depuis, ce récit a fait le tour du monde, y compris du Japon.

L'action démarre sur la côte Normande, près de Dieppe, et plus précisément à Ambrumésy. Au sein du château du Comte de Gesvres, bâti à côté des ruines d'une ancienne abbaye, la fille du Compte Suzanne, et sa nièce Raymonde de Saint-Véran, sont réveillées en pleine nuit par des bruits suspects. Elles ne tardent pas à se rendre compte que trois hommes sont en train de cambrioler la demeure, et constatent avec effroi que Daval, un serviteur, a été tué d'un coup de couteau en plein coeur. Dans sa rage, Mlle de Saint-Véran s'arme d'un fusil et tire sur le dernier voleur prenant la fuite et qui, bien que blessé, parvient à disparaître. Les hommes de la maison sont prêts à accueillir le criminel à toutes les sorties du domaine, tâche qui devrait s'annoncer d'autant plus facile qu'il est blessé. Pourtant, aucune trace de lui. Et ce mystère est loin d'être la seule étrangeté de cette sordide affaire qui ne fait que commencer, car il reste difficile de déterminer qui a tué le pauvre Daval, et absolument rien dans la demeure ne semble avoir été volé, alors que les deux demoiselles sont persuadées d'avoir vu les bandits emporter d'encombrantes charges. Le juge d'instruction Filleul a bien du mal à expliquer tous ces faits étranges, et l'Inspecteur Ganimard, faisant le voyage depuis Paris, car il est persuadé d'y reconnaître la trace de son ennemi de toujours Arsène Lupin, n'y comprend pas grand-chose non plus. La solution pourrait alors venir d'une aide aussi surprenante qu'inattendue : celle d'Isidore Beautrelet, jeune garçon de 17 ans, lycéen brillant en dernière année avant le baccalauréat, et adorant jouer les détectives amateurs à ses heures perdues. Très rapidement et à la stupéfaction de tous, l'adolescent déclare avoir déjà commencé à comprendre ce qu'il se trame et quelles sont les clés de ces énigmes. Mais il ne se doute aucunement que ses investigations vont le mener sur une affaire de plus en plus incroyable... et de plus en plus dangereuse, car menaces de mort et les cadavres finiront par se faire de plus en plus présent...

Si L'Aiguille Creuse s'est taillée une si solide popularité au fil des décennies, ce n'est pas pour rien. En effet, cette histoire est sans doute celle réunissant le plus d'éléments typiques de la saga Arsène Lupin. Des mystères insondables (une mort inexpliquée, un criminel qui disparaît mystérieusement sans laisser de traces, un vol où rien ne manque, un mystérieux parchemin codé), des dangers de plus en plus pressants, un parfum d'aventure emmenant le lecteur dans plusieurs villes de France, une jolie demoiselle mise en danger en la personne de Mlle de Saint-Véran, le retour des poursuivants emblématiques de Lupin que sont Ganimard et Herlock Sholmès, et même une plongée dans certains secrets de l'Histoire de France... Autant dire que tout est là pour entretenir un récit captivant. Mais il ne s'agit pourtant pas encore de la principale chose ayant fait la réputation du roman.

Cette réputation, elle provient essentiellement d'un personnage. Et il ne s'agit pas forcément de Lupin, en réalité peu présent dans cette aventure puisqu'il est simplement celui que l'on recherche et qui semble insaisissable jusqu'à un certain moment. Le véritable héros de l'histoire, celui que l'on suit au plus près, est bien le fameux Isidore Beautrelet, décrit comme un esprit brillant, génie de la rhétorique, à l'allure quelque peu efféminée, et dont les capacités sont d'autant plus étonnantes qu'il n'a que 17 ans. C'est précisément ce dernier point qui a marqué un grand nombre de lecteurs, car Beautrelet, avec Rouletabille (héros créé par Gaston Leroux en 1907 et dont Maurice Leblanc s'est visiblement inspiré), est probablement le premier grand détective non-adulte de la littérature populaire. Un élément qui a influencé nombre d'artistes par la suite, y compris au Japon si l'on en croit la postface de Takashi Morita, à nouveau riche, passionnante et excellente, où le mangaka explique notamment l'impact que Beautrelet et plus généralement la saga Lupin ont pu avoir sur des romanciers cultes comme Edogawa Ranpo et sur les mangas.

C'est donc aux côtés de ce jeune garçon que l'on assiste à une enquête dont les tenants et aboutissants, les énigmes et les révélations, se feront toujours plus captivantes tandis que le danger devient de plus en plus persistant. Suivre Beautrelet dans ses investigations, ses interrogations ses déductions, s'avère réellement palpitant sous la plume d'un mangaka qui amène chaque évolution avec une vraie passion. Il faut dire que le mangaka met les bouchées doubles dans sa mise en scène de Beautrelet, tant on sent, y compris dans sa postface, que ce jeune détective en herbe l'a captivé. A tel point qu'un seul tome n'était pas suffisant pour qu'il adapte tout le roman !

En effet, l'histoire de L'Aiguille Creuse n'est pas bouclée dans ce tome : elle le sera avec le quatrième volume, ce qui en fait pour l'instant l'adaptation la plus ambitieuse de Morita. Et les fans du roman constateront qu'avec ce pavé de 250 pages qu'est le volume 3, Takashi Morita n'adapte qu'un gros tiers du roman original ! Le mangaka a en effet choisi de s'attarder le plus possible sur la mise en avant de la figure d'Isidore, nouvelle preuve qu'il a décidément été très marqué par le personnage.

On note également que le mangaka a choisi le meilleur moment pour inclure L'Aiguille Creuse dans sa série. Il déclare dans sa préface qu'il pense que les récits des deux premiers tomes, à savoir La Lampe Juive et Le Diadème de la Princesse de Lamballe, étaient nécessaires pour apprécier au mieux L'Aiguille Creuse. Et en effet, ceux-ci ont parfaitement posé les éléments typiques de la saga et que l'on retrouve dans L'Augulle Creuse, comme les figures de Ganimard et Sholmès, ou simplement l'aspect insaisissable de Lupin.

Riche, passionnée et passionnante, on peut dire sans problème que cette première partie de la plus célèbre aventure d'Arsène Lupin est une franche réussite, d'autant que le volume se termine sur l'un des principaux climax du roman original ! Le mieux étant que la suite du roman nous plonge dans une aventure toujours plus grande, ce qui nous promet dès lors un quatrième volume de très haut niveau.


Critique 1 : L'avis du chroniqueur
Koiwai
17 20
Note de la rédaction