Arsène Lupin - Gentleman Cambrioleur : Critiques

Arsene Lupin

Critique du volume manga

Publiée le Vendredi, 01 Octobre 2021

Sans compter l'arrivée récente aux éditions Kana de l'anthologie Lupin III qui s'en inspire très librement, on peut dire qu'Arsène Lupin a le vent en poupe en cette année 2021, depuis le succès de la série Lupin sur Netflix qui semble pousser nombre de néophytes à vouloir découvrir les romans, nouvelles et pièces de théâtre d'origine de Maurice Leblanc. Du côté des éditions nobi nobi!, on suit avec intelligence la tendance en proposant, en ce mois de septembre, un manga sobrement intitulé Arsène Lupin, Gentleman Cambrioleur. Il s'agit de la deuxième adaptation manga des aventures du célèbre cambrioleur à sortir dans notre pays, après l'excellente, détaillée et très fidèle série Arsène Lupin de Takashi Morita, autrefois publiée par Kurokawa mais malheureusement indisponible désormais, alors que le passionné mangaka continue avec toujours autant d'application son adaptation au Japon.

A l'origine de ce joli pavé de 360 pages environ, on trouve trois recueils/one-shot différents, dessinés par le mangaka Makoto Haruno, et publiés au Japon par l'éditeur Poplar en janvier, février et mars 2020. Plutôt que de sortir séparément ces trois ouvrages qui auraient semblé très courts (chacun d'eux comptant entre 100 et 140 pages), nobi nobi! a donc opté pour la bonne idée de tout réunir en un seul ouvrage.

La saga Arsène Lupin initiale étant riche de 17 romans et 39 nouvelles (sans compter les pièces de théâtre), il semble évident que Makoto Haruno n'adapte pas tout en seulement 360 pages. De ce fait, le mangaka adapte ici 6 aventures différentes de Lupin, à savoir 5 nouvelles et un roman. Haruno a eu la bonne idée de commencer, très logiquement, par adapter ce qui constitue tout bonnement les 4 premières nouvelles écrites par Maurice Leblanc, toutes issues du recueil "Arsène Lupin, gentleman-cambrioleur" (publié en 1907) : "L'arrestation d'Arsène Lupin" où notre héros se laisse volontiers arrêter par son ennemi de toujours l'inspecteur Ganimard (et quand on y pense, commencer une saga sur un cambrioleur par son arrestation, c'est audacieux), "Arsène Lupin en prison" où celui-ci arrive à diriger un vol depuis sa cellule en démontrant d'emblée sa malice, "L'évasion d'Arsène Lupin" où il se joue intelligemment de la police en montrant son côté insaisissable ainsi que sa sagacité, et "Le Mystérieux Voyageur" où, en plus de démontrer encore toute son audace (puisqu'il agit et ne fuit pas alors qu'il vient tout juste de s'évader), permet de voir ses talents au combat à mains nues (Lupin étant un adepte des arts martiaux japonais). Issue du recueil "Les Confidences d'Arsène Lupin" (1913), la cinquième Histoire "La Mort qui rôde" témoigne encore d'autres facettes de Lupin: sa manière de se ranger du côté des faibles ainsi que son attrait élégant pour les femmes en protégeant ici une jeune fille menacée de mort, ce qui justifie bien son statut de gentleman-cambrioleur. A tous les traits du personnage déjà évoqués, il faut ajouter le fait qu'il ne tue pas ou encore les talents pour changer d'identité... Et toutes ces spécificités faisant la fascinante ambivalence d'Arsène Lupin, on les retrouve plutôt bien dans l'unique roman que Makoto Haruno a choisi d'adapter: "La Demoiselle aux yeux verts" (1927), une aventure faisant passer notre héros par un peu toutes les étapes, partant de son intérêt pour une pure mais mystérieuse jeune femme pour aboutir à la découverte d'un trésor, en passant par nombre de supercheries et de morts (un roman qui, pour la petite anecdote dont tout le monde se fiche, reste l'un de mes préférés de la saga Arsène Lupin puisque, en fan de la première heure de la saga, ce fut sa toute première aventure que je lus quand j'étais collégien). En seulement 120 pages (soit l'intégralité du 3e tome au Japon), cette adaptation du roman reste un peu rapide, mais retient l'essentiel.

Côté narration et dessins, le mangaka livre une copie appliquée. Il n'y a pas de grandes envolées ou de prouesses graphiques très personnelles, mais c'est toujours clair, propre et fluide... et, surtout adapté à tous les publics, Makoto Haruno ne montrant jamais de violence démesurée malgré les morts. En cela aussi, son choix des récits adaptés est pertinent, ca ril est certain que s'il avait choisi des récits plus durs et plus sombres de la saga (type "813"), le rendu n'aura sans doute pas pu être le même.

Ce manga est donc, avant tout, une bonne porte d'entrée pour permettre au tout public de se faire une idée de ce que sont les aventures d'Arsène Lupin dans les romans et nouvelles d'origine de Maurice Leblanc. Et le tout est servi dans une fort belle édition, typique de la collection des Classiques en manga de l'éditeur avec une couverture sans jaquette, une reliure de qualité, un signet, et deux pages bonus présentant brièvement l'auteur d'origine et l'oeuvre. Notons tout de même que, pour la couverture, nobi nobi! a décidé de s'écarte de la charte graphique habituelle de la collection, pour plutôt proposer un côté "livre ancien" adéquat et d'apparence luxueuse avec des effets dorées métallisés. Enfin, on appréciera la première page en couleurs, la traduction soignée de Gaëlle Ruel, le lettrage très propre, et la qualité de papier et d'impression satisfaisante.
  

Critique 1 : L'avis du chroniqueur
Koiwai
15 20
Note de la rédaction
Note des lecteurs