Blue Wolves Vol.1 - Manga

Blue Wolves Vol.1 : Critiques

Ao no Miburo

Critique du volume manga

Publiée le Lundi, 25 Septembre 2023

Depuis ses débuts en 2005, le mangaka Tsuyoshi Yasuda occupe une place importante dans le Shônen Magazine, l'un des plus gros hebdomadaires de l'éditeur Kôdansha. Suite à Over Drive (17 tomes) et Days (42 tomes), la notoriété de l'artiste n'était plus à faire. Étonnamment, ce n'est que par le biais de l'adaptation animée de Days, en 2016, que nous avons noué un premier contact avec les œuvres de l'auteur. Chose que les éditions Kana ont rectifiée dès le mois de mai de cette année 2023.

En 2021, quelques mois à peine après après conclut sa série sportive, Tsuyoshi Yasuda reprend le crayon pour développer un registre totalement différent. Cette fois, il fait sien le récit d'action historique en réinventant totalement l'histoire du Shinsengumi. Ao no Miburo est lui aussi publié dans le Shônen Magazine, et dénombre à ce jour 10 volumes au Japon. De notre côté, c'est sous le titre anglophone Blue Wolves que Kana a décidé de sortie le manga.
Notons aussi qu'une adaptation animée est d'ores et déjà en chantier. Celle-ci est produite par le studio Maho Film, et devrait pointer le bout de son nez dans les mois à venir.

Dans son œuvre, l'auteur choisit de réinterpréter l'histoire de ceux qui formeront le Shinsengumi, en intégrant un héros de sa propre invention : Nio. Orphelin, ce dernier a eu la chance d'être recueilli par une grand-mère adoptive, et grandir auprès d'une sœur de cœur. Néanmoins, il reste un citoyen ordinaire et un laissé pour compte dans une société où les injustices demeurent très présentes. Lorsqu'il rencontre deux membres du Miburo, Nio est reçoit l'invitation de rejoindre ces hommes méprisés, mais qui, malgré tout, tentent d'apporter un équilibre dans un monde brutal. C'est pour découvrir les vérités d'un Japon complexe et comprendre le vrai sens du mot "Justice" que le jeune homme accepte de devenir un Miburo, lui aussi.

Tsuyoshi Yasuda est un mangaka au trait particulièrement fin, qui a donné à Days son cachet, et que nous découvrons pour la première fois en français, par le biais de Blue Wolves. Sur cette série historique où les sabres sont les armes les plus prisées, sa patte prend une dimension toute particulière, ce qui ne manquera pas de déstabiliser. Pour ce premier opus, l'artiste s'exprime par de doubles pages particulièrement expressives, au même titre que les personnages dont les faciès seront peut-être trop travaillés pour certains lecteurs. Il dépeint ici la fiction historique avec une vraie identité graphique, quitte à ne pas faire l'unanimité. Le mangaka étonne, d'autant plus quand l'humour absurde s'invite dans son scénario, ce qui peut donner l'impression d'avoir affaire à un ovni. Pourtant... ce premier opus de Blue Wolves interpelle aussi par sa richesse.

Car quand on choisit de réinventer l'Histoire pour créer du divertissement, il faut bien que le lecteur ait conscience de cet état de fait. Le récit du Shinsengumi ayant maintes fois été adapté (ce qui est d'ailleurs le cas avec le seinen fleuve Chiruran chez Mangetsu), les lecteurs connaissant bien ses personnages peuvent se demander si leurs faits d'armes réels seront relatés ou, alors, rééimaginés eux aussi. Et c'est peut-être là que se trouve la subtilité : nous ne sommes pas à l'abri d'une œuvre qui fera ce qu'elle veut de ces figures d'autrefois, en les considérant comme des personnages plus que comme de grands noms de l'Histoire nippone. Chacun y trouvera donc son compte, ou non. Pour un néophyte total de cette période, mieux vaut considérer Blue Wolves comme une sorte d'uchronie, et un shônen de combats de sabres avant tout.

Au-delà de cette approche de la fiction historique, Tsuyoshi Yasuda nous séduit peu à peu grâce aux réflexions du héros, Nio, au point d'effleurer l'aventure philosophique. Car le leitmotiv du protagonique n'est ni de devenir fort, retrouver quelqu'un, ou sauver autrui. Ou plutôt, son désir d'aider le monde nourrit sa volonté de comprendre celui-ci, ainsi que la Justice telle qu'elle est établie dans la société plus que dans la morale. Paradoxalement, tandis que le présent manga est une pure fiction qui puise dans des éléments réels d'autrefois, c'est une philosophie basée sur l'Histoire qui construit ici la quête du héros. Et c'est aussi ce qui fait de Nio un héros attachant, qui évolue au milieu d'un Miburo construit d'individus parfois ambigus, qui auront tout le loisir de se dévoiler au fil des opus. Car le questionnement sur la Justice passera aussi par leurs actions, afin de les confronter à celles du personnage principal. Pour l'heure, Blue Wolves se présente donc comme un récit d'action teinté de nuances, et qui titille déjà notre curiosité.

Alors, ce premier tome peut décontenancer, mais surtout séduire et intriguer, tant par la patte visuelle de son auteur que par son approche du shônen d'aventure en terrain historique. Parce que la série a déjà dépassé les 10 tomes au Japon, on est clairement curieux de voir comment le dernier manga en date de Tsuyoshi Yasuda peut évoluer.

Côté édition, Kana offre une belle copie, notamment grâce aux effets de dorure métallisée de part et d'autre de la couverture, ce qui lui confère un cachet indéniable. En ce qui concerne le papier et l'impression, nous restons dans les standards de l'éditeur, autrement dit un ouvrage de bonne facture. Saluons aussi le travail de traduction de Cyril Coppini qui nous offre un texte qui retranscrit les nuances de l'œuvre.


Critique 1 : L'avis du chroniqueur
Takato
15.5 20
Note de la rédaction
Note des lecteurs