Ao Ashi - Playmaker Vol.21 : Critiques

Chronique 2 :

Deux mois se sont écoulés depuis le match contre Funabashi. Celui-ci a indéniablement laissé des cicatrices dans la chair de l'Esperion qui a nettement changé, ne serait-ce pas la mise en retrait des première année, celle d'Ashito des bancs du terrain, ou encore la nomination d'Akutsu en tant que capitaine. Ce dernier a d'ailleurs hérité d'une sacrée mission à laquelle il se familiarise difficilement, mais force est de constater que son caractère ne l'empêche pas de diriger le reste de l'équipe. Tandis que la J-Youth Cup bat son plein, ces changements vont marquer l'Esperion, mais pas forcément dans le sens attendu par ses joueurs...

Le volume précédent représentait un sacré coup de tonnerre pour l'Esperion, l'équipe phare de la série, qui était promise à de grands changements suite à la rencontre avec Funabashi. Afin de pousser ses personnages encore plus loin, Yûgo Kobayashi opérait une sorte de transition qui se poursuit dans ce vingt-et-unième opus, et prend même un tournant aussi inattendu que captivant.

Car les changements apportés méritaient d'être traités par l'œuvre hors des conditions de match. C'est précisément le cas des événements de ce tome qui, malgré la présence très succincte de deux rencontres, cherche surtout à questionner les joueurs de l'équipe, à les faire se confronter à leurs faiblesses respectives, et à les faire aller de l'avant. C'est pourquoi les deux courts matchs viennent servir de levier, ce qui amène un traitement narratif particulièrement surprenant, pour ne pas dire choquant. Car si le refrain veut que chaque défaite se suive d'un sursaut presque instantanée, l'épreuve face à Funabashi n'est pas la seule à mettre l'Esperion dos au mur. Et une telle plongée dans les abysses, personne ne s'y attendait vraiment.
L'ambiance sombre du tome ressort immédiatement de la lecture, mais elle n'est pas la seule à nous happer. À côté, l'auteur sait placer ses personnages là où il faut pour les faire progresser, et tout particulièrement Akutsu dont la place de chef d'équipe est fichtrement bien équilibrée, donnant au personnage de superbes nuances sans renier à son tempérament et à sa psychologie. Le personnage est d'ailleurs mis à rude épreuve, surtout dans un dernier segment de volume qui continue d'aborder le portrait d'un personnage qui aurait pu rester un énorme cliché, mais que Yûgo Kobayashi traite avec intelligence et profondeur pour donner une figure complexe, et assurément l'un des joueurs les plus fascinants du récit. Akutsu ferait presque de l'ombre à Ashito dont l'évolution est elle aussi savamment millimétrée, de manière à ce que son expérience face à Funabashi ait du sens.

La maîtrise du récit de la part de son auteur est donc évidente, plus que jamais. Ao Ashi n'aura décidément jamais été aussi passionnant, l'œuvre s'imposant sans grand mal comme l'un des meilleurs mangas sportifs en cours, et tout simplement l'un des meilleurs mangas de football. Et étant donné ce que l'auteur nous tease pour la rencontre à venir face à Aomori Seiran, avec une rivalité bien trouvée et idéale pour faire évoluer Ashito, il n'y a pas lieu de s'inquiéter pour la suite dont le programme est déjà percutant.

Chronique 1 :

Deux mois se sont écoulés depuis le match contre Funabashi qui a vu Ashito écoper d'un carton rouge. En ces quelques semaines, bien des choses se sont passées, à commencer par le fait que notre héros n'est même plus parmi les remplaçants depuis cette rencontre, et par la montée en grade d'Akutsu qui est devenu le nouveau capitaine de l'équipe. En vue des derniers matchs décisifs de championnat et de la J-Youth Cup, tournoi à élimination directe où l'Esperion vise une deuxième victoire consécutive, le nouveau capitaine se montre particulièrement intransigeant et exigeant, quitte à être rabat-joie, mais le fait est que ça semble fonctionner: Akutsu montre qu'il a mine de rien changé alors qu'avant il ignorait les gens qu'il ne trouvait pas au niveau, les autres anciens veulent l'épauler en aiguillant les jeunes, si bien qu'une alchimie commence à naître entre les titulaires et les premières années. Malgré l'absence de temps de jeu pour Ashito depuis deux mois, les perspectives semblent donc belles pour la fin de saison de l'Esperion. Mais il suffirait d'un tout petit rien, d'une toute petite lettre, pour que la belle machine s'enraye en déstabilisant celui qui est devenu le coeur de l'équipe...

Comme le laisse assez bien deviner la jaquette, à l'heure où l'Esperion commence à connaître une crise et que l'équipe commence à être au plus mal en se déchirant, une forte place est accordée ici à Akutsu, ce joueur si talentueux et garçon si exigeant et caractériel, qui a pris une telle place dans l'équipe que celle-ci semble partir en vrille dès lors que lui-même n'est plus au meilleur de sa forme. Mais qu'a-t-il bien pu lui arriver pour qu'il soit dans cet état, quand bien même il tâche de garder son caractère, veut ne rien montrer de ses faiblesses et refuse de parler de ça aux autres ? Nous finirons par le découvre dans une dernière partie de volume concise et impactante, évitant intelligemment un pathos inutile pour mieux souligner le passé difficile du personnage, passé offrant un nouvel éclairage sur sa personnalité et montrant tout ce qu'il doit à Fukuda et à l'Esperion.

"Sa haine du monde et sa soif de revanche, il les transforme en motivation sur le terrain."

Mais si Akutsu est si important dans ce volume (et sans aucun doute dans les autres tomes à venir, au vu de ce qu'on nous annonce pour le tout dernier match capital de la saison contre Aomori et son génie Ren), c'est également dans son rapport à Ashito, qui devient ici capital, petit à petit. Bien sûr, notre héros va aussi pouvoir compter sur d'autres membres de son entourage à l'heure où il est toujours marqué par son expulsion d'il y a deux mois: Hana reste toujours là pour veiller sur son alimentation, pour l'encourager et pour le revigorer (et elle reste décidément attachante dans sa volonté, malgré ses sentiments, de ne pas détourner le jeune garçon de son rêve), Fukuda sait ce qu'il fait en le tenant éloigner du terrain pour lui laisser le temps d'évoluer, Ôtomo a toujours les bons mots... mais Akutsu a décidément ce qu'il faut pour secouer dans le bon sens Ashito: derrière leurs prises de bec, il y a une vraie et captivante émulation entre ces deux-là.

Voila, alors, qui a de quoi nous offrir beaucoup de promesses en vue d'une fin de saison qui s'annonce passionnante. Les développements et évolutions de personnages sont très justes, les enjeux grimpent en flèche... Comme toujours, on attendra donc avec impatience la suite !