Ao Ashi - Playmaker Vol.19 - Manga

Ao Ashi - Playmaker Vol.19 : Critiques

Ao Ashi

Critique du volume manga

Publiée le Mercredi, 07 Août 2024

Chronique 2 :


La première période a démarré en fanfare du côté de l'Esperion qui, grâce à la stratégie des cinq couloirs, a décroché un premier but à l'équipe de Funabashi Gakuen. Loin de se démonter, ces derniers ont montré une contre-attaque puissante tout en affichant un air serein, de quoi décontenancer Ashito et les siens. Poussé dans ses retranchements, enivré par un tel match, Funabashi Gakuen s'apprête à répliquer, et l'Esperion va découvrir qui est réellement Trepone Rufin...

La rencontre face à Funabashi était beaucoup trop enthousiasmante du côté de l'Esperion pour que le ton ne soit pas contrebalancé par Yûgo Kobayashi. L'auteur nous ayant vanté les mérites de cet adversaire, et tout particulièrement de Trepone, on attendait de voir le meilleur buteur de la Premier League entrer en action. Autant être clair : Trepone porte le volume à lui seul et amène une bascule qui avait de quoi frustrer les lecteurs qui n'avaient pas l'opus suivant sous la main.

Ainsi, Trepone est traité sous deux angles sans un 19e opus d'une générosité infinie. C'est le footballer que nous découvrons sur un plan humain via un flashback qui nous présente la psychologie du personnage attaché au collectif au point de presque sacraliser la victoire qu'il doit apporter aux siens, tandis que son passé amène le développement d'un thème fort et universel : le racisme. Un racisme que l'on sait très présent dans la sphère footballistique, mais qui prend une tout autre résonance à l'échelle japonaise que l'on connaît beaucoup moins. Le discours est très simple, mais les mots sont forts et suffisent à ébranler le lecteur qui doit bien reconnaître la débilité des discriminations dans un univers où le plaisir du jeu doit régner.

Le développement de Trepone se fait au rythme d'un match qui démontre le talent monstrueux du joueur, des moments où le mangaka se déchaîne dans sa narration tout en ébranlant les certitudes d'Ashito. Car le match en plus brille de moult enjeux, dont la décision de Taira mais aussi la détermination du protagoniste à trouver ce qui lui manque pour devenir un joueur complet. Étant donné la progression d'Ashito, on a à cœur de découvrir cet élément à ces côtés, mes sa dualité avec Trepone amène une tout autre intensité narrative qui aboutit à un final de volume percutant. Si Ashito a déjà été malmené, son sort dans les dernières pages prend aux tripes. Un climax d'autant plus fort que les remords ne sont pas que ceux du héros, mais aussi ceux d'autres personnages, à commencer par Akutsu dont l'évolution psychologique est notable. Encore une fois, Ao Ashi brille par son écriture et son adrénaline, l'œuvre de Yûgo Kobayashi restant un manga sportif hors norme qui se bonifie avec le temps, alors que l'excellence était déjà présente dans le récit. Un conseil néanmoins : mieux vaut disposer du 20e tome lorsqu'on se lance dans le présent ouvrage.



Chronique 1 :


Le souhait des joueurs de l'Esperion de permettre à Taira de vivre un dernier match en rentrant sur le terrain semble bien parti: Ashito et les siens mènent 1 à 0 à la mi-temps contre Funabashi, grâce à la tactique des cinq couloirs qui a très bien fonctionné et à notre héros qui, par sa vision du jeu, à jusque-là porté l'équipe vers l'avant. Et pourtant, les dernières minutes de la première période ont semé le germe du doute: suite à un élan d'égoïsme d'Ashito qui a préféré tirer plutôt que de passer dans la surface, l'équipe adverse a pu mener ce qui est l'un de ses spécialités: un contre-éclair, mené par l'inarrêtable duo d'attaquants Trepone-Futahara, qui a cloué tout le monde sur place, et qui a bien failli mener à une égalisation.

Au retour des vestiaires, les conséquences de cette poignée de secondes sont là, dans chaque esprit. Côté Esperion, alors qu'une pointe de doutes a commencé à s'immiscer chez plusieurs joueurs dont Ashito, notre héros, toujours aussi passionné sous les yeux de sa mère, de Hana et des autres, reste décidé à faire son introspection, à essayer de comprendre où il a fauté afin de, peut-être, enfin toucher du doigt ce qui lui manque pour devenir un joueur parfaitement polyvalent. Mais le trouble de nos héros risquent de persister puisque, côté Funabashi, tout le monde semble désormais galvanisé et certain de l'emporter...

Si, bien sûr, Yûgo Kobayashi accorde toujours une très belle importance au match en lui-même avec des phases de jeu impeccablement menées, ainsi qu'au collectif de l'Esperion avec tous les différents enjeux qui s'y trouvent (l'introspection d'Ashito, la possibilité que Taira entre en jeu pour vivre un dernier match avec ses précieux coéquipiers, l'évolution d'Akutsu qui semble bel et bien commencer à voir différemment Ashito...), le mangaka choisit alors le meilleur moment possible pour s'intéresser de plus près, pendant toute une partie du tome, à une équipe adversaire qui ne nous semble décidément pas tout à fait comme les autres. Et s'il y a un personnage qui vient symboliser parfaitement cette idée, c'est bien le joueur le plus talentueux de cette équipe, et aussi l'adversaire le plus incroyable qu'Ashito et les siens aient eu à affronter jusqu'à présent: Trepone Rufin, l'actuel meilleur buteur de la ligue. Pourtant, au premier abord, sans encore trop le connaître dans les précédents volumes, ce garçon pouvait apparaître comme quelqu'un de très froid voire de hautain, et c'est clairement une chose sur laquelle le mangaka a joué consciemment. Mais dès lors que l'on découvre le background du personnage, c'est une tout autre histoire. Non seulement, parce que l'auteur, à travers lui et son petit frère Sammy, en profite très bien pour évoquer le statut de joueur métis au Japon, avec d'un côté ce qu'apporte ce type de profil au monde du football nippon qui s'y intéresse de plus en plus, et de l'autre côté un abord fort du racisme dans le football japonais, le Japon restant toujours (parmi d'autres, bien sûr) un pays un peu bourré de clichés sur ses habitants qui ne sont soi-disant pas "100% japonais". Mais aussi parce qu'on a tout le loisir de ressentir ici à quel point Trépone, initialement un adolescent distant et qui était de niveau normal en football au collège, doit beaucoup à ses coéquipiers, à cette équipe de Funabashi qui, bien plus qu'un redoutable adversaire de plus pour l'Esperion, devient un collectif presque aussi attachant que celui de nos héros, d'autant plus qu'il y a derrière eux un coach épatant et bourré de convictions dépassant le cadre du football.

C'est, alors, avec des enrichissements forts et pleins de sens que l'on voit se dérouler la suite du match, en ayant pleinement conscience que celui-ci bascule, plaçant Ashito en particulier dans une situation difficile que le coach de Funabashi semble avoir parfaitement préparée. Et si tous les développements précédents étaient déjà excellents, ce n'est rien quand tout se rejoint dans des toutes dernières dizaines de pages d'une intensité dramatique exemplaire, véritablement terribles dans tout ce qu'elles impliquent sur différents plans: celui d'Ashito, celui de Taira, celui de leurs coéquipiers, ou même celui de certaines précieuses supportrices dans les tribunes...

Pour la première fois depuis le début de la série, la mignonne bouille de Hana ne s'affiche pas en quatrième de couverture d'un tome d'Ao Ashi, en laissant uniquement la place à une sinistre silhouette de corbeau, ce qui, quelque part, devait peut-être déjà nous préparer au coup de massue. Au bout d'un volume brillamment et intelligemment mené dans ses développements et dans son intensité, Yûgo Kobayashi nous assène un véritable K.O. dans le final de ce 19e opus. Peut-être plus que jamais, l'auteur excelle avec ce match si important et dingue, qui est porté par certains visages nous en mettant plein la vue sur tous les plans (coucou Trepone), qui n'est toujours pas fini ici et est donc le plus long affrontement dans la série à ce jour, et qui est sûrement la meilleure confrontation de l'oeuvre depuis ses débuts. Au vu du haut niveau qu'a toujours montré Kobayashi jusqu'à présent, c'est dire !


Critique 2 : L'avis du chroniqueur
Takato

19 20
Critique 1 : L'avis du chroniqueur
Koiwai
19 20
Note de la rédaction
Note des lecteurs