Anus Beauté Vol.1 - Actualité manga
Anus Beauté Vol.1 - Manga

Anus Beauté Vol.1 : Critiques

Kiss my ass

Critique du volume manga

Publiée le Vendredi, 06 Mai 2016

Critique 1

Malheureusement aujourd'hui, certains clichés sur le manga perdurent encore et toujours : violence, sexe, aucune morale, bref tous les vices sont là pour les définir et c'est bien dommage d'entendre cela. En quelques années, le marché du manga a su se diversifier et atteindre tout type de public, voire même avoir diverses fonctions. Si certains sont des oeuvres de pures fictions, d'autres racontent des faits réels alors que certains sont même là pour nous apprendre des choses. Et bien c'est justement un titre de cette dernière catégorie que les éditions Kurokawa nous ont fait parvenir il y a peu avec un titre des plus surprenants, à savoir Anus Beauté !

Oui, Anus Beauté est un manga de fesses, mais au sens propre. En effet, ce titre a l'ingénieuse idée de nous dépeindre le quotidien d'une personne atteinte d'un fléau que peu de personnes souhaitent parler à son entourage : les hémorroïdes ! Et au lieu de nous raconter ça sur un fond pessimiste, nous voici avec une comédie sentimentale se passant dans un traditionnel lycée, avec un héros banal et amoureux secrètement d'une fille, mais qui a d'importants problèmes au niveau de l'anus, le faisant souffrir le martyre quotidiennement.

Après une préface de Marina Carrère d'Encausse (médecin et journaliste française reconnue) nous parlant du principal souci sur fond d'humour, l'aventure commence. Nous suivons donc Mitsuki Yakushiji, un lycéen de 16 ans qui comme nous le disions précédemment a tout d'une vie classique d'un garçon de son âge. Cependant, son anus le fait souffrir jour après jour et sa seule manière de lutter face à la douleur est de s'imaginer qu'un démon vit dans ses fesses et s'amuse à sortir pour venir l'embêter. Mais hormis la douleur, c'est sa vie entière qui en pâtit et ainsi difficile pour lui de rester sur place quand la boule de son intérieur due aux hémorroïdes lui sort des fesses. Tout geste trop brusque risque de faire sortir cette boule, du coup toute activité un peu trop sportive ou même un petit job risque de lui faire mal et de dévoiler au grand jour son secret. Mais son destin va être chamboulé lorsqu'il va croiser la route de Shiori Miura qui étrangement a su reconnaître le mal de Mitsuki : en effet, elle aussi a déjà connu ça, et son rêve est désormais de devenir la plus grande proctologue de l'histoire; Mitsuki ne peut donc être que son premier client (ou cobaye ?) !

Anus Beauté arrive donc à nous offrir un savoureux mélange entre cours de science et comédie sentimentale. Les deux genres sont tous deux aussi bien menés et parviennent habilement à séduire l'attente du lecteur. Au fil des pages, Mitsuki va se retrouver dans diverses situations qui vont chambouler son système rectal, par ce fait et par les explications de sa camarade, nous comprenons donc les enjeux des maladies liées à l'anus et surtout les choses à faire quand cela arrive. Shiori se révèle être comme un véritable docteur en herbe, car à la fin de la lecture, on se rend compte qu'on a vraiment appris pas mal de choses ! Mais d'autre part, le côté comédie sentimentale est lui aussi rondement bien mené avec des situations certes classiques, mais toujours aussi efficaces, surtout avec cet arrière-plan axé hémorroïdes. Le héros nous fait rire par ses comparaisons, sa petite histoire avec le démon dans ses fesses est à se plier à chaque fois qu'il intervient, et surtout que le triangle amoureux ici s'avère intéressant. On sent tout de suite que Mitsuki et Komatsu (la fille dont il est amoureux) sont faits l'un pour l'autre, mais les interventions de Shiori qui veille à la santé de son client sont là pour semer le trouble et provoquer moult mal entendus qui feront plaisir au lecteur a contrario du héros.

Au final Anus Beauté est franchement une très bonne surprise. Même si vous ne souffrez pas des mêmes problèmes que le héros et que vous ne tenez pas forcément à en savoir davantage sur eux, le titre respire une certaine fraîcheur et sait jongler à merveille entre ces deux genres pour être particulièrement plaisant à lire.  On aurait pu craindre de longs pavés de textes avec des mots scientifiques compliqués, mais il n'en est rien, le tout étant introduit directement à l'histoire souvent par le biais de petits dessins. De plus, le côté comédie sentimentale est lui aussi bon avec certes des bases simples, mais efficaces. On apprécie les personnages et on se retrouve avec un léger suspens plutôt drôle en fin de volume qui nous donne envie de lire l'aboutissement de la "quête" de notre héros.

Le dessin s'avère lui aussi plutôt bon, il ne révolutionne pas le genre puisqu'il est en somme assez classique, mais le trait de l'auteur est propre et la lecture de ses planches s'avère agréable pour les yeux. Enfin, remarquons le travail éditorial qui lui aussi est de qualité, rien qu'avec les effets sur la couverture, les pages couleur, mais aussi les bonus.


Critique 2

Mitsuki Yakushiji, 16 ans, est un lycéen on ne peut plus banal, vivant son quotidien d'adolescent plutôt tranquillement, et vouant un amour secret à sa belle camarade de classe Saya Komatsu. Et pourtant, il possède un secret inavouable : il souffre de mal au cucul depuis déjà un moment, et cela ne fait qu'empirer de jour en jour. Or, comment vivre normalement avec un tel problème ? Quelle serait la réaction de ses camarades et, surtout, de sa chère Komatsu, s'ils venaient à apprendre qu'il souffre à cause de son popotin en chou-fleur ? Et surtout, comment diable faire pour que ce mal disparaisse, sans avoir peur de se payer la honte ?
Derrière son quotidien à première vue classique, Yakushiji souffre donc le martyre. Mais cela pourrait bien changer à partir du jour où Shiori Miura, une camarade de classe, jette son dévolu sur lui, se montrant très intéressée par son derrière. Mais pas pour les raisons que vous imaginez déjà. Car il s'avère que la miss, derrière son imperturbable visage de jeune fille studieuse, cache une passion dévorante pour ces tracas anaux : elle-même autrefois victime d'hémorroïdes, elle connaît tout sur cette maladie et, dans son désir de devenir proctologue plus tard, est bien décidée à aider notre héros à se débarrasser de ses bobos pas beaux.

On constate souvent que le manga est un média où l'on peut dénicher absolument tous les sujets, et Anus Beauté en est un nouvel exemple. Première série paraissant en France de Takeshi Ômi, cette oeuvre en deux tomes est parue au Japon en 2013-2014 sous le nom autrement plus bourrin de "Kiss my ass", et se propose de nous offrir tout un cours sur une maladie délicate... le tout avec pédagogie et humour !

Comme le signale d'emblée le bandeau autour du tome 1, il existe des maladies taboues, dont on peine à parler alors qu'elles nous rongent, souvent parce qu'elles touchent des parties très gênantes du corps et sont sujets à rigolade. Les hémorroïdes font partie de celles-ci, alors qu'une personne sur trois souffrirait pourtant de la chose à divers degrés.
Si vous faites partie de ceux qui en souffrent en secret, sachez d'emblée que vous avez tort de ne pas en parler au médecin, comme l'explique très bien le livre. Après tout, un spécialiste de ce domaine est forcément habitué à voir des postérieurs en mauvais état, c'est une routine pour lui, et ce n'est donc pas lui qui ira vous dénigrer. Et puis si vous ne faites rien, vous apprendrez à la lecture que ce très douloureux mal peut vite empirer, au point de devenir très grave... Et si vous n'êtes pas touché ou pensez ne pas l'être, les cours de Mlle Miura vous apprendront à prévenir le mal, en soulignant des mauvaises habitudes à effacer (évitez les toilettes à la turque, ne poussez pas trop, évitez de trop manger épicé !) et en soulignant les signes avant-coureurs. Mieux, la mignonne Shiori vous offrira même quelques petits cours d'histoire, par exemple, sur ce problème.

A force de parler de ce fléau anal, l'oeuvre serait-elle rébarbative ou poussive ? Hé bien, pas du tout ! Il est possible de trouver la lecture un brin lourde en lisant tout le tome d'une traite, mais concrètement, c'est fichtrement bien fichu, pour plusieurs raisons.
Il y a, d'abord, une excellente vulgarisation des choses. Le manga a beau comporter un sacré paquet de données sur votre trou de balle et ses petits tracas, tout est distillé avec beaucoup de clarté, étape par étape, et avec l'utilisation de schéma très simple si besoin est.
Ensuite, il y a la construction plutôt plaisante autour d'un récit lycéen certes on ne peut plus classique, mais suffisant pour porter le sujet. Il a beau souffrir et avoir honte intérieurement, Yakushiji ne se la joue pas emo concernant les maux provoqués par ses hémo, et, pour peut-être pouvoir conquérir un jour sa petite Komatsu, s'engage volontiers aux côtés de Miura (qui de toute façon ne lui laisse pas le choix) dans la voie de la rédemption pour son fion. L'histoire se construit quasiment exclusivement autour de ces trois personnages, chacun étant bien campé dans son domaine. Pour l'heure, Komatsu est plus en retrait que les deux autres, mais ça ne devrait pas durer. Yakushiji, dans le rôle du lycéen lambda devenu le "cobaye" de Miura, s'avère redoutablement efficace. Mais c'est bien l'impassible Miura qui régale, en cachant sous son joli minois de fille sérieuse un abord complètement décomplexé des hémorroïdes, et en nous amusant beaucoup par sa manière de parler assez cash d'anus, de taquiner un peu notre héros, et de montrer un total décalage entre ce qu'elle raconte et son allure généralement inexpressive ou neutre.
Enfin, il y a l'humour, qui est l'une des grandes forces du titre, car plutôt que de s'enfoncer dans un comique visuel mal placé qui aurait pu être grossier et humiliant pour le héros, Takeshi Ômi joue surtout sur le décalage total de nombreuses situations, sur une volonté de dédramatiser la maladie (par exemple, les hémorroïdes sont présentées sous la forme d'un petit démon rigolo), et surtout sur un flot conséquent de dialogues presque ubuesques tant ils comportent de répliques bien senties, de jeux de mots inventifs (comme le sidekick-ass) et de double-sens désopilant (pour vous en convaincre, la réplique de la première double page couleur devrait suffire). Sur ce dernier point, il faut vraiment saluer l'efficacité de la traduction de Satoko Fujimoto, qui a été bien inspirée ! Et le résultat est là : le sujet a beau être sérieux, voire grave, le ton reste très léger et parfaitement adapté.

Côté visuel, l'auteur offre quelque chose de très standard, mais maîtrisé et agréable grâce à son trait clair, fluide et expressif. Avec un tel sujet, le piège était de tomber dans des aspects graveleux, fan service ou érotiques, or le mangaka ne tombe pas du tout là-dedans, même s'il montre un certain talent pour érotiser légèrement Miura (un héritage de son expérience passée dans le hentai, peut-être). Les visuels sont aussi là pour servir l'humour décalé, et là on peut évoquer de nouveau le petit démon symbolisant les hémorroïdes.

Au bout de ce premier tome, la mission est donc réussie, sans l'ombre d'un doute : avec son humour ravageur et la limpidité de ses explications, ce premier tome réalise le double exploit de dédramatiser et de vulgariser un sujet aussi tabou que complexe, et nous rappelle qu'il faut toujours prendre soin du trou du cul qui est en nous.

Côté édition, c'est du tout bon aussi. En plus de la traduction très inspirée et claire, on a un papier agréable à prendre en main, une bonne qualité d'impression, quelques pages en couleurs au début. La préface de Marina Carrère d'Encausse, bien que finalement succincte, peut apporter un surplus de crédibilité auprès d'un public éventuellement plus large. Le texte à l'arrière du bandeau vaut totalement le coup d'oeil tant il donne efficacement le ton, et la couverture en apparence assez sobre frôle le génie avec son vernis sélectif en forme de cible ! Enfin, chacun se fera son avis sur le titre français, qui, s'il est moins bourrin que le titre original, a au moins le mérite de s'adapter au côté à la fois éducatif et décalé de l'oeuvre, tout en se référençant à un film bien connu. Ce qui est sans doute nettement mieux pour ouvrir l'oeuvre à un plus large public.

Critique 2 : L'avis du chroniqueur
Koiwai

16 20
Critique 1 : L'avis du chroniqueur
Kiraa7
17 20
Note de la rédaction
Note des lecteurs