Anti Romance Vol.1 - Manga

Anti Romance Vol.1 : Critiques

Anti Romance

Critique du volume manga

Publiée le Mercredi, 15 Décembre 2021

Active au Japon depuis plus de 15 ans en ayant à son actif un bon petit paquet d'oeuvres, Shoko Hidaka est une mangaka que l'on a d'abord découverte en France entre 2009 et 2012 chez Taifu Comics via quelques titres courts (ainsi que la série en 5 tomes Hana wa saku ka, malheureusement abandonnée dans notre pays après 2 tomes), avant de la retrouver aux éditions Boy's Love entre 2015 et 2020 avec la publication de son excellente fresque sur fond historique en 8 tomes Blue Morning, à ce jour la série la plus ambitieuse et la plus longue de sa carrière (record qui pourrait toutefois bientôt être battu par le josei Hi ni Nagarete Bashi ni Iku, la seule série longue non-yaoi de sa carrière, lancée en 2017 chez Shuêisha et comptant actuellement 6 tomes). C'est à nouveaux aux éditions Boy's Love, renommées éditions Hana depuis cette année, qu'on a eu la joie, en septembre dernier, de la retrouver avec une autre de ses séries, Anti Romance.

Anti Romance, c'est une oeuvre sur laquelle Hidaka prend son temps: cette série a été initialement lancée en novembre 2015 chez l'éditeur Gentôsha, au sein du magazine Rutile (magazine où l'autrice avait déjà publié Hana wa saku ka, mais qui est aussi connu pour les titres Les deux lions, Yarichin Bitch Club ou encore Acid Town entre autres), mais a longtemps connu une publication erratique, au gré des inspirations et du temps de la mangaka (qui planche sur plusieurs oeuvres à la fois). Si bien que le premier (et à ce jour le seul) volume de la série, riche de 8 chapitres pour un total d'environ 200 pages, n'est paru au Japon qu'en mars 2020, non sans de nombreuses corrections de la part de la mangaka (car elle affirme elle-même qu'entre 2015 et 2020, sa vision de ce manga et de son tempo a beaucoup changé).

En France, on peut dire que l'oeuvre a été lancée en grandes pompes, puisque les éditions Hana ont réservé une très sympathique initiative, en offrant aux premiers acheteurs sur leur site internet un livret d'illustrations couleurs en quantité limitée et qui n'est autre qu'une reproduction du livret ayant été offert avec l'édition spéciale japonaise du volume. Proposé dans le même format que le tome pour un rangement idéal, ce livret à couverture souple propose de retrouver 12 illustrations en pleine page ou en doubles-pages, excellemment imprimées sur un papier glacée de bonne qualité. Le tout, notons-le, sans augmentation de prix, là où d'autres éditeurs auraient sans doute fait payer quelques euros de plus la chose sous couvert d'édition collector/limitée.

Anti Romance nous immisce auprès d'un duo un peu à part. L'un, Ryô, travaille modestement en tant que rédacteur dans une toute petite boîte, tout en ayant entamé un autre boulot d'appoint à côté pour subvenir à ses besoins. L'autre, Suô, semble se destiner à reprendre le salon de coiffure de sa mère, et suit alors actuellement un apprentissage dans le salon d'une chaîne de coiffure. Ils se connaissent depuis très longtemps, ont toujours été amis, sont même colocataires depuis 6 ans, sont tout bonnement inséparables voire se sentent désemparés quand ils sont loin l'un de l'autre... et pourtant, au grand étonnement de certaines de leurs connaissances, ils ne sont pas en couple, et il ne s'est jamais passé quoi que ce soit entre eux. Cette situation paraît bien leur convenir, et a priori il faudrait vraiment un gros bouleversement pour que leur relation change... Alors, que se passera-t-il le jour où, précisément, ce bouleversement arrivera ?

La qualité première de ce début de série est, sans doute, de nous laisser le temps de découvrir soigneusement les deux héros, leur cadre de vie, leur relation et leur personnalité, en particulier dans les deux premiers chapitres qui se placent chacun du point de vue de l'un des deux. Ainsi découvre-t-on en Ryô un travailleur sérieux mais qui, malgré le côté amical de son collègue Towada, peine dans les relations sociales: il n'aime pas être dérangé, et estime qu'il n'a besoin que de Suô dans sa vie. Quant à Suô, on entrevoit en lui un jeune homme peut-être un peu plus sociable, mais qui semble un peu incertain quant à son avenir, puisqu'il a plutôt des rêves de stylisme (et a des opportunités pour ça dès ce tome 1) alors qu'il semble voué à reprendre le salon de coiffure familial. Chacun des deux hommes a sa petite personnalité convaincante... qui, derrière, entretient bien le flou concernant leur relation exacte.

Car la principale petite originalité de ce début de série, c'est bien la relation légèrement atypique des deux personnages. Ryô et Suô semblent très souvent être tout l'un pour l'autre, ont une amitié si fusionnelle qu'elle apparaît comme plus qu'une amitié pour certains regards, Ryô semble même si possessif qu'il n'a aucune envie de présenter Suô à son collègue, et cette relation indéfinie mais toute naturelle semble très bien leur convenir... Du moins, jusqu'à ce qu'un élément intrusif ne s'immisce dans leur cocon, entre eux, au point de tout faire exploser. Alors, que cache en réalité cette relation floue ? Une simple amitié très forte ? De l'amour qu'aucun des deux n'a jamais osé avouer au point de l'étouffer ? On vous laisse le découvrir.

Mais dans tous les cas, en ajoutant à tout ça la patte visuelle de Hidaka toujours aussi précise, élégante et posée, on obtient un début de série plaisant et immersif. Espérons juste qu'il ne faudra pas 5 ans pour que le tome 2 arrive (mais on l'acceptera, si c'est le temps dont a besoin l'autrice pour peaufiner son oeuvre) !

Enfin, un mot sur l'édition française, qui est soignée dans l'ensemble. Le papier et l'impression sont d'honnête qualité, le lettrage est propre, la traduction de Delphine Desusclade s'écoule plutôt bien, les 7 premières pages en couleurs sont un plus très sympathique, et la jaquette offre un joli rendu avec une illustration et une police restant proches de celles de l'originale japonaise.
  

Critique 1 : L'avis du chroniqueur
Koiwai
16 20
Note de la rédaction
Note des lecteurs