Animal kingdom Vol.1 - Actualité manga
Animal kingdom Vol.1 - Manga

Animal kingdom Vol.1 : Critiques

Doubutsu no kuni

Critique du volume manga

Publiée le Mercredi, 05 Février 2014

Critique 1


Ki-oon ne cesse de nous surprendre en nous proposant des titres toujours plus variés et toujours plus inattendus ; cette fois il vont faire pleurer de joie nombre de fans d’un auteur exceptionnel qui n’est malheureusement pas reconnu à sa juste valeur : Makoto Raiku !
Ce dernier fut un assistant de Kazuhiro Fujita, autre auteur grandiose qui n’a jamais rencontré le succès mérité en France (Karakuri Circus et Moonlight Act), avec lequel il a collaboré sur « Ushio to Tora ».

Il est connu en France pour son remarquable travail sur Zatchbell, sa première grande série pour laquelle j’ai un profond amour !
Quelle joie donc de le voir revenir avec un autre titre en apparence aussi déjanté : Animal Kingdom.
A première vue ce titre semble s’orienter vers un jeune public, d’autant que Raiku possède un style parfois enfantin dans son trait. Et si Zatchbell pouvait également s’avérer un peu plus enfantin que d’autres shonens, l’auteur a réussi à y glisser savamment des éléments dramatiques et parfois même un peu durs. Et très rapidement on se rend compte qu’il en sera certainement de même dans Animal Kingdom !

Monoko est une jeune femelle raton laveur vivant dans un monde animal où règne la force, où justement les forts dévorent les faibles au sens propre comme au figuré, un monde où les différentes espèces ne se comprennent pas et sont bien loin de vivrent en harmonie. Un beau jour en rentrant d’une pèche bien peu fructueuse, elle trouve un bébé humain abandonné dans un panier dérivant au fil de l’eau. Ayant récemment perdu sa famille, dévoré par des fauves, Monoko décide d’adopter l’enfant et de le protéger de ce monde sans pitié envers les faibles. Et si ce bébé ne possède ni crocs ni griffes, il possède une « arme » tout autre qui lui sera d’un grand secours : il comprend et peut parler le langage de toutes les espèces animales ! Contre toute attente Monoko sera aidée par Croc Noir, un puissant et redoutable chat sauvage.

L’auteur le confesse lui même, il souhaite s’adresser à un plus vaste public, y compris aux enfants, ce qui explique le ton employé dans ce titre sortant des sentiers battus. Pour autant nous n’avons pas entre les mains un « Kodomo », un titre réservé aux enfants car Animal Kingdom, et c’est la force de son auteur, propose plusieurs niveaux de lectures.
Outre le fait que tous les animaux s’expriment et possèdent un langage, l’auteur leur a donné des caractéristiques humaines afin de faciliter l’identification aux personnages, et c’est notamment le cas des ratons laveurs qui de leur coté possèdent tous un visage et des expressions humaines. Et là la filiation entre Zatchbell et Animal Kingdom saute aux yeux : l’auteur nous propose un univers déjanté, pas forcément réaliste mais malgré tout incroyablement cohérent.
Une fois le choc et la surprise de se retrouver avec ces animaux aux faciès humains et possédant des préoccupations assez proches de celles des humains, on sait que l’auteur ne se refusera aucun délire, les lecteurs connaissant Zatchbell savent alors qu’on peut s’attendre à tout, et à ce stade on est plus que rassuré, bien qu’il ne s’agisse que d’un premier tome, Raiku n’a rien perdu de son incroyable talent !

Au fil des aventures que va vivre ce nouveau né, difficile de ne pas faire de rapprochement avec « Le livre de la jungle » tant les points communs sont nombreux. Le bébé d’Animal Kingdom (qui n’aura de nom qu’à la fin du tome) est clairement apparenté à Mowgli, Monoko et les ratons laveurs renvoient directement à la meute de loups qui élève Mowgli, et difficile de ne pas comparer Croc Noir à Bagheera. Enfin, on note que la principale menace pour les ratons laveurs et pour le bébé sont les chats sauvages, faisant alors penser à Shere Khan le tigre !
L’inspiration est flagrante, mais l’auteur s’approprie ces références pour se créer son univers propre, échappant à toute logique mais qui demeure cohérent malgré tout : il est rare en effet de voir des panthères vivrent dans le même habitat que des ratons laveurs et des vaches ! Tout comme il est rare de voir une panthère portant des vêtements.
A partir du moment où l’auteur s’émancipe de toute règle concernant les milieux de vie de la faune, on devine alors un potentiel incroyable où l’auteur pourra tout se permettre.

Raiku nous livre ici sa version des évènements de la tour de Babel, avec différents peuples qui ne se comprennent pas car utilisant des langages différents (les animaux et leurs cris), où ce seront justement ces différences et cette incompréhension qui provoqueront des conflits. On devine alors que le bébé qui va grandir dans les prochains tomes, sera appelé à endosser un rôle de rassembleur en permettant de rétablir la communication entre les espèces. Raiku va ainsi injecter des valeurs chères dans son titre qui risque d’être bien plus profond qu’on aurait pu le croire à première vue.

Si en apparence le titre se veut léger, sur le fond, on est bien loin d’un gentil conte simpliste. L’auteur n’hésitant pas à mettre en scène des évènements tragiques, tel que la mort des parents de Monoko dévorés par des fauves. De même on assistera à un affrontement entre Croc Noir et des félins, où notre intrépide panthère se fera lacérer par les crocs de ses adversaires avant de se retrouver baignant dans son sang. Des passages qui sont loin d’être insoutenables, mais qui peuvent pourtant s’avérer durs pour un jeune public. Ainsi il ne faut pas se tromper sur les intentions du titre, si Raiku vise un public large, il ne réalise pas pour autant un titre pour enfants.

Tout ceci pourrait pourtant tomber à l’eau face à l’humour déroutant de l’auteur, qui lui s’avère plus qu’enfantin, voir même scato. On aime ou pas, mais quelque part cela colle au coté déjanté de l’ensemble du titre, et qu’on le veuille ou non cela reste bon enfant.

On reconnaît immédiatement la patte de l’auteur dans son trait très énergique, incroyablement dynamique et lui aussi également déjanté. On retrouve chez les personnages des expressions qu’on a vu sur les visages des personnages de Zatchbell…outre le fait de nous procurer une grande joie, cela a un effet rassurant pour le lecteur qui se retrouve en terrain connu. Quant à ceux qui ignore Zatchbell, il n’est pas encore trop tard pour rattraper cet erreur après avoir lu ce premier tome de Animal Kingdom, une lecture qui s’impose en ce début d’année.
Animal Kingdom est la première claque manga de 2014 !


Critique 2


L'année 2014 commence de façon mouvementée chez les éditions Ki-oon, qui ont revu leur logo et ont mis en place dans leur catalogue un système de collection. Pour inaugurer la collection Kids, qui comme son nom l'indique nous proposera des séries visant prioritairement le jeune public, l'éditeur nous amène une série emblématique du genre sur ces dernières années : Animal Kingdom, Doubutsu no Kuni de son nom original, lauréat du prestigieux prix jeunesse de Kôdansha l'année dernière, dont le dernier tome (le 14ème) sortira au Japon en mars, et qui marque le retour en France de Makoto Raiku, l'auteur de Zatchbell.

Avec sa couverture ultra colorée, le premier volume attire forcément l'oeil. On y voit un bébé tenu à bout de bras par une mignonne bestiole bizarre, avec en fond tout un tas d'animaux et un décor qui s'apparente à une jungle... Et pour cause : c'est bel et bien dans une jungle que prend place la série, pour une histoire qui n'est pas sans évoquer Le Livre de la Jungle ou Tarzan (jusqu'au nom du bébé).

C'est dans cette jungle que vit Monoko, une jeune raton-laveur qui a été adoptée par les parents de son ami Dengo, depuis que ses propres concepteurs ont été sauvagement dévorés par des chats sauvages trois mois plus tôt. Tentant courageusement d'oublier ce drame, elle a un jour la surprise de découvrir un bébé humain, abandonné dans un panier dérivant sur la rivière. Elle ne sait pas du tout qu'il s'agit d'un humain, car dans la jungle, il n'y a aucun humain. Mais, touchée par cette petite frimousse, elle décide de l'adopter et de devenir sa nouvelle maman... avec tout ce que ça implique : il lui faudra convaincre les vaches de lui laisser prendre du lait pour nourrir le bambin, prendre soin de lui... et, surtout, le protéger des innombrables dangers de la jungle, comme les chats sauvages, les chacals... et l'imposant Croc-Noir, un chat sauvage encore plus sombre et gigantesque que les autres.

Animal Kingdom démarre assez vite, et à vrai dire ses premières pages pourront paraître bizarres. On y découvre notre héroïne raton-laveur, Monoko, dotée d'une bouille assez spéciale (Tony Chopper semble être passé par là)... tout comme ses autres compagnons ratons-laveurs, et notamment Poivron et ses bouclettes blondes qui sortent d'on ne sait où... En réalité, on a un peu l'impression d'avoir affaire à des humains déguisés en ratons, ce qui donne une impression un peu étrange au départ... avant qu'on ne s'y habitue très vite, car dans cette jungle, Makoto Raiku a une façon bien à lui de croquer les animaux ! Si les méchants de base, comme les chats sauvages et les chacals, témoignent d'une volonté de l'auteur d'être assez proche de la réalité (Raiku avoue s'inspirer de photos pour les dessiner), ils restent dessinés à la sauce Raiku, donc de façon assez personnelle, avec des traits bien marqués et une grosse dose de nekketsu. Par contre, l'auteur se laisse aller un peu plus dès lors qu'il croque ses principaux héros. Bien sûr, il y a les ratons-laveurs comme déjà dit, mais il y a aussi et surtout Croc-Noir, un chat sauvage pas comme les autres, à la réputation très sombre, et à la dégaine impressionnante : gigantesque, au pelage sombre et empli de cicatrices, avec néanmoins un regard très félin, et capable de se redresser sur deux pattes, il en impose sévère et regorge de charisme... Il est aussi l'occasion pour Makoto Raiku de dévoiler toute la verve de son univers visuel, encore plus quand on voit le gros matou combattre et mettre d'énormes coups de patte à ses ennemis... Ajoutez à cela des décors assez présents et assez variés (forêt dense, rivière, endroits éclaircis par la nuit étoilée...), et on obtient un rendu visuel très immersif, attachant, et déjà capable de grosses envolées nekketsu.

C'est donc dans ce cadre que vont évoluer nos personnages. Une jungle assez personnelle, puiqu'avec des créatures aux dégaines plus stylisées que réalistes, et ponctuée d'animaux qui ne vivent normalement pas ou peu dans la jungle... Mais surtout une jungle très dure, où la loi du plus fort règne, à l'image des faibles parents de Monoko qui se sont faits dévorer par les chats sauvages, des dangers tombant sur le bébé ou sur Monoko quand elle part seule chercher du lait, ou tout simplement de ce bambin qui a été purement abandonné... Qu'on ne s'y trompe pas : en filigranes, Makoto Raiku nous offre un univers très dur, où le danger peut surgir de partout... Après tout, on est dans une jungle, et c'est un grand plaisir de voir que l'auteur ne prend pas ses jeunes lecteurs pour des idiots, on n'occultant pas les dangers et les moments plus durs (mais il sait aussi se modérer, rassurez-vous).

Suivre Monoko dans cet univers a quelque chose de très touchant et prenant. Elle qui a perdu ses parents et se reproche d'être faible, la voici elle-même "maman", avec tout ce que ça implique de responsabilités, d'efforts à faire et de risques à prendre pour veiller sur le bébé. Elle est évidemment loin d'être parfaite, le bébé en a lui même conscience, mais elle fait de son mieux, ne lâche rien, et va passer par toutes les émotions possibles et imaginables. A sa manière, elle est nekketsu à fond, le prouvera par exemple en fin de tome face aux chacals... Et de façon plus universelle, elle est un joli hommage aux efforts que peut faire une mère pour son enfant.

Et c'est dans ce cadre excellemment campé que le bébé nous apporte déjà les surprises qui feront sûrement tout le sel de la série par la suite. Car ce petit bout d'humain a une particularité, et pas des moindres : dans une jungle où les différentes espèces sont incapables de se comprendre, le bambin a le pouvoir de comprendre et parler les différents langages de tous les animaux. Il faut se dire que la métaphore de notre monde n'est jamais très loin : après le petit hommage à l'effort maternel et la description d'une jungle dont les dures lois ne sont pas si éloignées que ça de notre réalité, voici le problème du langage et de la compréhension de l'autre, qui peut nuire profondément en amenant la haine et la peur entre différentes espèces qui ne se comprennent pas... Ici, on devine déjà que le bébé, qui sera amené à grandir et peut sans problème comprendre l'autre, va modifier en profondeur la loi de la jungle. Et il nous le prouve déjà dans ce tome 1 : tous les ratons-laveurs ont peur de l'immense Croc-Noir, mais est-il réellement mauvais ? La réponse arrive très vite, pour un focus court mais largement suffisant sur cet animal si imposant.

Dès son premier volume, Animal Kingdom impose un univers ultra prenant. Ses personnages sont capables d'être mignons et amusants pour toucher le jeune public, tout comme ils peuvent en imposer sévère (aaah, Croc-Noir) et se lancer dans des défis déterminés ultra émotifs (Monoko en est la plus belle preuve) nourris au nekketsu, pour une histoire très bien huilée, rythmée, qui ne prend jamais ses jeunes (et moins jeunes) lecteurs pour des idiots, et qui laisse déjà entrevoir toute une réflexion universelle et humaniste sur notre monde. Rien que ça !
C'est donc avec beaucoup d'intérêt que l'on va découvrir la suite des aventures du bébé, de Monoko, de Croc-Noir et des autres, en espérant que se confirment les grandes qualités d'une oeuvre qui a déjà tout en main pour figurer parmi les incontournables de cette année.

L'édition de Ki-oon est excellente, que ce soit côté traduction ou côté impression. En ce qui concerne la couverture, cette fois-ci le nouveau logo de l'éditeur s'intègre très bien, et il faut aussi noter la modification de couverture par rapport à l'édition japonaise. On devine que Ki-oon adaptera la plupart des jaquettes pour notre public, les couvertures japonaises n'étant pas toujours des plus attractives...


Critique 2 : L'avis du chroniqueur
Koiwai

17 20
Critique 1 : L'avis du chroniqueur
Erkael
17 20
Note de la rédaction
Note des lecteurs