Critique du volume manga
Publiée le Jeudi, 11 Septembre 2025
Nouvelle parution hentai de la collection Seikô des éditions Dynamite pour ce mois de septembre, Animal Girl Hot Line est la première publication française de Jun, un mangaka actif au Japon depuis plus de 25 ans majoritairement dans le manga X mais aussi dans d'autres genres. Sorti dans son pays d'origine en 2019 aux éditions Kill Time Communication sous le titre "Kemonokko Tsushin ~Risou no Kemomusume, Anata ni Otodoke~" , cet ouvrage d'un peu plus de 180 pages regroupe huit récits qui furent initialement prépubliés dans le magazine Comic Unreal, qui font tous entre vingt et trente pages, et qui sont tous liés par une thématique commune.
Cette thématique, elle est incarnée par la Animal Girl Hotline, un étonnant service en ligne où il suffit de renseigner ses informations personnelles, ses préférences érotiques et ses fantasmes pour, soudainement, voir se matérialiser devant soi une fille-animale venue d'un autre monde. A partir de là, tout peut arriver, mêmes les désirs les plus insolites et tabous... mais toujours dans le consentement et avec un plaisir mutuel, s'il vous plaît.
Vous l'aurez sans doute déjà compris: Jun s'engouffre ici dans le registre des monster girls, et encore plus spécifiquement dans le sous-genre des animal girls, où les beautés qui défilent chez les clients de la hotline sont toutes pourvues de caractéristiques animales, autant dans leur physique que dans leur comportement. Fille-chatte en pleine période de chaleur et très taquine, fille-tanuki peu sûre d'elle, fille-grenouille aux allures de petite soeur ayant tout à découvrir avec curiosité, fille-oiseau fondant sur sa proie, fille-jument digne, fille-vache aux très imposants arguments ayant besoin d'être traits, fille-chauve-souris geekette, et fille-serpent mal-aimée, sont alors au programme de cet ouvrage qui, à condition d'accrocher à tous les délires (par exemple, le trip "petite soeur pure découvrant le sexe avec candeur" pourra rebuter, tout comme le physique quand même très, très équin de la fille-jument), a tout pour plaire aux personnes adeptes de hentai fantaisistes et inventifs.
En effet, tout en proposant généralement des personnages masculins assez bien campés car ils ont tous leur petit contexte précisé très vite et de façon suffisante, l'auteur joue forcément surtout à fond sur différentes possibilités qu'apportent les caractéristiques physiques ou comportementales des différents animaux dont il s'inspire. En guise d'exemple, on pourra évoquer le caractère un brin lunatique de Nia la fille-chatte, les folies coquines qu'Anoura la fille-grenouille peut faire avec sa langue, le goût pour l'obscurité de Vivi la fille-chauve-souris qui la pousse à devenir une geekette cloîtrée à l'intérieur, ou encore le côté touchant de Nadia qui, en tant que fille-serpent et au vu de tout ce que l'image du serpent renvoie généralement, fut souvent rejetée alors qu'elle ne demande que de l'affection.
Sur le plan visuel, en plus de soigner les différents designs mi-humains mi-animaliers, Jun a pour lui un dessin aux formes généreuses voire très généreuses (forcément, la fille-vache...), vif dans les ébats, assez varié dans les positions et dans les angles de vue, et surtout très efficace quand il s'agit d'offrir des expressions faciales très communicatives à ses héroïnes.
A l'arrivée, malgré le schéma tout simple et la brièveté des récits, le mangaka livre un hentai très réussi dans le registre si particulier des monster girls. Tout le monde n'accrochera pas forcément à tous les délires de l'ouvrage, mais cela reste du tout bon en matière de fantaisie, d'inventivité, de rendu graphique généreux et d'ambiance coquine où tout le monde prend du plaisir.
Côté édition, enfin, c'est tout à fait convaincant: le grand format habituel pour ce genre de production reste appréciable, le papier bien blanc, assez épais et suffisamment opaque permet une qualité d'impression satisfaisante, la traduction signée Mari est plutôt efficace, le travail de lettrage et de mise en pages de Smiley et du Studio 1000 est assez propre, et les onomatopées ont bien été sous-titrées.