Android Type One Vol.1 - Manga

Android Type One Vol.1 : Critiques

Android Type One

Critique du volume manga

Publiée le Vendredi, 04 Février 2022

Un peu moins d'un an après la conclusion poignante et mémorable du superbe et indispensable Girls' Last Tour, la science-fiction est de retour dans le catalogue des éditions Omaké Manga avec une nouvelle oeuvre d'anticipation: une histoire complète en 3 volumes, qui fut prépubliée au Japon chez Futabasha entre 2017 et 2020. Nommé pour plusieurs prix de SF dans son pays, ce récit fut la toute première publication professionnel de Yashima, un auteur qui était auparavant prolifique dans le domaine du manga de science-fiction amateur avant d'être repéré.

Cette histoire nous plonge dans le Tôkyô de 2059, 23 ans après la mise sur le marché en 2036 des Type One, des androïdes multi-usages qui, en étant sans cesse améliorés pour être dotés des dernières technologies de robotique et de cybernétique, ont permis de faciliter la vie de nombreux habitants sur de multiples points... jusqu'à devenir les représentants du genre, et à être même protégés par différentes lois et associations.

De son côté, Yûgo Sawatari, lui, est un simple employé de bureau célibataire, dont le quotidien va être un peu bousculé le jour où, suite à un tirage au sort, il gagne le droit de tester pendant 90 jours un Type One de dernière génération. Recevant bientôt son exemplaire de ses robots ressemblant pas mal à des enfants, il prend soin de l'initialiser, de le configurer, puis même de lui donner un nom sur sa proposition. Et c'est ainsi que Yui, puisque c'est le nom choisi par Yûgo (un nom peut-être symbolique puisqu'il signifie "lien" en japonais), entame sa mission au quotidien, en trouvant peu à peu sa place chez son maître. Mais dans le même temps, dans les rues, les équipes chargées de ramasser les carcasse d'androïdes défectueux ou abandonnées illégalement sont témoins d'un inquiétant phénomène. Et si la légende urbaine du "Type One Noir" était vraie ?

Le moins que l'on puisse dire est que l'auteur préfère prendre son temps pour faire décoller son intrigue: concrètement, l'énigme du mystérieux et possiblement dangereux androïde noir n'est qu'entretenue de temps à autre, en suscitant toujours plus d'interrogations (quel est son but ? Comment peut-il agir tel qu'il le fait en menaçant notamment des humains ? Qui l'a trafiqué ? Quelles sont ses origines ? Yûgo a-t-il un lien avec lui sans le savoir ?), avant de réellement prendre un peu plus d'ampleur dans les dernières pages. En attendant, Yashima préfère surtout détailler son univers futuriste où les androïdes multi-fonctions ont trouvé leur place un peu partout (en tout cas au Japon, car leur présence est différente et même différemment autorisée selon les pays), et le fait est que l'ensemble, tout en jouant sur des sujets totalement habituels dans ce genre de récit, se veut abordé de manière réaliste, crédible. Notamment parce qu'il n'y aurait rien d'étonnant à ce que ce genre de robots devienne effectivement aussi présent dans notre futur. Mais autour de cette présence, l'auteur pose donc pas mal de questions, de thématiques, en particulier dans le rapport que les humains ont avec ces androïdes à leur service et leur facilitant l'existence: certains les respectent, s'y attachent (d'autant plus qu'ils ont une apparence humanoïde), les considèrent comme des membres de leur famille, là où d'autres les jettent sans vergogne ou avec une part de tristesse dès qu'ils sont défectueux ou dépassés, en ont un peu peur en ne pouvant se résoudre à les voir autrement que comme des machines (ce qu'ils sont, car il ne sont normalement pas programmés pour avoir de vraies émotions), voire en font des objets de fantasmes louches en leur conférant des activités de prostitution, etc etc...

Le mangaka brasse donc beaucoup d'idée classiques du genre, mais le fait avec suffisamment de richesse et de crédibilité pour que son récit dégage, petit à petit, toujours plus d'immersion. Il n'y a donc plus qu'à attendre comment, sur ces bases bien posées, le petit scénario autour de la menace exercée par l'androïde noir se développera. EN attendant, il y aura également de quoi apprécié le dessin de l'auteur qui, malgré des traits assez simples et certaines inégalités dans les expressions, séduit dans ses designs un brin naïfs.

Enfin, concernant l'édition française, on a droit à un travail honnête dans l'ensemble. On regrettera surtout un lettrage par moments un peu hasardeux ainsi que quelques bord de pages coupés vers l'extérieur. A part ça, le papier est plutôt agréable, l'impression est correcte, la traduction de Frédéric Malet est franchement claire et immersive, et la jaquette, sobre, reste proche de l'originale japonaise.
  

Critique 1 : L'avis du chroniqueur
Koiwai
14.75 20
Note de la rédaction
Note des lecteurs