And (&) Vol.8 - Actualité manga

Critique du volume manga

Publiée le Jeudi, 09 Juin 2022

Alors que Kaoru était déjà dans le doute sentimentalement, sa rencontre avec la dénommée Shimizu l'a troublée encore plus au vu de ce que cette vieille connaissance du Docteur Yagai lui a dit à demi-mot. Et ce malaise est voué à encore se renforcer: un jour, en rentrant directement chez Yagai, la jeune femme tombe nez-à-nez sur Shimizu, encore elle, cette dernière ayant en sa possession un double des clés soi disant égaré depuis longtemps. Que fait-elle là ? Qui est-elle pour le docteur ? Face à cette situation, l'heure des réponses, que Yagai n'a jamais su dire à Kaoru, est venue. Et ces réponses auront des conséquences cruciales...


"Nos sentiments respectifs nous blessent l'un l'autre."


Alors que l'avant dernier volume de And (&) nous laissait sur un moment d'intensité primordial pour l'avenir des principaux personnages ensemble, ce huitième et dernier tome de la série se consacre, fort logiquement, aux réponses puis aux conséquences pour Kaoru. Des conséquences que l'on sent venir petit à petit, au fil de moments assez introspectifs qui constituent un vrai sommet de sensibilité de la part de Mari Okazaki. D'un côté, la mangaka livre des planches de toute beauté, avec son découpage typique sortant souvent des normes pour mieux cristalliser les sentiments tourmentés de notre héroïne, et avec ses moments "muets" où la simple mise en scène suffit à faire comprendre les remous et l'éclatement de la relation, par exemple quand Kaoru et Yagai ne se donnent pas la main alors qu'ils marchent l'un(e)e à côté de l'autre. Et de l'autre côté, l'autrice sait trouver les bons mots pour signifier l'état d'esprit de notre héroïne, pour nous faire sentir que cette situation n'est plus possible: les larmes lui montent aux yeux dès qu'elle croise le regard de l'homme aimé, et la situation devient d'autant plus insoutenable pour elle que Yagai lui présente plusieurs fois ses excuses. En elle, les interrogations se bousculent plus que jamais: que représente-t-elle pour le docteur ? Voit-il quelqu'un d'autre en elle, comme une chimère ? Est-ce cette ex que dans le fond il semble toujours aimer ? Cette ex dont il n'arrive pas à faire le deuil, elle qui est toujours en vie sans être vraiment là ?


Mari Okazaki nous fait bien sentir, petit à petit, l'inévitable issue de cette relation, et elle le fait vraiment avec une profonde sensibilité, une émotion palpable. L'autrice cristallise la complexité de cet amour où la jeune femme ne pouvait peut-être pas grand chose face à un homme qui, en étant bien plus âgé qu'elle, avait forcément un passé et des expériences plus lourdes. Mais à partir de cette issue sentimentale non-idéalisée et réaliste, la mangaka livre surtout, jusqu'au bout, le portrait d'une héroïne qui se veut forte et qui, malgré les tourments et les échecs, continue d'avancer et de suivre sa propre voie. Kaoru continue ainsi de tracer sa route, de se forger professionnellement. Et il ne fait aucun doute que sa relation avec Yagai, son premier grand amour, l'a rendue plus forte, tout comme elle-même a sans doute apporté des choses au docteur.


Enfin, Okazaki a pour autre grand mérite de ne pas donner de réponse toute faite sur ce qu'est l'amour, puisque chacun(e) en a sa propre vision selon sa personnalité et peut donc le vivre différemment. On en a encore la preuve après la fin de l'histoire principale aux alentours de la page 120, via deux chapitres "extra" ayant leur utilité dans l'oeuvre puisqu'ils narrent ce que deviennent sentimentalement certains personnages secondaires et qu'ils livrent d'autres façons de vivre une relation.


Excellemment mené, évitant tout idéalisme pour conter jusqu'au bout un récit crédible et sensible autant dans la relation amoureuse que dans l'émancipation professionnelle et l'évolution générale de son héroïne, ce tome final de And (&) conclut très bien la série.


Critique 1 : L'avis du chroniqueur
Koiwai
16.5 20
Note de la rédaction