Critique du volume manga
Publiée le Jeudi, 31 Mars 2022
Kaoru continue de donner le meilleur d'elle-même, que ce soit au salon de manucure, dans son apprentissage de son nouveau travail à l'hôpital, et surtout dans sa relation avec le Docteur Nagai, l'homme qu'elle aime, avec qui elle est enfin réellement en couple depuis un petit moment. Mais dans sa tête il y a, encore et toujours, de nombreux doutes qui l'habitent.
Des tourments dans sa vie de couple, tout d'abord, en particulier parce que Nagai et elle ne peuvent profiter autant qu'ils le voudraient du temps passé ensemble. Elle a deux emplois, et surtout il exerce un métier où il peut être appelé à tout moment, un métier éprouvant. Elle ne peut pas lui en vouloir car son métier est essentiel, ce qui lui fait malheureusement dire que son propre travail à elle est peut-être insignifiant... Mais a-t-elle vraiment raison de penser ça, même une seule seconde avant de se rattraper ?
Des tourments sentimentaux de manière plus globale également, car au détour d'un barbecue de nettes et importantes évolutions ont lieu dans sa rapport avec Shiro et, plus encore, dans le rapport de Shiro avec sa petite amie Iku, cette dernière ne pouvant pus contenir sa jalousie et son sentiment que Shiro ne l'a jamais vraiment regardée. Pour autant, pas question d'offrir la moindre "diabolisation" d'Iku: son comportement de femme transie d'amour pour un homme dont le coeur est tourné ailleurs révèle ses propres tourments, tout à fait humain, face à un petit copain qui n'est finalement honnête ni avec elle, ni avec lui-même. Et ça, au travers de sa narration suffisamment introspective sur Iku le temps de quelques pages, Okazaki l'aborde avec beaucoup de force.
Enfin, il y a toujours les doutes professionnels de notre héroïne, plus encore depuis que Nagai lui-même lui a glissé dans le creux de l'oreille que, puisque son nouveau travail à l'hôpital va lui prendre toujours plus de temps, elle devrait peut-être stopper son salon de manucure. Une idée qui est glissée pile quand, depuis l'interview qu'elle a donnée, les échos se font peu à peu plus forts et positifs sur son salon au service des femmes actives. Kaoru reste néanmoins volontaire et forte, ne veut pas lâcher, y compris dans son travail d'assistante médicale où elle s'impose un petit peu plus.
Tous ces doutes, ils traduisent aussi une idée commune, à savoir la crainte de notre héroïne face à l'avenir, une crainte finalement commune à beaucoup de monde puisque qui, finalement, pourrait prévoir comment les choses auront évolué dans quelques années ? Il faut faire avec, et soit ça passera soit ça cassera. En cela, Mari Okazaki nous livre ici des moments toujours aussi emprunts de subtilité, en particulier via la métaphore autour des cigales.
En Kaoru, Mari Okazaki continue donc de nous livre un brillant portrait de femme adulte qui tâche d'être forte malgré tous ses doutes sentimentaux et professionnels, et qui essaie d'avancer autant que possible. Et dans tout ça, tout n'est pas forcément noir, y compris sur le plan amoureux où elle et Nagai, tant bien que mal, essaient de passer de bons moments ensemble. Et pour s'en convaincre, il suffit de voir, au fil d'une superbe mise en scène typique de Mari Okazaki, ces instants où Kaoru semble rayonner dès qu'elle peut sortir avec celui qu'elle aime, même si c'est au marché de poissons. Et pourtant, y a-t-il bien un avenir dans cette relation ? Les toutes dernières pages pourraient bien redistribuer les cartes.
Enfin, il convient d'évoquer un chapitre un peu à part, en ceci qu'il revient s'intéresser de plus belle à une autre femme prise par les doutes et tâchant de s'en libérer: Konno. Face à une désillusion amoureuse à laquelle elle s'attendait, avec un collègue qui n'a fait que profiter d'elle, la supérieure de Kaoru, bien que toujours hantée pas les fantômes de son passé, tâche de s'émanciper seule et de se tourner vers l'avenir, et cette "libération" est vraiment superbement mise en images par la mangaka.
Le prochain volume sera le dernier de la série, et à l'heure actuelle il est impossible de prévoir l'issue de And (&). Mais une chose est sûre: les portraits féminins que Mari Okazaki croque continuent d'être d'une puissance folle.
Des tourments dans sa vie de couple, tout d'abord, en particulier parce que Nagai et elle ne peuvent profiter autant qu'ils le voudraient du temps passé ensemble. Elle a deux emplois, et surtout il exerce un métier où il peut être appelé à tout moment, un métier éprouvant. Elle ne peut pas lui en vouloir car son métier est essentiel, ce qui lui fait malheureusement dire que son propre travail à elle est peut-être insignifiant... Mais a-t-elle vraiment raison de penser ça, même une seule seconde avant de se rattraper ?
Des tourments sentimentaux de manière plus globale également, car au détour d'un barbecue de nettes et importantes évolutions ont lieu dans sa rapport avec Shiro et, plus encore, dans le rapport de Shiro avec sa petite amie Iku, cette dernière ne pouvant pus contenir sa jalousie et son sentiment que Shiro ne l'a jamais vraiment regardée. Pour autant, pas question d'offrir la moindre "diabolisation" d'Iku: son comportement de femme transie d'amour pour un homme dont le coeur est tourné ailleurs révèle ses propres tourments, tout à fait humain, face à un petit copain qui n'est finalement honnête ni avec elle, ni avec lui-même. Et ça, au travers de sa narration suffisamment introspective sur Iku le temps de quelques pages, Okazaki l'aborde avec beaucoup de force.
Enfin, il y a toujours les doutes professionnels de notre héroïne, plus encore depuis que Nagai lui-même lui a glissé dans le creux de l'oreille que, puisque son nouveau travail à l'hôpital va lui prendre toujours plus de temps, elle devrait peut-être stopper son salon de manucure. Une idée qui est glissée pile quand, depuis l'interview qu'elle a donnée, les échos se font peu à peu plus forts et positifs sur son salon au service des femmes actives. Kaoru reste néanmoins volontaire et forte, ne veut pas lâcher, y compris dans son travail d'assistante médicale où elle s'impose un petit peu plus.
Tous ces doutes, ils traduisent aussi une idée commune, à savoir la crainte de notre héroïne face à l'avenir, une crainte finalement commune à beaucoup de monde puisque qui, finalement, pourrait prévoir comment les choses auront évolué dans quelques années ? Il faut faire avec, et soit ça passera soit ça cassera. En cela, Mari Okazaki nous livre ici des moments toujours aussi emprunts de subtilité, en particulier via la métaphore autour des cigales.
En Kaoru, Mari Okazaki continue donc de nous livre un brillant portrait de femme adulte qui tâche d'être forte malgré tous ses doutes sentimentaux et professionnels, et qui essaie d'avancer autant que possible. Et dans tout ça, tout n'est pas forcément noir, y compris sur le plan amoureux où elle et Nagai, tant bien que mal, essaient de passer de bons moments ensemble. Et pour s'en convaincre, il suffit de voir, au fil d'une superbe mise en scène typique de Mari Okazaki, ces instants où Kaoru semble rayonner dès qu'elle peut sortir avec celui qu'elle aime, même si c'est au marché de poissons. Et pourtant, y a-t-il bien un avenir dans cette relation ? Les toutes dernières pages pourraient bien redistribuer les cartes.
Enfin, il convient d'évoquer un chapitre un peu à part, en ceci qu'il revient s'intéresser de plus belle à une autre femme prise par les doutes et tâchant de s'en libérer: Konno. Face à une désillusion amoureuse à laquelle elle s'attendait, avec un collègue qui n'a fait que profiter d'elle, la supérieure de Kaoru, bien que toujours hantée pas les fantômes de son passé, tâche de s'émanciper seule et de se tourner vers l'avenir, et cette "libération" est vraiment superbement mise en images par la mangaka.
Le prochain volume sera le dernier de la série, et à l'heure actuelle il est impossible de prévoir l'issue de And (&). Mais une chose est sûre: les portraits féminins que Mari Okazaki croque continuent d'être d'une puissance folle.