Amour est une proteine (l') - Actualité manga

Amour est une proteine (l') : Critiques

Critique du volume manga

Publiée le Mercredi, 26 Février 2014

En 2005, Kana nous a fait découvrir Choi Kyu-sok, un auteur coréen assez populaire dans son pays notamment pour ses oeuvres caricaturales voir satyriques qui se sont retrouvées assez souvent primées. Alors que Nouilles Tchajang parlait d'un jeune garçon cherchant le sens de sa vie et Le Marécage de la vie des 3 colocataires justement découverts dans l'oeuvre ci-présente, L'amour est une protéine nous propose plusieurs histoires courtes toujours dans ce ton satyrique propre à l'auteur.

Au programme, 6 histoires d'une trentaine de pages, chacune dans un style différent, que ce soit la narration ou le dessin, avec même parfois quelques collaborations avec d'autres artistes. Et c'est d'ailleurs ça qui fait la grande force de ce recueil : chaque histoire semble venir d'un auteur différent tant le style est différent. Rien que graphiquement, on passe du crayonné au crayon à papier au dessin encré plus réaliste tout en passant par le dessin à l'aquarelle.

Il faut savoir par contre que L'amour est une protéine n'est pas une lecture facile : chaque histoire peut être perçue par sa propre façon de voir la chose et le dénouement n'est parfois pas des plus simples. La première histoire qui donne son nom à l'oeuvre est justement teintée d'un humour noir assez dérangeant : pour preuve, elle nous parle d'un homme poulet livreur justement de poulets qui, par un jour où son stock est épuisé, est obligé de livrer son fils à 3 colocataires affamés. Alors que le père, encore plein de souvenirs, présente son fils complètement carbonisé dans une boîte, un des trois colocataires s'empresse d'achever la conversation pour déguster son plat, cela devant les yeux encore larmoyants du père. Assez difficile, comme on vous disait ! Et ce n'est pas tout, on voit également l'ami de l'homme poulet (qui est un homme cochon) qui lui voit son fils être désormais une tirelire qu'on éventre à chaque fois pour sortir la monnaie de son corps. Bref, l'auteur joue avec ses personnages pour nous livrer une lecture vraiment particulière.

La seconde histoire elle nous parle d'un enfant probablement handicapé mentalement qui se fait manipulé sans le savoir, prêt à tout accepter pour une bouteille de Coca. Mais un jour, il va rencontrer un autre enfant qui va lui faire partager son imagination et ensemble ils vont s'imaginer vivre dans un univers futuriste où ils seraient des super héros. Cependant, les deux grandissent et alors que l'autre enfant se lasse de ce jeu, l'enfant handicapé lui ne comprend pas que c'est fini et continue de rêver éveillé...
Là encore nous avons une très belle histoire, peut être la plus touchante selon moi où l'on voit jusqu'où peuvent aller le vice des enfants et jusqu'où cela peut les suivre dans leur vie. Notons d'ailleurs que les histoires de Choi Kyu-sok ne finissent jamais dans une fin teintée de joie, du moins dans ce recueil là.

Les histoires qui suivent sont elles aussi dans le même ton, avec plus ou moins d'impact. Par exemple, on peut percevoir Léviathan comme une bonne critique de l'homme et d'internet, de comment on en est venu à être réellement accro à ceci et à croire un peu tout et n'importe quoi de ce qu'on peut trouver sur le web. "Ma décision" est une histoire proche de la seconde, avec plus de maturité toutefois, ou deux collégiens vont évoluer chacun de leur côté et se retrouver quelques années plus tard, avec quelques dettes en tête. D'un autre niveau, nous avons Dinosaure Dooly, dont j'ai personnellement du mal à parler car je n'ai tout simplement pas compris le sens de cette histoire... On suit un dinosaure dont un de ses amis se fait capturer en tant qu'extra-terrestre pour se faire ausculter, et pendant ce temps la vie du héros ne s'arrange guère. Bref, une histoire un peu particulière, où l'auteur écrit tout un postface dessus, on a un peu de mal à savoir si toute celle-ci vient de lui...
Enfin, Aiguille de Pin, histoire qui a reçu un prix plutôt prestigieux en Corée, nous emmène dans une tribu où le héros se pose des questions sur les croyances de sa tribu envers le soleil et la lune. Mais un jour, le chef va lui dévoiler la réalité et il devra garder le secret aux yeux de ses proches, chose qu'il n'arrivera pas à faire... Idem, encore une histoire où l'on peut chercher une critique envers notre peuple actuel, mais comme pour le reste difficile de savoir si cela était la réelle intention de l'auteur ou non.

Ainsi, L'amour est une protéine a l'avantage de proposer des histoires vraiment différentes sur la forme bien qu'un peu similaires sur le fond. Mais le meilleur reste du fait que l'on peut nous même s'amuser à deviner un quelconque sens à toutes celles-ci, aussi recherché qu'il soit.
De plus nous avons donc droit à de beaux dessins de tout type, le tout servi par une très bonne édition par Casterman, que ce soit pour l'objet en lui même que pour les traductions.
Bref, un bon recueil de nouvelles donc, peut être pas des plus marquant qui nous amène à nous creuser la tête plus d'une fois. Dommage que les histoires soient cependant inégales entre elles.


Critique 1 : L'avis du chroniqueur
Kiraa7
14 20
Note de la rédaction
Note des lecteurs