Critique du volume manga
Publiée le Lundi, 15 Octobre 2012
En l'an 2038, un étrange incident frappe Tokyo. Suite à un éclair, une grande partie de la population perd la mémoire. Renommée "KID'z", ces malheureux sont cantonnés dans une cité souterraine, condamnés à vivre un quotidien factice et victimes de discriminations de la part des "non contaminés". Ces inégalités provoquent les actions régulières de terroristes, et c'est l'une de ces interventions qui va chambouler le quotidien de Noa Ikurumi, KID'z adolescent doué d'une intelligence remarquable. Cet enchaînement d'évènements va apporter des révélations à Noa, sur le fléau qui a frappé plus d'un million de Tokyoïtes, et sur celui qu'il est réellement...
Amnesia est le nouveau seinen des éditions Glénat de la rentrée 2012, bien qu'il soit étrangement référencé dans la section shônen de l'éditeur. Rompant avec les longues séries de combat comme One Piece ou Reborn! , le titre se veut bien plus court de ses trois volumes, mais surtout plus atypique dans son intrigue en raison d'un fort contexte futuriste, mêlant science-fiction et action.
L'intrigue, particulière, ne patiente pas et se lance rapidement. De nombreuses révélations pleuvent dès le premier chapitre afin de poser les enjeux de la série pour notre héros qui va rapidement se trouver un objectif d'agissement, ce sur quoi va reposer toute l'histoire de ce premier volume. Suivra alors un enchaînement de situations mêlant action et psychologie tant la suite des évènements va énormément reposer sur les stratégies de Noa et la mise à exécution explosive de chacun de ses projets. Autant dire que les amateurs du genre, souvent destiné au format animé, seront servis !
Ce premier volume nous présente une poignée de personnages qui, au final, s’avéreront assez peu marquants. Noa est l'archétype du lycéen surdoué mais calme qui va développer une toute autre facette de sa personnalité si tôt qu'il aura découvert la vérité sur lui-même, devenant un planificateur à la limite du machiavélique qu'on retrouve dans bon nombre d'oeuvres. Finalement, ce sont les deux personnages secondaires omniprésents dans ces premiers chapitres qui se révèlent plus intéressants, l'un étant un haut chef de police jouant de l'épée et l'autre une séduisante jeune femme détentrice de la clef de bien des mystères. Ce trio de personnages manque pour le moment d'épaisseur mais en un seul volume, difficile de s'intéresser à eux en profondeur et au cas par cas. On espère que la suite de l'histoire sera moins avare en développements du côté des protagonistes.
Les premières pages s'avèrent donc réussies, riche en action et révélations, et l'auteur semble savoir où il va et connaît sûrement le fin mot de son histoire. Seulement, la lecture peut gêner pour une catégorie particulière de lecteurs : ceux qui ont vu la série animée Code Geass. Amnesia n'est pas si loin du remake de cette dernière tant nombre d'éléments s'apparente à elle. Intelligent et planificateur sans pour autant tomber dans l'abus, Noa n'est pas sans rappeler Lelouch Lamperouge. Les KID'z ne sont pas si loin des Elevens de Code Geass, brimés par la population aristocrate, et le garant de la justice Shunsuke Tokiwa renvoie bien-sûr à l'idéaliste Suzaku Kururugi. Sans pour autant tomber dans le plagiat, les situations d'Amnesia étant inédites à l'oeuvre, il est difficile de ne pas repérer ces influences. On espère alors que la série, sur ses deux derniers volumes, saura s'éloigner de l'anime de Sunrise et trouvera sa propre identité.
Graphiquement, Amnesia est une oeuvre qui a de quoi séduire ! La palme revient au chara-design vraiment maîtrisé. Les silhouettes sont précises, les faciès expressifs au possible, et le fait que l'auteur joue avec trames et effets d'ombrage ne fait que renforcer la beauté du visuel de la série. Fort heureusement, physiquement, les héros sont très loin des protagonistes anorexiques de Code Geass, un démarquage qui nous pousse à croire qu'Amnesia va suivre sa propre voix.
Ce premier tome nous livre donc tout le potentiel de la série : Une intrigue intéressante, un rythme effréné, des situations riches en action et un coup de crayon beau et maîtrisé. Reste alors des influences pour le moment trop flagrantes et des personnages qui méritent d'être d'avantage fouillés. Mais Amnesia, sur sa durée totale, pourrait bien s'avérer un divertissement de haute volée grâce à un scénario passionnant ! A suivre, donc...