Critique du volume manga
Publiée le Mercredi, 22 Octobre 2025
C'est devant plusieurs noms prestigieux, à commencer par la tête d'affiche Taizen Arakawa dont elle espère obtenir la recommandation au grade de futatsume, qu'Akane s'apprête à assurer la première partie de la cérémonie de passage d'Asagao. Pour cela, la jeune fille a pris soin de tirer parti des conseils avisés de Chocho, qui lui a suggéré une pièce à-même de révéler tout son talent. Mais pour cela, il lui faudra oser quelque chose qu'elle n'a encore jamais fait: cesser de simplement suivre avec la plus grande fidélité les histoires et les préceptes de son maître Shiguma, afin de voler de ses propres ailes et d'affirmer l'entièreté de son "nin", sa personnalité. Alors, sera-t-elle à la hauteur ?
La réponse à cette question va se dessiner dans un premier tiers de volume qui, assurément, a largement de quoi emballer, tant on sent notre héroïne franchir une nouvelle étape importante dans son art. Ainsi pour la première fois, elle sort profondément des sentiers battus, trace sa voie et repousses sans cesse des propres limites, en emmenant le public toujours plus loin avec elle. Et même si elle a du mal à cerner ce qui se passe elle adore cette sensation inédite, construit une relation de confiance avec le public grâce à son côté humaniste, connecte ainsi tous les aspects de son histoire pour former un véritable monde... Simplement, elle ne se contente pas de raconter une histoire: elle-même la vit pleinement, et c'est quelque chose que les auteurs retranscrivent très bien dans leurs choix visuels et narratifs.
Notre héroïne, pourtant, pourrait sembler partir en vrille à force d'aller toujours plus loin dans son interprétation et dans ses improvisations, mais le fait est qu'elle ose aller au bout de son délire et qu'elle s'amuse comme une folle de manière très communicative... Seulement, cela plaira-t-il à tout le monde ? Saura-t-elle, à force, respecter la durée impartie de son interprétation ? Et ne risque-t-elle pas de faire de l'ombre à Asagao, le jour de son passage au grade supérieur ? Les réponses à ces interrogations vont essentiellement se faire à travers l'impact que sa performance va avoir sur son entourage, en particulier trois figure essentielles ici. Tout d'abord, son propre père qui, entre nostalgie et frustration, voit désormais sa fille s'émanciper toujours plus dans un milieu qu'il avait peur de lui avoir imposé. Ensuite, Asagao lui-même qui, en tant que star de la soirée, joue en quelque sorte à domicile et a tout pour rendre la cérémonie encore plus électrisante en profitant de l'ambiance installée par ses prédécesseurs sur scène. Et enfin, voire surtout, le fameux Taizen, surnommé le "furieux", que l'on voit enfin sur scène dans tout son art: non seulement le charisme et la prestance de cet homme sont indéniables par sa faculté à jouer sur une tension qu'il dose pour la relâcher au bon moment et emporter son public, mais en plus lui-même connaît ici de belle évolutions pour révéler son bon fond et, lui aussi, oser des choses qu'il n'avait jamais faites en n'en faisant qu'à sa tête... Seulement, osera-t-il la chose jusqu'à outrepasser l'interdiction, par son maître Zensho, de parrainer une disciple de Shiguma ?
Evidemment, on vous laisse découvrir la réponse à cette question centrale. mais ce que l'on peut assurément dire en revanche, c'est que Yuki Suenaga et Takamasa Moue nous offrent un volume particulièrement ébouriffant, qui amène un nouveau tournant majeur dans le parcours d'Akane sans jamais négliger les autres personnages, et qui prépare même d'autres perspectives très intéressantes. En somme, Akane-banashi, c'est toujours aussi rondement mené et addictif, et on ne pouvait pas rêver mieux à l'heure où la série franchit ici la barre symbolique des 100 chapitres !