Age de déraison (l') - Actualité manga

Age de déraison (l') : Critiques

Shonen Shojo Hyōryōki

Critique du volume manga

Publiée le Mercredi, 13 Janvier 2010

Que l'on aime son style ou pas, Usamaru Furuya, que l'on a déjà pu découvrir en France avec la controversée Musique de Marie, le dérangeant Cercle du Suicide ou, plus récemment, Tokyo Magnitude 8, est un auteur qui ne laisse pas indifférent, et le prouve une nouvelle fois avec L'âge de déraison. Cette fois-ci, l'auteur s'est associé avec Otsuichi, écrivain ayant vu plusieurs de ses romans adaptés en manga, dont Goth (one-shot paru chez Pika) ou encore Hajime (non paru en France), adapté par Takeshi Obata, pour nous offrir, en un peu plus de 270 pages, un recueil évoquant le mal-être adolescent de manière tout à fait originale, en représentant pleinement les différents univers imaginaires dans lesquels se réfugient les héroïnes et héros de chaque histoire pour échapper à leur problèmes et angoisses.

Sayaka, suffoquant dans un métro bondé de monde, ferme les yeux, et quand elle les rouvre, se retrouve dans une barque flottant au dessus d'une ville de Tôkyô inondée par les eaux.
Shirô, quant à lui, fuit ses tourments amoureux et l'incompréhension de ses camarades de classe en se passionnant de plus en plus par la gigantesque fourmilière artificielle qu'il entretient dans sa chambre.
Pour surmonter comme elle peut un drame familial qu'elle a vécu quand elle était petite, Saki, accompagnée de son sceptre magique, agit comme si elle était la petite sorcière du dessin animé qu'elle regardait par le passé.
Alors qu'elle suit un régime draconien, Asami finit par craquer en décidant de dévorer tous les gâteaux du monde pour éviter que ceux-ci, en réalité des extra-terrestres, n'envahissent la Terre en 2021.

Bien d'autres histoires au fond tout aussi décalé sont au rendez-vous, et dans chacune d'elles, les auteurs mettent en avant des sujets variés comme l'absentéisme en cours, le souci de l'apparence, les brimades et l'incompréhension des autres, les drames familiaux, l'apparent manque de considération d'une mère pour son enfant, la perte d'un ami, l'échec scolaire... avec, à la clé, des conclusions différentes: si certains adolescents semblent parvenir à revenir à la réalité pour tenter d'évoluer et de devenir plus adulte, d'autres s'enfoncent de plus en plus dans leur univers imaginaire. Il résulte de tout ceci des situations variées et subtilement mises en évidence.

Finalement, le passage le plus étrange et abstrait du recueil est sans doute sa fin: les auteurs y font se regrouper les héros des différentes histoires d'une manière encore plus barrée que tout le reste. Quelques pages du dernier chapitre, en apportant des dernières choses à la psychologie des adolescents, sont extrêmement bavardes, ce qui contraste avec les quelques pages précédentes et les toutes dernières pages du livre, ce qui ne manque pas d'offrir une ultime touche d'étrangeté à l'ensemble. Voici une idée originale que de ne pas se contenter de narrer différentes histoires, de tout regrouper à la fin, mais néanmoins, cette conclusion semblera sans doute déroutante pour beaucoup de lecteurs.

Au fil de ses oeuvres, le trait de Furuya s'améliore incontestablement, et cela se confirme à nouveau ici. On sait que l'auteur aime représenter des scènes visuellement imaginatives, burlesques ou absurdes, et il ne s'en prive pas ici en dessinant les délires des personnages de manière presque palpable. L'ensemble est assez détaillé, et les personnages sont réussis bien qu'un peu figés. Quant à la narration et au découpage, s'ils ne s'aventurent pas trop, ils n'en sont pas moins efficaces pour ce qui est de dépeindre tout ceci avec fluidité.

Aborder divers problèmes que peuvent rencontrer des adolescents sur un ton résolument barré et un brin inquiétant, voilà une idée originale que Furuya et Otsuichi ont su exploiter au mieux. Il est clair que tout le monde n'accrochera pas, mais indéniablement, la qualité est là.

Pour cet ouvrage placé dans la collection Sakka auteurs, les éditions Casterman nous offrent une édition de bonne facture, dotée d'une impression de qualité et d'une traduction correcte, malgré quelques tournures de phrases assez lourdes et quelques fautes de frappe.


Critique 1 : L'avis du chroniqueur
Koiwai
16 20
Note de la rédaction
Note des lecteurs