Critique du volume manga
Publiée le Lundi, 01 Décembre 2008
« Je suis une solitaire... Ça m'emmerde de passer des coups de fil, d'écrire... Je peux très bien me passer d'amis. J'ai juste besoin d'avoir un mec. »
A 20 ans, Yûko ne mène pas la vie palpitante qu'elle aurait souhaité avoir. La voilà assistante dans une entreprise, ou plutôt bonne à faire des photocopies... Elle vit seule, dans un petit appartement sans salle de bain, mais cela lui suffit amplement. Son ami, Yutaka, a une petite amie à Okinawa. Mais il lui est très infidèle, tout comme Yûko est infidèle à elle-même. Car malgré cet amour de la solitude, ce goût prononcé pour l'indépendance et l'indifférence envers l'autre, elle se voile la face quant aux sentiments qu'elle ressent envers le jeune homme. Parfois, il faut aller jusqu'à attendre qu'une relation soit en danger pour se rendre compte à quel point elle est importante à nos yeux.
Q-ta Minami, au travers de son dessin très simple et aéré, nous présente ici des personnages très ordinaires, qui entrent dans la vie d'adulte. Cette indépendance, prise aux dépends de leur relation familiale parfois, est peut-être une chose qu'ils voient comme un défit à relever. Mais vivre la vie que l'on désire, vivre comme on l'entend n'est pas si simple finalement, car personne n'est là pour nous dicter ce qui est bon de faire pour nous. C'est ici que les amis sont indispensables. Car mieux que nous, ils voient parfois ce qui nous rend aveugle, et ce dont on passera inéluctablement à côté si l'on n'agissait que par nous-même.
Yûko est une jeune fille banale, qui se cherche encore. Un ami, proche au point où il vient passer des nuits dans son lit, au point où tous les deux n'hésitent pas à partager des moments plus qu'intimes, ne sont-ils pas finalement amants? Accepter ce travail dans ce bar est sans doute une manière pour elle de se rapprocher de celui qu'elle aime.
Certes, cette histoire n'est pas romancée, l'auteur nous montre les personnages tels qu'ils sont, sans chercher à donner plus d'importance à l'un ou l'autre. Mais malgré cela, une jeune fille qui se dit solitaire, mais finalement, qui est éperdument amoureuse, est tout à fait ordinaire. Dans ce sens, les lecteurs n'auront aucun mal à s'identifier à elle, ou alors à ce Yutaka, qu'on ne comprend pas vraiment finalement. Celui-ci restera insaisissable du début à la fin.
« Adieu Midori » est alors un récit très sobre, sans étincelle. Mais néanmoins, la lecture est agréable, les personnages sont intéressants à découvrir. Toutefois, je trouve la fin assez dommage, car on n'en sait pas plus sur chaque personnage. De plus, même si au travers des dialogues, il est assez difficile d'en savoir beaucoup sur eux, l'auteur ne compense pas ce manque d'informations par les monologues. Ces derniers sont exclusifs à l'héroïne, Yûko.
On remarquera l'impression soignée, le format un peu plus grand que la taille moyenne des mangas, et aussi, une présentation de l'auteur située à la fin du récit.
« La peau de Yutaka m'attire comme un aimant... Impossible de me détacher de lui... Mais tôt ou tard, j'y arriverai. »